Sorti le 18 avril 2023 sur toutes les plateformes modernes (y compris directement dans le GamePass pour les abonnés), Minecraft Legends est un spin-off du plus célèbre des jeux de construction.

Annoncé lors du Summer Game Fest de juin 2022, le titre signé conjointement par Mojang Studios et Blackbird Interactive poursuit l’ambition de Xboox Game Studios de vouloir étendre sa franchise vers de nouveaux horizons. Après le hack’n’slash avec Minecraft: Dungeons, c’est donc au RTS que la firme s’attaque. Production anecdotique ou véritable renouveau d’un genre ? C’est ce que je vous propose de découvrir immédiatement.

Editeur(s)
Xbox Game Studios
Sortie France
18 avril 2023
PEGI
+7 ans
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Lands of lore

Minecraft Legends est donc la nouvelle itération de la franchise à succès signée Mojang. Après s’être contenté de n’apporter que quelques améliorations à l’opus principal durant plus de dix ans, le studio opère ces dernières années un virage à 180° en proposant d’étendre l’univers de ce qu’il est désormais de bon ton d’appeler une franchise.

Si le titre reprend le principe du jeu de base, c’est une petite surprise qui vous attend au détour des (nombreuses) cinématiques qui émaillent le titre durant toute l’aventure ; puisque ce dernier se garnit d’un lore assez complet.

Votre héros, à sélectionner dans une liste de skins prédéfinis, se voit convoquer par trois entités protectrices du monde. Ces « hôtes », qui représentent l’Action, la Clairvoyance et le Savoir; le préviennent que les Piglins, menés par le Grand Pourceau et ses généraux, s’apprêtent à envahir la surface via des raids ciblés sur les principaux villages.

Bien entendu, c’est à vous de prendre les armes et de sauver le monde. Mais dans votre entreprise, vous n’êtes pas seul : les gardiens vous octroient en effet plusieurs objets vous permettant d’invoquer des troupes et de les diriger en combat. Vous voici désormais équipé d’une épée et brandissant la bannière de commandement, prêt à venir à bout des séides du Nether.

Mais ce n’est pas tout. Pour construire vos différentes structures et récolter des ressources, vous disposez également du luth légendaire. Cet instrument de musique vous permet de contrôler les Allays, de petits esprits mystérieux qui vous seront d’une aide précieuse tout au long de votre aventure et se chargeront des basses besognes.

La direction prise par les équipes concernant le scénario de ce Minecraft Legends peut surprendre, tant il s’éloigne de ce à quoi la série vous avait habitué. Il y est question d’une guerre entre les forces du Nether et de la surface, vue sous un prisme d’un manichéisme sans la moindre nuance.

Classifié PEGI 7, il est évident que les deux studios ont conjointement pris la décision de simplifier l’intrigue afin de la proposer à un public plus jeune et déjà consommateur des autres jeux de la licence. Certes particulièrement plat et sans le moindre rebondissement, ce scénario a au moins le mérite d’apporter une couche supplémentaire de lore et de savoir s’adapter à sa cible principale.

Pour le reste, vous apprécierez sans nul doute un titre intégralement localisé en français (texte et voix), qui dispose de plus de nombreuses options d’accessibilité ainsi que d’un doublage plutôt convaincant.

Minecraft 3: Reforged

Minecraft Legends lorgne du côté des RTS. Un point sur ce genre semble nécessaire pour mieux parfaire cette critique. Le RTS, ou Real Time Strategy, est une sous-branche des jeux de stratégie qui, comme son nom l’indique, se déroule intégralement en temps réel.

Entendez par là que les titres appartenant à ce genre ne s’encombrent pas de mécaniques au tour par tour et que le joueur et l’ennemi s’affrontent sans interruption.

Initié par le Dune II de Westwood en 1992, le genre a toujours été étroitement lié au PC. En cause, le besoin de réaction du joueur face à des situations nécessitant un contrôle total et rapide, très difficile à obtenir via une manette. La grande majorité des jeux  s’adressent donc à un public plus mature, prompt à endurer le stress de moments de tension imposant des décisions rapides et parfois très coûteuses.

Parmi ses principaux représentants, on trouve Age of Empires, Warcraft, Starcraft, Command and Conquer ; mais également des jeux plus atypiques comme la série des Homeworld. Le point commun entre tous ? Aucun n’a jamais cherché à s’adresser à un jeune public.

Comme vous pouvez vous y attendre, si on retrouve la majorité des mécaniques inhérentes au genre, celles-ci sont ici grandement simplifiées et accessibles. L’objectif est bien de proposer une expérience « RTS-lite » à un public habituellement très éloigné de ce type de production.

Votre héros va explorer un open-world relativement vide à la recherche des villages se faisant attaquer par les Piglins. Une fois sur place, l’affrontement débute par vagues successives jusqu’à ce que les monstres soient tous décimés. Les assauts reprendront de manière régulière, jusqu’à ce que vous parveniez à détruire les diverses bases ennemies situées sur la carte.

Le principe est donc simple et suit une boucle de gameplay aisée à comprendre : vous récoltez des ressources, construisez des bâtiments, invoquez des alliés, défendez les villages et attaquez les bases.

Et si sur le papier vous voyez là la recette du parfait petit RTS, dans les faits le soufflet n’a pas totalement pris. En cause, justement, cette idée totalement saugrenue de proposer un genre si complexe à un public non adapté.

