Si la vie vous semble parfois compliquée, si la ville vous répugne, si vous avez besoin de la douceur candide de la campagne ; alors sans doute connaissez-vous la désormais saga culte des Story of Seasons (autrefois nommée Harvest Moon), dont ce Story of Seasons: A Wonderful Life est le tout dernier représentant.

Malgré le schisme du studio à l’origine de la licence et la naissance de deux entités distinctes se disputant le marché de niche si particulier de la simulation de vie à la ferme ; Story of Seasons est clairement en odeur de sainteté ces dernières années, parvenant sans peine à dominer largement son concurrent direct.

Oui, mais tout ceci, c’était avant l’arrivée d’un certain Stardew Valley. Pour prévaloir après la sortie de ce géant inattendu et indomptable, le studio nippon Marvelous a dû mettre les petits plats dans les grands avec Pioneers of Olive Town.

Nouvelles mécaniques, nouveau design ; tout a été fait pour retrouver sa place historique de leader. Malheureusement, le résultat fut en demi-teinte en décevant tant les fans historiques de la licence que les nouveaux arrivants. Sans doute est-ce face à cette impasse que Marvelous a pris la décision de travailler sur le remake de l’un des opus les plus appréciés des fans.

Est-ce une réussite ? C’est ce que nous allons voir immédiatement.

Editeur(s)
Marvelous
Sortie France
27 juin 2023
PEGI
+3 ans
Liens Site Officiel
Support de test Xbox Series

Une vie vraiment merveilleuse ?

Harvest Moon: A Wonderful Life était le 5e opus de la saga à sortir, en 2003 au Japon et en 2004 chez nous. L’année suivante, le titre avait droit à une version dite « pour fille » (entendez par-là que vous incarniez un personnage féminin) intitulée Another Wonderful Life.

Quid de ce remake ? Eh bien, vous avez le choix de jouer un homme, une femme ou une personne non-binaire. Suivant les desiderata progressistes de Marvelous depuis quelques titres maintenant, ce dernier opus s’inscrit dans cette droite ligne. Vous avez également la liberté de vous marier avec qui bon vous semble (homme comme femme) et d’avoir des enfants.

Ce point éclairci, revenons-en à nos moutons (et à nos vaches). Vous incarnez donc un personnage rêvant de reprendre la ferme de son défunt père, après une jeunesse passée dans l’amertume et la pollution d’une grande ville.

Le meilleur ami de votre paternel, un vieil homme aigri répondant au nom de Takakura, prépare alors les installations de base dans la Vallée Oubliée afin de vous accueillir comme il se doit. Si nous conservons le pitch de base de l’ensemble des jeux de la série, force est de constater un ton moins enfantin et jovial lors de cette introduction à cause d’un seul et unique point, qui gâche grandement l’expérience :

Takakura. Ce dernier vous qualifie ainsi de « rejeton » de votre père, doute de vos capacités, vous incite à vous marier rapidement et à avoir des enfants pour vous aider à la ferme, insiste sur l’importance de faire du chiffre ou encore évoque le fait que votre vache « a mis bas il y a 10 jours, donc pourra produire du lait », sans même nous indiquer ce qu’il est advenu de son petit.

Si on comprend l’envie du studio d’introduire les mécanismes inhérents à la série de manière diégétique (ce qui est tout à leur honneur et sans doute bien mieux qu’un vulgaire pop-up de didacticiel), on ne peut que se désoler de ce manque d’humanité et d’empathie dans les propos tenus par, littéralement, le premier personnage à apparaître à l’écran. Fi de la magie et de la bienveillance propre à la série. Vous êtes ici pour faire du profit !

Takakura pose ainsi les bases de vos objectifs principaux, vous apprend comment fonctionnent la reproduction ou les cultures, sans une once de sympathie ni d’enthousiasme. Un ton très différent des habituels jeux du genre qui surprend aujourd’hui, et laisse craindre le pire.

Par chance, ce bon vieux Takakura n’est pas le seul habitant de la Vallée ; et vous aurez tôt fait de le laisser pourrir dans son amertume pour mieux apprécier la douceur de la vie campagnarde… Malheureusement, vivant près de chez vous, vous verrez cette âme en peine errer lamentablement alentour tandis que vous vivez votre meilleure vie.

Outre cela, vous retrouvez le scénario de l’époque. Bien entendu, les usuels lutins sont de la partie, de même que pléthore de personnages secondaires tous plus hauts en couleur les uns que les autres, forts d’histoires intéressantes et touchantes. Une vraie réussite à l’ancienne.

Un classique revisité

La Vallée Oubliée est semblable à toutes les campagnes vidéoludiques nipponnes. Vous allez y retrouver les boutiques, habitants, champs, forêts et mines.

