Les survival horror ont marqué les années 90 avec des titres iconiques comme Resident Evil et Silent Hill, définissant un genre où la tension, les énigmes et les ressources limitées mettaient les nerfs des joueurs à rude épreuve. En 2021, Tormented Souls s’inscrit dans cette tradition avec une ambition claire : offrir une expérience nostalgique mais moderne, captivante pour les amateurs de survival horror old-school tout en séduisant une nouvelle génération. Ce pari audacieux a-t-il payé, ou le jeu reste-t-il prisonnier des conventions du passé ?

Une histoire obscure au cœur d’un manoir lugubre

Vous incarnez Caroline Walker, une jeune femme à la recherche de deux jumelles mystérieusement disparues. L’intrigue débute par une lettre anonyme qui vous conduit au Wildberger Hospital, un bâtiment labyrinthique à la fois hôpital et manoir, ancré dans une ambiance oppressante. Dès votre arrivée, vous êtes plongé dans une atmosphère malsaine : des cadavres mutilés, des créatures grotesques et des murmures étranges alimentent un sentiment constant de danger.

Le scénario, bien qu’un peu cliché dans son déroulement, reste captivant grâce à son habileté à distiller des informations au compte-gouttes. Les documents éparpillés dans le manoir offrent un aperçu de l’histoire macabre de l’hôpital et de ses sinistres occupants. L’écriture, sans atteindre des sommets littéraires, est suffisamment solide pour maintenir l’intérêt, tandis que quelques rebondissements viennent pimenter la progression.

L’isolement de Caroline est renforcé par la rareté des interactions avec d’autres personnages, accentuant l’impression d’être seule contre un mal insidieux. Les dialogues, bien que peu nombreux, parviennent à instaurer une tension dramatique efficace, même si les performances vocales inégales nuisent parfois à l’immersion.

L’hommage assumé aux classiques

Tormented Souls n’essaie pas de cacher ses influences. Il reprend avec amour et respect les éléments qui ont fait le succès des survival horror classiques : les angles de caméra fixes, les énigmes complexes, et une gestion des ressources impitoyable. Ce choix, bien que délibérément rétrograde, apporte une dose bienvenue de nostalgie pour les fans du genre.

Les angles de caméra fixes, en particulier, jouent un rôle crucial. Ils sont utilisés non seulement pour encadrer l’action mais aussi pour amplifier l’angoisse en cachant volontairement certaines parties de l’environnement. Cet effet, bien maîtrisé, oblige le joueur à avancer avec précaution, car chaque couloir ou pièce peut dissimuler une menace.

Le système de sauvegarde, basé sur des bandes magnétiques, rappelle les rubans encreurs de Resident Evil. Cette mécanique limite vos opportunités de sauvegarde, instaurant une pression constante et obligeant à une planification rigoureuse. Si ce choix peut frustrer les joueurs modernes, il contribue à l’intensité de l’expérience.

Des énigmes corsées et satisfaisantes

Les énigmes sont le cœur de l’expérience dans Tormented Souls. Éparpillées dans tout le manoir, elles exigent observation, réflexion et une bonne dose de patience. Les indices sont souvent cachés dans des documents ou intégrés à l’environnement, rendant chaque découverte gratifiante.

Certaines énigmes nécessitent de combiner des objets ou d’expérimenter avec des mécanismes complexes, comme des machines antiques ou des puzzles logiques. Une en particulier, où vous manipulez une maquette miniature pour déverrouiller une pièce réelle, illustre brillamment l’ingéniosité des développeurs.

Cependant, cette complexité peut parfois jouer en défaveur du jeu. Quelques énigmes manquent d’intuitivité, ce qui peut entraîner des moments de frustration. Par ailleurs, l’absence de journal ou de système de rappel des indices oblige à une attention constante, mais peut décourager les joueurs moins familiers avec ce genre de défis.

Un système de combat tendu mais perfectible

Les combats, bien que peu nombreux, sont mémorables grâce à leur intensité. Les créatures que vous affrontez, grotesques et agressives, évoquent les monstres cauchemardesques de Silent Hill. Votre arsenal est limité : un pied-de-biche, un fusil à clous et quelques armes rudimentaires constituent vos seules défenses face à ces abominations.

La gestion des munitions est un aspect central de la stratégie. Le jeu vous pousse à économiser chaque balle, rendant chaque affrontement stressant. Parfois, fuir est la meilleure option, surtout lorsque les ressources commencent à manquer. Cette approche renforce le sentiment de vulnérabilité, un pilier des survival horror classiques.

Cependant, le système de combat montre ses limites. Les animations sont parfois rigides, et le ciblage manque de précision, ce qui peut rendre les affrontements frustrants. De plus, la variété des ennemis est limitée, et certaines rencontres deviennent répétitives à mesure que l’aventure progresse.

Une direction artistique captivante mais des performances inégales

Visuellement, Tormented Souls impressionne par son ambiance. Les environnements, richement détaillés, mêlent le gothique et l’organique dans une esthétique dérangeante. Chaque pièce du manoir semble avoir une histoire à raconter, que ce soit à travers des objets abandonnés, des inscriptions murales ou des traces de violence.

L’éclairage joue un rôle clé dans l’atmosphère. Les zones plongées dans l’obscurité sont particulièrement angoissantes, et la lampe torche de Caroline devient un outil indispensable, créant des jeux d’ombres dynamiques qui amplifient la tension.

Malheureusement, le jeu n’échappe pas à quelques problèmes techniques. Des chutes de framerate et des bugs mineurs, comme des collisions imprécises ou des objets qui disparaissent, peuvent nuire à l’expérience. De plus, certains éléments visuels, comme les textures, semblent datés, surtout lorsqu’ils sont comparés aux standards modernes.

Une bande-son immersive mais des doublages inégaux

La bande-son de Tormented Souls est une réussite indéniable. Les compositions musicales, bien que discrètes, s’adaptent parfaitement aux différentes situations, oscillant entre des thèmes angoissants et des silences oppressants. Les effets sonores, comme les grincements de portes ou les bruits de pas résonnant dans les couloirs, renforcent le sentiment d’isolement.

Cependant, les doublages des personnages sont plus mitigés. Certaines performances manquent d’émotion ou de naturel, ce qui peut parfois casser l’immersion lors des rares dialogues. Heureusement, ces moments restent anecdotiques dans l’ensemble de l’expérience.

Tormented Souls n’est pas un jeu pour tout le monde. Son rythme lent, ses énigmes exigeantes et son gameplay délibérément rétro risquent de dérouter les joueurs modernes habitués à des expériences plus accessibles. Cependant, pour les amateurs de survival horror classiques, il s’agit d’une véritable lettre d’amour au genre, combinant nostalgie et modernité.

Avec ses environnements détaillés, ses énigmes complexes et son ambiance oppressante, le jeu parvient à captiver malgré quelques défauts. Les imperfections techniques et un système de combat rigide ne suffisent pas à gâcher l’expérience globale, mais rappellent que Tormented Souls est avant tout un hommage plutôt qu’une révolution.

J’aime

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Une ambiance oppressante et soignée

L

Des énigmes variées et stimulantes

L

Une bande-son immersive et maîtrisée

L

Un hommage réussi aux classiques du genre

J’aime moins

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Un système de combat rigide et parfois frustrant

K

Des performances techniques inégales

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Une difficulté pouvant décourager les néophytes