Le manque de contenu et de fonctionnalités se fait cruellement ressentir, bien que le titre tente maladroitement de masquer cette inabondance en distillant de rares nouveautés tout au long de son mode histoire.

Pourtant au final, ce ne sont que sept unités différentes qui peuvent vous rejoindre : des golems de tous les types, des squelettes, zombies et autres creepers. Et inutile de penser à fonder une imposante armée afin de fondre sur vos adversaires : vous ne pouvez disposer que de vingt invocations sous vos ordres en même temps.

Il en résulte logiquement des batailles incroyablement molles, qui manquent de punch, d’impact et d’envergure. Finies les armées immenses se faisant face, les hordes déferlant sur une ville en quelques instants; soit, tout ce qui fait le sel du RTS.

Il en va bien entendu de même concernant les ressources nécessaires à vos constructions et invocations. Si elles proviennent toutes du jeu originel , elles sont peu nombreuses. Vous allez ainsi pouvoir récolter du fer, du bois, du charbon, du diamant et de la redstone. Quatre autres ressources s’ajoutent à celles-ci, mais ne sont pas récupérable dans la nature.

Pour couronner le tout, c’est via une maniabilité catastrophique que vous allez devoir (à grand-peine) sauver ce petit monde. Vous dirigez votre personnage comme dans un TPS classique, soit à la troisième personne. La croix directionnelle vous permet de choisir un menu de construction différent, LB et RB de naviguer entre les options présentes en leur sein.

Une fois votre choix effectué, il ne vous reste plus qu’à appuyer sur LT pour faire apparaître l’objet en question. Libre à vous ensuite de le déplacer via le stick analogique droit et de changer sa direction avec Y ; avant de valider par RT.

Il est particulièrement ardu de s’y retrouver dans cette multitude de commandes différentes, surtout dans l’urgence d’une invasion ; d’autant que la manière dont les développeurs ont choisi de vous permettre de diriger vos armées touche à la folie pure.

Appuyez sur X pour faire apparaître une petite zone autour de votre personnage. Toute unité présente dans celle-ci est alors sélectionnée. Pour les envoyer se battre, il faut appuyer sur Y… ou sur RT sans maintenir LT (sinon vous ouvrez le menu construction).

C’est un casse-tête d’une inutile de complexité, d’autant qu’il n’est pas rare de « perdre » l’une de ses unités sur la carte tant ce système est mal optimisé.

Concernant ces fameuses constructions, elles sont réduites à leur strict minimum : un générateur par type d’unité, des récolteurs pour chaque ressource, des améliorations pour votre personnage, ainsi que quelques défenses (murs, portes ou encore tours).

L’essentiel des bâtiments se situe dans les villages, et vous ne pouvez pas interagir avec. Les seules constructions un tant soit peu « originales » sont le charpentier, qui va s’occuper de réparer les habitations; et le pont, nécessaire pour traverser la lave ou atteindre des lieux situés en hauteur.

Dans la plupart des RTS classiques, ce manque de contenu serait déjà préjudiciable à l’expérience de jeu. Mais là, vous êtes dans un spin-off de Minecraft… titre pour lequel la construction représente la majorité du gameplay.

Une forme vraiment agréable, un fond qui l’est moins

Malgré les griefs que l’on peut opposer au jeu, Minecraft Legends dispose de qualités indéniables. En premier lieu, son aspect graphique. Outre un moteur particulièrement agréable à l’œil, la direction artistique choisie par l’équipe séduit également. Le jeu est beau, baignant dans une ambiance rétro mais qui n’en oublie pas les techniques plus modernes. Les effets de lumières, d’ombres, d’eau et autres animations sont un régal.

Excessivement fluide, le titre vous permet également de parcourir son open-world sans le moindre temps de chargement, y compris lors des changements de biomes. Ces derniers sont d’ailleurs assez nombreux et fort bien mis en scène malgré des transitions un poil trop abruptes. Libre à vous de parcourir les terres enneigées, plaines et autres forêts ; sans oublier les pics dentelés et les badlands.

Proposé à un prix de 40€ pour une expérience RTS minimaliste et manquant de finition, Minecraft Legends ose de plus inclure une boutique en jeu aux prix prohibitifs. Via cette dernière, vous pouvez télécharger divers contenus cosmétiques (skins de personnages ou de montures), mais aussi de nouvelles cartes et missions.

Malgré tout, il faut reconnaître à Minecraft Legends une qualité : l’envie des développeurs de le voir perdurer dans le temps. À l’écoute des griefs de la communauté, ils continuent de plus à alimenter le titre en contenu via les « Légendes perdues », des missions gratuites et scénarisées différentes chaque mois. Enfin, les mythes sont des DLC payants ajoutant encore plus de diversité à l’expérience. Si le concept du jeu vous plaît, nul doute que vous pourrez y passer de longues heures une fois le mode histoire achevé.

J’aime

L

Doublé en français

L

Graphiquement très agréable

L

Une excellente direction artistique

L

Du nouveau contenu chaque mois

L

Parfaitement adapté aux enfants

L

Aucun temps de chargement

J’aime moins

K

Une maniabilité perfectible

K

Un RTS très pauvre

K

Un open-world particulièrement vide

K

Un mode scénario assez court

K

La présence d'une boutique