Un Noël mi-figue mi Praline est un roman de Carène Ponte paru le 03 Octobre 2024 aux Éditions Fleuve. Il se compose de 240 pages. La version ado « Le désastreux Noël de la famille Praline » est disponible chez Pocket Jeunesse.

Projet : Réconciliation pour Noël !

Francine a passé un horrible Noël 2023 avec sa famille. Disputes, reproches, Nathaline a même renversé du lait de poule à la figure de Barbara ! Ses deux filles se détestent, tout comme ses gendres, sans parler de ses petites-filles qui s’ignorent. Qu’à cela ne tienne ! Elle met en place sa disparition avec l’aide de son notaire. Ce dernier leur fait visionner une vidéo de Francine qui explique qu’elle a décidé de disparaître, que son notaire ne leur révélera pas où ; qu’elle a très mal vécu le Noël précédent et que c’est à eux de réparer le lien familial. Elle ne reviendra pas avant.

 Outragées, Barbara et Nathaline le prennent très mal. Disparaître juste avant Noël, comme ça ?! Elles reçoivent donc les directives de leur mère qui espère les réconcilier.

C’est Barbara la narratrice de l’histoire, la sœur aînée, celle qui n’a pas réussi à se faire une place dans la famille, car elle n’a aucun talent en matière de pâtisserie. Les Praline vendent leurs créations artisanales depuis maintenant 50 ans. Leur père a tout appris à Nathaline et Barbara, mais cette dernière n’a jamais eu la fibre et s’est donc sentie exclue en ne répondant pas aux attentes de son père. Elle s’est alors orientée dans une vocation en criminologie.

Nathaline envie Barbara pour son intelligence, sa réussite et son portefeuille. Barbara jalouse sa cadette qui a obtenu tout l’amour de leur père, le lui a volé et qui l’a complètement éclipsée de la famille.

 Cette rancœur n’a fait que croître au fil des années, si bien que lorsque Barbara arrive, elle découvre que Nathaline est enceinte de 8 mois et ne l’a même pas informée, ce qui la vexe passablement.

D’ici 2 semaines, les sœurs ainsi que leurs filles respectives, Brune et Nina Lou, vont devoir apprendre à ouvrir leur sac, se confier, se réconcilier. De même pour les époux, Antoine et Hervé, qui ne s’apprécient pas le moins du monde.

 

Des biscuits et une naissance

Si l’humour est très sympathique, voire piquant selon les situations, je défends de tout mon être la physiologie. Et malheureusement, la naissance mise en scène ne l’est pas du tout… Ceux qui me connaissent savent à quel point ce sujet me tient à cœur. Et sans ces 18 pages, ce livre aurait été beaucoup plus doux dans sa lecture.

Non, une femme n’accouche pas allongée par elle-même. Si elle est maîtresse de son corps, que nul ne la contraint, elle va s’accroupir, se mettre à genoux ou rester assise autant que possible. Il faut laisser la gravité faire son office : vous ne déféquez pas allongé, eh bien on n’accouche pas allongée non plus ! Une Maman s’allonge sur le côté en dernier recours, quand elle n’a plus de forces (ce qui n’est pas le cas ici, sa sœur Barbara lui soutient le dos sur le canapé d’office).

On n’accouche pas si vite. On peut mettre des semaines avant que le bouchon muqueux se délite. Et même en perdant les eaux, ça peut prendre des heures. On peut aussi donner naissance avec la poche des eaux, ce qui donne un bébé coiffé, cela porte bonheur paraît-il et pour le bébé c’est parfait, car il ne ressent aucune douleur à la sortie. La poche amortit la compression des contractions sur son corps. Pour la Maman c’est plus fastidieux, mais idéal pour bébé.

Non, pas besoin de toucher vaginal sur une femme enceinte. Le corps fait son job et insérer les doigts, même avec des gants, multiplie les risques d’infection… (sans parler du décollement des membranes artificiel que certains médecins pratiquent sans l’aval de leurs patientes… Et même avec leur accord, ça peut être très néfaste pour bébé) Chez certaines femmes par ailleurs, la purple line (ligne violette qui part de la naissance des fesses) émerge durant la fin de la grossesse. Sa longueur correspond au nombre de centimètres de col dilaté. Au moment de l’enfantement, elle devient rouge. Pourquoi ? C’est un mystère de la nature. On ne l’a pas toutes, mais certaines femmes, oui. Plus encore, on peut l’avoir pour un bébé et pas le suivant. Le féminin sacré est très mystérieux. Ensuite, on peut vérifier soi-même l’état du col si on y tient vraiment. Gardons à l’esprit qu’il s’agit de notre corps, notre temple, pas d’un bout de viande sur l’étal d’un marché.

