Dying Light : Platinum Edition est la version définitive du titre sorti en 2015 par le studio de développement polonais Techland. En son temps, le jeu avait fait l’effet d’une petite bombe. Véritable révolution zombiesque mêlant adroitement jeu de survie en vue FPS, RPG et parkour ; le titre était à la croisée des chemins entre Dead Island (du même studio) et Mirror’s Edge.

Il aura tout de même fallu attendre six ans (c’est long) pour que le GOTY de 2015 arrive sur la petite dernière de Nintendo. Mais que vaut cette version en 2021 sur un support qui, on le sait, peine à accueillir les portages ? C’est ce que nous allons voir immédiatement.

Editeur(s)
Techland
Sortie France
19 oct. 2021
PEGI
+18 ans
Liens Site Officiel
Support de test Nintendo Switch

Fais-moi peur

Dying Light : Platinum Edition vous raconte l’histoire de Kyle Crane, un agent de la GRE (Global Relief Effort) envoyé dans la ville d’Harran afin d’enquêter sur un scientifique travaillant sur un vaccin expérimental ayant pour but d’endiguer une épidémie de zombification. En amont de l’intrigue, vous apprenez via une séquence d’introduction sous forme de journal télévisé que la cité tout entière a été mise en quarantaine suite à la pandémie, mais aussi que des survivants seraient toujours sur place.

Kyle a donc pour objectif prioritaire de retrouver ce scientifique, mais aussi d’entrer en contact avec les survivants, le tout avant que la ville ne soit purifiée par le feu. Bien entendu, tout ne se passe pas comme prévu : votre héros va se retrouver infecté et impliqué dans une guerre de clans entre deux factions.

Si le scénario est certes basique, il met en avant plusieurs forces qui sont à son honneur et servent tant à la fois sa narration et son gameplay. Ainsi, allez-vous devoir survivre malgré l’infection galopant dans vos veines, mais également en récoltant des matières premières et en aidant les survivants.

Sur un plan purement narratif, Dying Light : Platinum Edition est une franche réussite. La cité d’Harran est riche en lore, ses deux quartiers agréables à explorer. De plus, le jeu a eu droit à une attention toute particulière dans l’écriture de ses différents protagonistes, qui ne sont pas sans rappeler quelques figures emblématiques de Walking Dead.

Vous apprécierez notamment l’antagoniste principal de cet opus (Rais), ainsi que la notion de moralité planant sur l’ensemble de l’œuvre. En effet, si aucune mécanique n’est mise en place pour faire pencher votre héros d’un côté ou de l’autre de la balance ; force est de constater que les dilemmes moraux sont nombreux et traités avec justesse. Tout n’est pas tout blanc ou tout noir, et la dernière des raclures est souvent traitée sous un prisme tout en nuance.

Un énorme coup de cœur qui n’a pas pris une ride malgré les années, avec une histoire toujours aussi haletante.

Quand la narration sert le gameplay… et inversement !

L’autre force de Dying Light : Platinum Edition, c’est indubitablement sa jouabilité. Une fois la manette en main, vous découvrez avec stupeur tout l’amour que les développeurs ont mis dans leur œuvre. Outre les phases de parkour diablement jouissives, le joueur peut également compter sur un très solide système de craft qui ne cesse d’évoluer jusqu’à la toute fin.

Car l’une des forces du titre repose bien entendu sur son côté horrifique, autant que sur la tension qu’il parvient à installer. Outre quelques « zones sûres », l’intégralité de vos sorties est ponctuée de combats à votre désavantage. Afin de parvenir à un compromis idéal, les développeurs ont pris le parti de ne pas rendre votre héros trop « faible », mais bien plus de miser sur la fragilité de vos équipements.

Chaque arme, aussi puissante soit-elle, dispose d’une jauge de durabilité. Une fois vide, l’arme se brise purement et simplement, sans possibilité de réparation. Eu égard de son aspect RPG particulièrement prégnant, il n’est pas rare de se retrouver tiraillé entre l’envie de gagner de l’expérience… et de sauver une arme rare.

Si ces dernières sont réparables, c’est en nombre limité. De plus, les pièces nécessaires peuvent s’avérer particulièrement difficiles à trouver, vous contraignant continuellement à un choix cornélien. Devez-vous réserver vos meilleurs équipements pour les situations réellement tendues, ou plutôt vous en servir à foison et ainsi faire progresser votre personnage plus vite ?

Parfaitement équilibré dans ses mécaniques, Dying Light : Platinum Edition sait distiller ses évolutions et améliorations tout au long de son intrigue, apportant continuellement des nouveautés afin de ne jamais lasser le joueur. Une réussite totale.

