Trepang² est le premier jeu du studio canadien Trepang, une entreprise à la success story et à l’histoire aussi originale que son projet.
Wilson Chung, jeune programmeur bourré de talent, fonde en effet ledit studio et se lance dans le projet « Trepang » avec l’idée d’apprendre à maîtriser l’Unreal Engine 4. En 2017, il publie sur Steam un premier prototype de son jeu. Ce dernier fut nommé au top 100 des meilleurs projets indés de l’année malgré son stade de développement extrêmement précoce.
Fort de cette reconnaissance, Chung décide de s’entourer de trois autres développeurs afin de prolonger l’expérience et de livrer un projet final autour de ce prototype. Une première démo de gameplay arrive en 2018, une nouvelle fois nominée au top 100 des meilleurs projets indés de l’année. Et rebelote en 2019, cette fois avec la seconde démo de gameplay.
Autant le dire clairement : Trepang² est un jeu qui était largement attendu par une communauté séduite par son concept et ses propositions, prête à soutenir le studio envers et contre tout. Et ces derniers, visiblement conscients du poids de leur notoriété, ont mis les bouchées doubles… mais est-ce suffisant ?
Editeur(s)
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Team17 |
Sortie France
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02 oct. 2023
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PEGI
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+18 ans
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Liens | Site Officiel |
Support de test | Xbox Series |
Alors…c’est l’histoire de… non c’est pas ça…
Trepang² est un titre singulier, qui débute sur une animation d’explosion nucléaire refusant de se terminer tant que vous n’appuyez pas sur « A ».
Il se poursuit par une introduction incompréhensible. Un long couloir, des images remanentes de tortures, de pouvoirs psychiques, de meurtres, de fenêtres qui explosent… avant de se lancer enfin sur vous, un prisonnier debout devant une chaise roulante, menottes aux poignets.
Vous apprenez rapidement être prisonnier d’un centre de haute sécurité connu sous l’appellation « Site 14 » comme le « sujet 106 », un être visiblement très dangereux dont la fuite déclenche immédiatement les plus hauts protocoles de sécurité.
Par chance, le complexe est attaqué et vous laisse de fait, lors de ce premier niveau qui sert de tutoriel, tout le loisir d’apprendre les commandes et de vous échapper.
Vous incarnez un soldat doté de capacités surnaturelles, sans attaches ni passé. Amnésique, libéré par un groupuscule armé, votre héros cherche la vengeance… contre qui ou quoi ? Pourquoi alors qu’il ne se souvient de rien ?
Trepang² ne brille clairement pas par son scénario, ni par sa narration. Très obscur et confus, il porte encore les stigmates d’un développement chaotique s’étant bien plus focalisé sur l’expérience du joueur, le game design et le gameplay que sur l’histoire. Cette dernière semble avoir été ajoutée à la toute fin, comme pour justifier des mécaniques déjà existantes dans le jeu.
Il en résulte un scénario capillotracté, peu intéressant, bourré d’incohérences et d’une banalité sans nom. Les divers souvenirs de 106 sont ainsi distillés par l’intermédiaire de drones capables de lire dans les mémoires (pourquoi pas ?) via un simple texte en blanc sur fond noir…
La base de l’organisation FO27 sert de hub central, et s’atteint très rapidement. Vous allez pouvoir y personnaliser votre avatar ainsi que vos armes et tenter (vainement) de décortiquer des bribes de scénario.
Ces soucis de cohérence, vous les retrouvez durant la petite dizaine d’heures que requiert le titre avant d’être bouclé. Vous allez ainsi régulièrement, au sein d’un même niveau, être confronté à des combats contre des gardes, puis des monstres, avant de revenir à des soldats très consensuels, d’enchaîner sur des chauves-souris géantes avant de terminer par un monstre composé de morceaux de corps en décomposition…
Ça vous paraît flou ? Je vous rassure, c’est normal. Car l’intégralité du jeu est pensée pour être avant tout vidéoludique, orientée pour mettre en avant les variations de gameplay que le titre propose plus que pour raconter une quelconque histoire.
Et il en va bien entendu de même concernant les décors. Tantôt vous allez vous perdre dans des dédales souterrains, tantôt naviguer dans les viscères. Pourquoi ? Comment ? Qui a oublié les transitions ? Autant de questions qui resteront sans réponse.
De plus, il faut ajouter à cela des polices minuscules qui ruinent toute velléité de lire les interjections de vos alliés et adversaires dans le feu de l’action sur grand écran. Un studio qui, une fois n’est pas coutume, n’a pas compris que les conditions de jeu des utilisateurs consoles et PC ne sont pas les mêmes.
