A propos de l'auteur

Farrel

Farrel

Co-Fondateur de Geek and Chill, streamer, responsable relations Presse, illustrateur, webmaster, responsable jeu vidéo & tech.

Konami, en collaboration avec Limited Run Games, nous ramène à une époque révolue avec la sortie de Felix The Cat sur Nintendo Switch. Cette compilation, regroupant les jeux initialement lancés en 1992 sur GameBoy et NES, arrive sans tambour ni trompette ; presque comme un fantôme du passé qui ne sait pas qu’il est temps de reposer en paix. Sans aucune actualité significative entourant le personnage ni un mouvement massif de la part des fans, cette réédition soulève des questions : pourquoi maintenant ? Et surtout, pourquoi Felix ?

 

Une Icône de nos aïeux

 

Felix The Cat est l’un des plus anciens personnages de dessins animés, ayant fait ses débuts dans les courts métrages muets des années 1920. Sa silhouette noire et blanche, ses expressions faciales exagérées et son sourire malicieux l’ont rapidement propulsé au rang d’icône culturelle. Avant Mickey Mouse, c’était Felix qui captivait l’imaginaire des petits et grands avec ses aventures animées pleines de malice et de magie.

Avec l’essor des jeux vidéo dans les années 80 et 90, de nombreux personnages de dessins animés ont fait le grand saut vers cette nouvelle forme de divertissement. Felix The Cat n’a pas échappé à cette tendance, se retrouvant protagoniste de plusieurs titres sur diverses plateformes, notamment NES et GameBoy. Ces jeux tentaient de capturer l’essence de ses aventures animées, bien que le passage de la 2D papier à la 2D pixelisée ait été un défi difficilement surmontable, surtout à une ère ou la qualité des productions adaptés d’autre supports étaient grandement relative.

Pour certains, Felix The Cat incarne une part nostalgique profonde, rappelant une époque plus simple du divertissement. Cependant, contrairement à d’autres icônes du jeu vidéo des années 90, Felix n’a pas maintenu une présence constante dans l’industrie, rendant sa réapparition en 2024 à la fois surprenante et incongrue.

 

Deux jeux à la qualité discutable

 

En son temps, la version NES de « Felix The Cat » était remarquable, offrant une variété de niveaux et un gameplay qui impliquait l’utilisation de différents gadgets de Felix pour avancer. Malgré ses limitations techniques, le jeu réussissait à capturer un peu de la magie du dessin animé, grâce à des animations vives et colorés.

La version GameBoy, quant à elle, était une adaptation directe de la version NES, transposée dans un format portable avec les contraintes graphiques et de gameplay que cela impliquait. Bien que moins riche visuellement et plus limitée, elle restait fidèle à l’esprit du jeu NES et offrait une expérience solide pour les joueurs en déplacement.

Deux versions d’un même jeu ayant, dans les années 90, reçu un accueil plutôt mitigé de la part de la presse et des joueurs qui, déjà, pointaient du doigt l’intérêt somme toute discutable de jeux vidéo basés sur une franchise fort peu connue des plus jeunes.

Pour cette compilation sur Switch, les jeux ont certes reçu un « lissage HD », mais les améliorations sont minimes, se limitant principalement à des ajustements de résolution. Les options supplémentaires, telles que les filtres visuels pour simuler les écrans d’époque, semblent être des ajouts superficiels qui n’améliorent pas significativement l’expérience… tout au contraire, même.

La nostalgie est une force puissante dans l’industrie, souvent exploitée pour ramener des classiques bien-aimés ou pour injecter une nouvelle vie dans des franchises oubliées. Et s’il est parfois compréhensible que des classiques ou des jeux considérés comme « cultes » reviennent d’entre les morts ; d’autre devraient plutôt restés six pieds sous terres.

Car la question que tout le monde est en droit de se poser est : pourquoi Felix ? Si dans les années 90 le personnage semblait déjà anachronique ; en 2024 il ne parlera qu’aux plus âgés… qui se souviendront à grand peine de vagues réminiscence du dessin animé.

Mais trêves de babillages, revenons au jeu en-lui-même.

 

Une adaptation décevante ?

 

« Felix The Cat » sur Nintendo Switch présente à la fois des efforts de modernisation et des manquements notables, qui méritent plus qu’un bref test sans fond.

