Ninja or Die: Shadow of the Sun est le tout premier jeu du studio japonais Neo Games. Édité par Marvelous, le titre propose à la fois un scénario et un concept diablement originaux, le tout enveloppé de graphismes en pixel-art du plus bel effet.
Sur le papier, il est clair que nous sommes en présence d’un titre incroyable. Mais est-ce aussi bon manette en main ? C’est ce que je vous propose de découvrir immédiatement.
Editeur(s)
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Marvelous |
Sortie France
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2 août 2023
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PEGI
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+16 ans
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Liens | Site Officiel |
Support de test | PC |
Le Châtiment Céleste
Dans le Japon de l’époque Edo, vous incarnez le fils de la reine des voleurs. Cette dernière a eu une vision : le pays sera bientôt décimé par un grand cataclysme irrémédiable.
Pour sauver votre terre, vous vous transformez en héros doté d’une vitesse et d’une force incommensurables. Vous, c’est le personnage que vous décidez d’incarner : le voleur devient un ninja, le vendeur de ramens se change en samouraï, la maiko en une geisha mortelle.
Mais vous n’êtes pas le seul à avoir changé : le Japon dans son ensemble se transforme petit à petit. Le cataclysme, désormais connu sous le nom de Châtiment Céleste, transforme tout sur son passage. Vous devrez, pour vous en sortir, vous frayer un chemin à travers des châteaux renversés et autres forêts piégées tout en croisant le fer avec pléthore d’assassins volants.
Scénaristiquement, Ninja or Die: Shadow of the Sun pose des bases incroyablement originales. Sans fioritures et ne cherchant jamais à être autre chose qu’un plateformer / roguelite frénétique ; le titre de Neo Games parvient avec aisance à vous transporter dans une histoire bien écrite et intégralement en français.
Avec ses personnages hauts en couleur à la personnalité forte, son intrigue rafraîchissante et ses dialogues bourrés de punchlines ; nul doute que Ninja or Die est une leçon pour tous les représentants d’un genre se basant avant tout sur son gameplay pour happer le joueur.
Un vrai Ninja tue avec un seul doigt
Mais il est temps de passer à ce qui rend Ninja or Die: Shadow of the Sun si unique : son gameplay, justement. Car vous n’êtes pas ici face à un plateformer traditionnel. Oh que non.
Votre héros a la particularité de ne pas se déplacer de manière conventionnelle. Quel que soit le personnage que vous décidez d’incarner, ce dernier ne peut tout simplement pas aller de gauche à droite, ni même sauter ou attaquer comme dans n’importe quel autre titre.
Ici, tout se fait avec la souris (ou le stick de la manette). Vous ne vous déplacez qu’en sautant, à l’aide du clic gauche, après avoir visé. Une courbe en pointillés vous permet de jauger la puissance et la distance dudit saut. Plus vous maintenez la pression, plus ce dernier sera puissant. Et au bout de quelques secondes à maintenir le bouton enfoncé, une aura mortelle vous entoure. Votre saut devient plus long, vous permettant ainsi d’atteindre des endroits inaccessibles.
Mais comment attaquer ? Eh bien, strictement de la même manière. Durant le saut, votre héros devient temporairement invulnérable et capable d’infliger des dégâts aux ennemis, selon le même principe cité ci-dessus : en chargeant, vous infligez plus de dégâts.
Ninja or Die: Shadow of the Sun dispose donc de cette spécificité assez singulière de ne se jouer qu’à un seul et unique doigt. Certes, vous avez également besoin du reste de votre main pour déplacer la souris… mais la promesse est bel et bien tenue.
Que dire de ce gameplay ? Bien plus satisfaisant, complexe et exigeant qu’il ne semble au premier abord, prendre en main Ninja or Die peut paraître déroutant. Il nécessite également un temps d’apprentissage pour réellement en maîtriser les arcanes, d’autant que certaines mécaniques peuvent sembler relativement confuses.
Il faut en effet savoir évaluer ses sauts pour s’accrocher au bon mur, afin de pouvoir en effectuer un nouveau vers une zone plus élevée ; tout en prenant garde aux pièges et ennemis qui parsèment votre route. Il n’est pas rare de se tromper, de tomber, ou de prendre des dégâts à cause de la vélocité de votre héros. Assez peu lisible dans ses phases de mouvements, Ninja or Die aurait sans doute profité d’un « bullet time » plus soigné. Actuellement, il ne s’active que lors du chargement du saut.
Sans pour autant tomber dans le die & retry, le titre sait se montrer particulièrement plaisant et furieusement vif.
Graphiquement irréprochable, mais bourré de défauts
Ninja or Die: Shadow of the Sun est indubitablement un très beau jeu. Fort de graphismes en pixel art du plus bel effet, il sait magnifier ses effets de lumière et de particules, jouer avec la colorimétrie ou les aberrations chromatiques pour rendre ce Japon de l’ère Edo particulièrement attrayant. Que ce soit dans les décors ou le design des protagonistes, le titre de Neo Games s’en tire avec les honneurs.
Côté Level design, là encore, vous êtes face à un titre qui a été travaillé avec le plus grand soin. L’emplacement et la taille des plateformes, la hauteur des murs, la position des ennemis, les pièges et les trésors… Tout a été pensé et testé pour rendre l’expérience la plus fluide possible.
Viennent cependant quelques ombres qui gâchent le tableau.
Ne sachant exactement sur quel pied danser, Ninja or Die: Shadow of the Sun inclut également des éléments RPG, Roguelite, de développement de villes, des objets équipables… Bref, il tente de grappiller à droite et à gauche toutes sortes de mécaniques pour se rendre (inutilement) plus « riche » ; alors que son concept de base se suffit amplement à lui-même.
Vos personnages peuvent donc gagner des niveaux à mesure que vous progressez. Relativement inutile, cette mécanique vous semblera rapidement totalement hors de propos. La majorité des niveaux exige en effet d’être débarrassée de l’intégralité des ennemis pour pouvoir progresser. De fait, il n’est pas possible de grinder outre mesure, ni de pexer pour devenir plus puissant.
Vient ensuite ce côté « Roguelite » extrêmement pauvre. Dans les faits, Ninja or Die: Shadow of the Sun ne propose rien, sinon de refaire les niveaux déjà parcourus avec différents personnages et équipements. Outre quelques coffres qu’il faut revenir chercher une fois les clefs en votre possession, là encore, cette mécanique frise l’inutile.
Et ces équipements, parlons-en justement. Le menu est un calvaire. Présenté sous forme de liste, il est particulièrement sobre et mal pensé, vous contraignant à scroller interminablement afin de cliquer sur les objets que vous pouvez porter, sans autre forme de réflexion.
En effet, votre personnage n’est pas limité en items tant que son sac dispose de l’espace nécessaire (vous avez 20 emplacements disponibles pour vos équipements, soins et armes à distance).
Enfin, il est possible tout au long du jeu de sauver des villageois innocents. Le hub central vous propose de construire des échoppes afin de gagner en santé, en objets, etc. Pour agrandir ces monuments, vous devez trouver des villageois en danger au sein des niveaux.
Si cette mécanique est intéressante sur le papier, dans les faits elle est, de nouveau, particulièrement inutile et peut être complètement ignorée sans pour autant rendre le jeu impraticable.