Mais bon. Nous le savons tous très bien : rares sont ceux qui cherchent un chef-d’œuvre littéraire au sein d’un FPS, n’est-ce pas ? Alors c’est parti pour la castagne !
Mi-Fast mi-raisin
Trepang² est un FPS atypique dans son fond et plus encore dans sa forme. Nonobstant son intrigue, il dispose d’un gameplay qui surprend dès les premiers instants.
Alors que vous vous attendez à un FPS classique, il vous propose plutôt une expérience à mi-chemin entre passéisme et modernisme. Le studio a visiblement bien étudié son sujet, dans l’optique de tirer la substantifique moelle des deux mondes afin de livrer un produit hybride, à l’image de son protagoniste principal.
Comme dans les Fast-FPS de l’époque classique (Doom, Quake, etc.), vous ne pouvez pas viser au LT. En lieu et place, cette touche est mappée pour servir à jeter des projectiles. De même, le ramassage de la plupart des objets est automatique lorsque vous passez dessus (santé, munitions, boucliers) sauf dans le cas des objets collectables (type dossiers et autres journaux de sécurité) et des armes.
Première originalité, vous pouvez librement ramasser jusqu’à deux armes. L’image du One Man Army s’en trouve donc grandement écornée, puisque le choix de cette puissance de feu se fait au prisme des munitions récupérables dans le niveau en cours. À quoi bon s’encombrer d’un fusil à pompe lorsque tous les ennemis portent des mitraillettes ?
En revanche, votre avatar ne peut pas courir à l’infini. Ce dernier est soumis à une jauge d’endurance restreignant grandement sa capacité à sprinter… mais qui se recharge instantanément en cas de victime.
Comme s’il ne savait exactement sur quel tableau jouer (ou plutôt comme s’il cherchait à plaire à tout le monde), Trepang² adopte également une approche radicalement moderne du genre dans son gameplay.
En marchant, votre héros se déplace lentement, peut se mettre accroupi, se dissimuler dans l’ombre et enjamber des éléments du décor (mécanique particulièrement bien animée au passage). La notion de furtivité a également son importance, puisque vous pouvez vous cacher pour mieux surprendre vos ennemis ou les éliminer discrètement.
Enfin, sur les gâchettes RB et LB sont attribués deux « pouvoirs » spéciaux. Le premier active le mode « focalisation », sorte de bullet-time utilisable à loisir ; et le second un « camouflage » vous rendant instantanément invisible aux yeux de vos adversaires. Bien entendu, ces deux capacités sont soumises à un cooldown.
Enfin, maintenir « B » exécute une glissade capable de renverser les ennemis et utiliser « X » près d’eux lorsqu’ils sont de dos ou inconscients du danger les saisit. Vous pouvez alors vous en servir de bouclier humain, les exécuter discrètement ou… les jeter sur leurs alliés en activant une grenade.
Trepang² ajoute à toutes ces mécaniques un système de personnalisation des armes assez poussé, via des pièces détachées récupérables au sein des niveaux et utilisables sur des stations spécifiques. Un choix de game design singulier, surtout lorsque l’on sait que l’ensemble de ces équipements sont échangeables à loisir au gré des missions. Il est donc parfaitement possible de créer le pistolet parfait (silencieux, viseur laser, etc.) pour mieux le balancer au détour d’un couloir afin de lui préférer une arme plus léthale ou utile en cas de manque de munitions.
Un mélange de deux époques bien distinctes particulièrement étrange et qui, durant la première heure de jeu, surprend énormément.
Une fois le prologue passé cependant tout prend sens et, pour les connaisseurs, les sensations de ce Trepang² ne sont pas sans rappeler celles d’un F.E.A.R.
Les diverses missions qui vous sont proposées proposent une liberté d’action inattendue. Vous pouvez très simplement envisager d’aborder les situations d’une manière brutale ou plus subtile… ou les deux.
Particulièrement nerveux et disposant d’une prise en main totalement intuitive, Trepang² se laisse maîtriser avec une déconcertante facilité ; d’autant que les objets de soins et autres armures sont nombreux (surtout dans le premier quart).
En difficulté « normale », les morts sont peu nombreuses et les massacres particulièrement jouissifs. Vous glissez, décochez des tirs de fusils à pompes à tour de bras, bondissez, devenez invisible, balancez vos victimes chargées de grenades… Trepang² est clairement un défouloir au niveau, satisfaisant et rondement mené.
Pour les niveaux de difficulté supérieurs, le studio a eu la brillante idée d’ajouter non seulement des ennemis, mais également des boss (ou pour être précis des « cibles prioritaires »). Terminer les différents dans ces difficultés plus élevées vous octroie également de déverrouiller divers « cheat codes » utilisables à loisir. Une bonne manière d’augmenter la durée de vie pour les amateurs.