Le premier point concerne les améliorations HD. Ces dernières sont subtiles, se limitant souvent à des ajustements de résolution qui ne transforment pas réellement l’expérience de jeu. Bien que ces améliorations rendent le titre plus accessible sur des écrans modernes, elles n’ajoutent rien à la qualité des jeux, qui tout au contraire souffrent de la comparaison avec les remasterisassions modernes d’autres classiques de la même époque.

Certes, nous sommes ici en présence de remasterisassions et non de remake ; mais nombreux sont les jeux qui pourtant apportent leur lot de nouveautés ou d’améliorations (à l’image de ce que fais régulièrement Capcom avec ses licences phares).

Ici, vous allez devoir vous contenter de filtres visuels qui, bien que nostalgique et rendant grâces aux tubes cathodiques (pour le jeu NES) ainsi qu’à l’écran monochrome de la GameBoy ; semblent être un ajout particulièrement mal avisé.

Ces derniers ont en effet tendance à diminuer la clarté visuelle et peuvent rendre le jeu difficile à suivre, surtout sur les petits écrans de la Switch en mode portable. Cela soulève la question de savoir si les modifications apportées servent réellement le jeu ou si elles ne font que compliquer l’expérience. En tout état de cause, vous aurez tôt fait de cesser vos divagations pour purement et simplement les désactiver à tout jamais.

L’introduction des sauvegardes d’état est un ajout bienvenu, apportant une touche de modernité nécessaire à ces classiques. Cela permet une expérience plus fluide, particulièrement pour les joueurs qui n’ont pas le temps ou la patience de traverser des jeux à l’ancienne avec leurs défis parfois punitifs. Cependant, ce type de fonctionnalité est désormais tellement courant qu’il est considéré comme standard, ce qui minimise son impact en tant que fonctionnalité vedette.

Par « chance », Konami a ajouté à ces éditions de Felix The Cat une fonctionnalité vous permettant de remonter le temps de quelques secondes en cas de défaite, afin de reprendre un passage précis particulièrement ardue. Une mécanique agréable, et qui a au moins le mérite de permettre de subir le calvaire un peu moins longtemps en évitant le Game Over.

 

Et sinon, vous connaissez le Nintendo Switch Online ?

 

Avec un prix fixé à 25€, la compilation se place dans un segment de marché où les consommateurs attendent soit une quantité significative de contenu, soit des améliorations majeures.

Dans le cas de Felix, ni l’un ni l’autre ne sont vraiment présents ; ce qui pose indubitablement un problème de valeur perçue face à des offres concurrentes bien plus avantageuses. Comment ne pas évoquer par exemple Mega Man Legacy Collection qui, pour 10€ de moins, propose pas moins de 6 jeux différents ? Ou encore la Blizzard Arcade Collection, vendu 19.99€, et qui inclus 5 grands classiques tels que Blackthrone ou Lost Viking ?

Car c’est là qu’est le plus grand problème de Felix The Cat : non content de servir une version remasterisée d’un titre que tout le monde a oublié, il est vendu plus cher que la concurrence et avec bien moins de contenus ou d’innovation.

Pis encore, il faut également reconnaître que toutes les soit-distant « améliorations » citées jusqu’alors… sont incluses par défaut dans l’ensemble des jeux émulés proposés dans l’abonnement Nintendo Switch Online.

Les plateformes de jeux modernes offrent de plus en plus leurs propres collections ou services d’abonnement qui incluent des jeux rétro. Ce modèle offre aux joueurs un accès à des centaines de titres à un prix souvent inférieur à celui d’une seule compilation comme celle de Felix. Cela rend difficile pour des compilations individuelles de se distinguer, à moins qu’elles n’offrent quelque chose d’unique ou de substantiellement différent. Et ce n’est clairement pas le cas ici.

Tout au contraire même, il semble invraisemblable de retrouver une telle « compilation » inique et hors de propos, déconnecté du marché, et proposant des jeux qui auraient eu leur place dans les catalogues NES et GameBoy de l’abonnement Nintendo Switch Online.

Pour Konami, il ne s’agit de rien de moins que d’une nouvelle tentative désastreuse de vendre de la nostalgie à prix d’or ; à l’instar de ce qu’ils ont proposés récemment avec Metal Gear Solid Master Collection Vol. 1 ou Castelvania Collection.

Encore une publication qui ne va clairement pas redorer l’image du géant nippon auprès du public…