Non, on ne manipule pas un bébé en train de naître quand le travail se déroule normalement ! Aucune raison de le faire ! Laissez-le effectuer ses rotations tout seul ! Oui, un bébé naît en spirale et la gravité fait son office si on n’impose pas une position allongée à la Maman. Un bébé peut même naître en siège sans que cela soit mortel pour lui. Idem, des jumeaux peuvent arriver à terme sans que ce soit dangereux. On vit vraiment dans une société qui a détraqué la maïeutique et la femme dans son intimité la plus précieuse… Je vous invite à lire le blog de Marie accouche là mais surtout l’Instagram d’Elisabeth : @guerirlanaissance.

Non, nul ne peut se permettre de déclarer : « J’ai mis au monde ce bébé ». C’est la mère qui donne la vie, pas un quelconque médecin ou un membre de sa famille. La mère. Juste elle. Son corps, son utérus. Et, si c’est possible, c’est à elle de récupérer son bébé à la sortie et de le blottir contre son sein. Personne ne doit le prendre. La mère l’attrape, le glisse contre elle et s’enveloppe avec lui dans une serviette chaude. Dans le livre, ils font chauffer une serviette au micro-ondes, il est plus prudent de vérifier la température avant. Mais n’oublions pas l’essentiel : la Maman, au contact de son bébé, va produire énormément de chaleur à l’endroit précis où sa peau est en contact avec celle de son nourrisson. C’est physiologique. Par ailleurs, l’odeur de sa mère est cruciale, tout comme le protoregard qui va les lier l’un à l’autre et déchaîner une foule d’hormones bienfaisantes pour les attacher davantage.

Heureusement, Antoine n’a pas coupé le cordon immédiatement dans le récit… Il faut un clampage tardif pour que le bébé puisse absorber tout le fer dont il a besoin. Et surtout laisser le temps à la Maman d’atterrir et d’expulser son placenta à son rythme. D’autres méthodes existent : à la bougie ou encore le placenta-lotus qui permet de laisser tomber le cordon tout seul, le moment venu.

Une femme qui accouche rentre dans le Vortex de la Naissance. Elle n’est plus capable de parler de façon intelligible, d’être dans le conscient. Elle bascule sur un autre plan et il ne faut surtout pas l’en tirer. C’est ce qui permet de sécréter ocytocine, endorphines et prolactine naturellement. Le stress génère de la noradrénaline qui est toxique pour le bébé et stoppe le travail. Enfin, une femme qui accouche a besoin d’être au calme, lumière tamisée avec son homme éventuellement. La sage-femme et la doula sont de puissantes alliées pour l’accompagner chez elle, sans jamais la diriger ni avoir des gestes intrusifs inutiles lorsque tout se déroule normalement. On n’invite pas toute la famille. C’est un événement initiatique et sacré. En enfantant, la femme se transcende elle-même, dans son âme, sa chair et son cœur : elle devient mère.

Nathaline se fait embarquer par le Samu juste après avoir accouché. D’ailleurs, Hervé n’est pas présent physiquement. Il reste à son boulot et donne des indications par téléphone. Nathaline passe donc le Réveillon et Noël là-bas.

Ce livre dévalorise complètement l’image de l’accouchement à domicile (AAD), en même temps, telle n’était pas la démarche. Mais je suis très surprise qu’une femme ait pu écrire une telle séquence qui perpétue le patriarcat en place, qui nous oppresse toujours plus, d’année en année (Lisez les témoignages de Stop VOG, ils sont édifiants !). Je ne peux qu’inviter Carène Ponte à lire : Intimes Naissances, Accoucher par soi-même, La Naissance en BD, Les besoins essentiels d’une femme qui accouche ; pour ne citer qu’eux. Et j’insiste : l’Instagram @guerirlanaissance qui est d’une richesse incroyable dans le contenu proposé, en toute bienveillance. Des trésors de sagesse en matière de physiologie qui permettent de s’informer et d’honorer la femme dans ce qu’elle a de plus sacré. Protégeons nos enfants en respectant leur naissance, sans instrumentalisation, poussée dirigée, position décubitus dorsal, oxytocine, péridurale, etc… Ici, Carène Ponte parle de fluides dégoûtants et use d’un humour plus que discutable. Non, la naissance n’est pas sale en soi. C’est un acte d’amour pur, de corps, de cœur et d’âme.

Dernier point : un accouchement peut être orgasmique. On parle de douleurs atroces, mais elles fluent et refluent comme la mer. Il faut surfer sur les vagues comme on dit. On souffle les contractions. Une femme, en enfantant, peut vivre l’orgasme le plus puissant de sa vie. Nous ne le vivons pas toutes, mais certaines, qui sont dans leur bulle, tranquilles, libres de leurs mouvements, en sécurité chez elles ; connaissent cette épiphanie, la plus somptueuse de toute leur existence.

 Pour en revenir au livre, sans cet accouchement irrespectueux, j’aurais certainement passé un meilleur moment, car j’adore les histoires qui se déroulent à Noël. D’autant que l’humour est bien présent, les valeurs familiales, les émotions des personnages bien transcrites.