Mais Dying Light : Platinum Edition est également un jeu de survie. Donc forcément, les ressources sont limitées et seuls ceux osant prendre le plus de risques ont droit aux meilleures récompenses. Il en résulte un système parfaitement équilibré et adapté : finir le jeu est possible, même sans farmer ni s’imposer une difficulté faramineuse. En revanche, ceux qui cherchent un minimum de challenge seront agréablement surpris par des quêtes secondaires et des points de récolte particulièrement ardus. Chaque mission, chaque exploration vaut le détour… à condition d’être prêt à tout perdre.

Contrairement à d’autres jeux du genre, point de « respawn » ici. Si vous mourez, c’est Game Over et l’obligation de charger une partie précédente. La génération de butin étant aléatoire dans la majorité des cas, vous réfléchirez donc souvent à deux fois avant de prendre des risques inconsidérés.

Ajoutons à cela, comme je le disais plus haut, la présence de deux quartiers dans la ville de Harran. Ils se débloquent d’une manière tout à fait naturelle et cohérente avec le scénario. On comprend alors que la première « zone » représentait plus une sorte d’immense tutoriel, là où la seconde est un véritable enfer sur terre.

Une version Switch qualitative mais imparfaite

Mais quid de cette version Switch spécifiquement ? Clairement, l’expérience Dying Light : Platinum Edition dans les paumes de vos mains est une réussite. Quel que soit la zone, le nombre d’ennemis ou de particules ; la console ne surchauffe ni ne ralentit pas.

Bien entendu, une telle prouesse technique a demandé de lourdes concessions sur le plan graphique. Cependant, et malgré une version largement en deçà des autres, le jeu reste particulièrement agréable à jouer, surtout en mode portable. Sur grand écran, les textures baveuses et le manque de finesse se font bien plus ressentir ; mais le jeu ne pique pour autant que très rarement la rétine et le travail effectué est vraiment plaisant.

Pour autant, il est important de mettre en garde les éventuels acheteurs contre un point précis pour lequel les développeurs n’ont malheureusement rien pu faire : la maniabilité.

Aux Joy-Con, Dying Light : Platinum Edition se montre particulièrement ardue, surtout dans les phases de parkour les plus tendues. Il n’est pas rare de mourir bêtement à cause d’un saut mal exécuté, ou d’une touche difficile d’accès. Préférez donc la manette pro, qui rend les sensations bien meilleures. Pour ceux qui n’en disposent pas, sachez cependant que le jeu est parfaitement faisable intégralement aux Joy-Con, même en niveau de difficulté avancé (je suis là pour en attester), mais demande une bonne dose de maîtrise et de temps d’adaptation.

Notons également que cette édition « Platinum » vient avec l’ensemble des 22 DLC sortis, soit l’expérience ultime Dying Light. Si la plupart d’entre eux n’apportent que du contenu cosmétique ou de nouvelles armes, Hellraid amène une aventure totalement différente et très plaisante. De quoi multiplier vos chances de survie… ou de mort.

Bien entendu, la première grosse extension « The Following » est également présente, offrant encore plus de contenus à un titre qui n’en manque clairement pas.

Quand la France n’a pas le droit… au français

Lors de sa sortie initiale, Dying Light était localisé dans toutes les langues usuelles, y compris la nôtre. Mais comme pour beaucoup de gros jeux Switch, le studio a dû faire des concessions afin d’économiser de la place sur la cartouche. Décision a alors été prise de proposer les traductions en téléchargement gratuit, directement depuis le store (seul l’anglais est présent sur la cartouche).

Le problème… c’est que le siège de Nintendo Europe se situe en Allemagne. De fait, l’ensemble du catalogue est dépendant des décisions de ce pays uniquement. Et nos amis d’outre-Rhin ont eu la merveilleuse idée… d’interdire la vente de Dying Light : Platinum Edition.

Conclusion ? S’il est tout à fait possible d’acheter la version physique dans notre pays, le jeu (et son contenu supplémentaire) est absent de l’eShop. Oui, cela vaut également pour les packs de langue.

La seule solution que j’ai pu trouver pour pallier à ce problème a été la création d’un compte Nintendo secondaire basé aux États-Unis. La méthode fonctionne, mais est inutilement complexe pour quelque chose d’aussi basique.

Il est tout de même assez incompréhensible que les sorties sur notre territoire soient ainsi limitées par les décisions d’un parlement pour qui nous ne votons même pas, soumis au dictat des choix politiques d’une caste restreinte pour l’intégralité de l’Europe… et que ces décisions puissent influer directement sur le contenu desdits jeux !

J’aime

L

Tous les DLCs inclus…

L

Un gameplay exceptionnel…

L

Parfaitement optimisé…

L

Un contenu énorme

L

Une histoire prenante

L

Deux quartiers très différents

L

The Following : une nouvelle aventure riche en contenu

L

Un plaisir intact sur Switch

J’aime moins

K

…sauf la VF sur les cartouches françaises

K

… mais une maniabilité délicate aux Joy-Cons

K

… malgré de lourdes concessions sur le plan graphique