Tout est on ne peut plus consensuel, mais que pouvait-on attendre d’autre de la part d’un remake ? Vous retrouvez les sensations du jeu initial, agrémenté de nouveautés fort bienvenues pour vous faciliter la vie.

L’inventaire a ainsi été revisité pour être plus ergonomique, il est d’ailleurs désormais possible de switcher entre graines et outils d’une simple pression sur la touche « L » de votre manette, ou encore de ranger votre équipement très simplement avec le bouton « B ».

Un ajout qui peut sembler risible au premier abord mais qui, pourtant, est un gain de temps précieux et allège grandement le gameplay vieillissant de la série.

Reprenant les bases dans un esprit purement rétro, il faut biner, planter puis arroser régulièrement pour que vos cultures s’épanouissent. Jusque-là, rien de neuf, mais des sensations retrouvées très agréables, loin de la simplification à outrance du dernier jeu de la série.

Il est, bien entendu, toujours possible de s’occuper de bon nombre d’animaux, de pêcher, miner et couper du bois. De même, les relations sociales avec vos voisins sont au cœur de l’aventure et nécessaires pour séduire l’un des six prétendants.

Concernant ces derniers, les connaisseurs de l’opus originel seront agréablement surpris de découvrir de nouvelles scènes inédites, des dialogues remaniés et mieux écrits ainsi que des interactions uniques ; dans le respect de leur caractère et de leur intrigue. Une belle réussite pour un titre qui accuse son âge.

Oui, Story of Seasons: A Wonderful Life n’est pas qu’un bête portage lissant maladroitement les textures pour mieux être vendu sous l’appellation « Remake ». Il y a un réel travail effectué sur le titre, qui se ressent profondément, l’améliore grandement pour le rendre bien plus plaisant et pourtant tellement fidèle.

Pour insister sur l’importance de votre nouvelle vie, Marvelous a également ajouté un appareil photo pour mieux immortaliser vos moments de vie au sein de la Vallée Oubliée. Certes gadget, on se prend assez rapidement au jeu et il est plaisant de redécouvrir des souvenirs de notre début de partie.

Les nouveautés ne s’arrêtent pas là, puisque les équipes de développement ont également entièrement remanié les différents festivals (et en ont ajouté de nouveaux). De même, vous découvrirez de nouvelles plantations, mais aussi la possibilité d’effectuer des croisements pour obtenir des pousses uniques.

Un poil trop terne

Soyons clairs dès à présent, Story of Seasons: A Wonderful Life se place immédiatement dans le haut du panier des meilleurs jeux de ferme actuels ; et en tête des opus récents de la série.

Bien meilleur que Pioneers of Olive Town, très loin devant les opus 3DS, on retrouve cette ambiance si particulière d’une époque malheureusement révolue issue de la GameCube ou de la PSP qui n’est pas sans rappeler Hero of Leaf Valley.

Pourtant, le jeu est loin d’être sans défauts. Et le principal d’entre eux est indubitablement son style graphique.

Marvelous a choisi, pour ce Remake, de conserver l’aspect « réaliste » de l’opus d’origine, pourtant abandonné depuis l’arrivée de la série sur DS… en 2005.

Certes, l’ensemble des modèles a été remanié avec soin et le jeu est pleinement agréable à parcourir. Certes également, les personnages adoptent un aspect plus mignon qu’à l’origine. Mais les décors, en revanche, se révèlent bien plus ternes qu’à l’accoutumée.

Story of Seasons: A Wonderful Life ne chatoie pas, perdant de ce côté mignon qui caractérise pourtant la série, au profit d’éléments tristes et blafards. Même les environnements plus oniriques, comme la forêt enchantée des lutins, semble moins magique que dans les autres jeux de la licence.

Une fois n’est pas coutume, la technique est également en retard et ne reprend ni le moteur, ni les améliorations notables de Story of Seasons: Pioneers of Olive Town.

Loin d’être une catastrophe cependant, le jeu tourne bien et ne lague jamais, quelle que soit la taille de nos champs ou les actions réalisées. Les bugs sont également aux abonnés absents.

Pourtant, et je tiens à insister sur ce point, ce n’est pas ce qu’on attend d’un jeu de simulation de ferme, même si tout le reste est parfaitement réussi.

J’aime

L

Un remake réussi

L

Les sensations nostalgiques de la série

L

Beaucoup de nouveautés et d'améliorations

L

Des interactions uniques pour approfondir les relations

L

L'esprit de la saga retrouvé

J’aime moins

K

Une direction artistique terne

K

Techniquement en retard

K

Le personnage de Takakura qui gâche l'ambiance