Miasma Chronicles est le tout nouveau titre de The Bearded Ladies, notamment connu pour Mutant Year Zero ainsi que… rien, en fait. Certes, ils ont également développé deux autres jeux, mais ces derniers sont passés totalement inaperçus.
Une chose est sûre cependant, c’est que le studio suédois aime particulièrement les dystopies et la tactique.
Bref, voici venir le test de leur dernier projet. Et autant être honnête tout de suite : les développeurs ont appris de leurs erreurs, corrigé les défauts de leurs précédentes productions pour nous livrer un titre à la fois original, puissant et diablement efficace… sans pour autant être totalement dénué de défauts.
Editeur(s)
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505 Games |
Sortie France
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23 mai 2023
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PEGI
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+16 ans
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Liens | Site Officiel |
Support de test | Xbox Series |
Devil in Disguise
Dans Miasma Chronicles, vous incarnez Elvis, un mécano vivant dans un monde en ruine ; car une partie des États-Unis a été coupée du reste du monde par un étrange phénomène : le Miasme.
Ce dernier scinde non seulement le pays, mais implique également des maladies, voire la mort.
Par chance, la mère d’Elvis lui a légué un gant capable de contrôler le Miasme avant de disparaître par-delà ce dernier. Notre héros tente donc par tous les moyens d’en comprendre les rouages afin de retrouver sa mère et, ainsi, de déchiffrer quels secrets cette dernière peut bien dissimuler.
Tout comme pour Mutant: Year Zero, Miasma Chronicles joue la carte de la dystopie post-apocalyptique. Mais contrairement à son aîné, les développeurs n’ont pas fait le choix d’adapter un jeu de rôle, mais bel et bien de créer leur propre univers.
Le premier constat est assez mitigé : si le résultat est bon, il n’en demeure pas moins une réminiscence assez prégnante de l’univers dépeint dans Mutant. Et c’est sans doute la principale critique que l’on pourrait faire à ce nouveau titre : il reprend tellement d’éléments de son aîné qu’il en arrive parfois à le singer.
Et si cet écueil est logique du côté du gameplay, d’un point de vue purement scénaristique, c’est bien plus gênant.
Car la comparaison est telle que vous ne pourrez jamais vous départir de l’idée d’être devant une suite non avouée, que l’intrigue se situe dans le même univers.
Vous allez ainsi retrouver tout ce qui faisait le sel de Mutant, que ce soit dans l’ambiance, les créatures ou même les décors. Oui, tout fleure bon leur précédente production, jusqu’à un point un peu gênant.
Jamais Miasma Chronicles ne parvient à se construire une identité propre, à se séparer de son illustre prédécesseur. Le corollaire logique, c’est que les attentes des joueurs sont alors fortement influencées par leur précédente expérience.
Et si j’étais tombé sous le charme du lore du JdR de l’adaptation vidéoludique de Mutant, Year Zero n’était pas parvenu à réellement me convaincre. J’y pointais du doigt de nombreux défauts, notamment celui d’être un clone imparfait de la série X-Com qui en comprenait assez mal les mécaniques essentielles.
Voilà une transition parfaite pour se pencher un peu plus sur le gameplay…
Suspicious Minds
La première approche du nouveau titre de The Bearded Ladies ne se fait pas sans heurts. Une fois n’est pas coutume, nous sommes devant un RPG tactique occidental reprenant peu ou prou les bases posées par l’exceptionnelle série des X-Com.
Et vu mon rapport conflictuel avec la précédente production du studio, j’étais assez dubitatif quant à la qualité de leur nouveau jeu.
Commençons par la base : tout comme dans Mutant: Year Zero, vous prenez le contrôle d’un groupe hétéroclite de personnages prédéterminés. Comprenez par-là qu’il n’y a, de nouveau, aucun système de création ni de permadeath possible. Vos protagonistes sont immortels, peuvent certes tomber au combat, mais se relèvent toujours.
Le jeu met particulièrement l’accent sur l’exploration, laissant une bonne liberté au joueur de se perdre dans les différents environnements décatis qui émaillent les pérégrinations des héros.
Oui, cette partie est indubitablement bien plus agréable. Jamais vous n’aurez (sinon à quelques moments) le sentiment d’être au sein d’arènes closes où les combats s’enchaînent les uns après les autres.
Tout au contraire, Miasma Chronicles propose une certaine liberté d’exploration. Les différentes cartes sont grandes, de nombreux endroits annexes sont explorables librement et sans contraintes. Il est alors possible de récupérer du matériel ou des armes, d’accomplir des quêtes… ou de déclencher des combats.
RPG tactique dans la droite ligne de X-Com, Miasma Chronicles propose une approche désormais consensuelle et qui, si elle est bien meilleure que dans Mutant, peine toujours quelque peu à convaincre. En cause : une approche très classique et linéaire de ces combats qui, contrairement à Mutant: Year Zero ou X-Com 2, ne cherche que rarement à vous proposer des mécaniques plus originales.
Et pourtant, dans un premier temps, tout semble particulièrement alléchant. Il est fréquent de pouvoir prendre ses ennemis en tenaille, de se positionner en hauteur, voire de contourner pour piéger ses antagonistes.
Mais le problème… c’est avant tout que Miasma Chronicles est un jeu diablement facile, bien plus que ceux de la concurrence. Visiblement adressé à un nouveau public peu habitué à ce genre de productions, rares sont les situations de tension.
Pire encore, la mécanique de couverture, pourtant si chère à ce genre très précis, est particulièrement hasardeuse. Parfois, contourner un adversaire ne suffit pas à maximiser les chances de le toucher. Souvent, ce sera également le cas pour vous.
Can’t Help Falling in Love
Vous l’aurez compris, tout au long de ce test, mon avis est plus que mitigé quant au résultat final de ce Miasma Chronicles. Et je n’ai même pas évoqué les bugs parfois déroutants (ennemis invisibles ou enfouis dans les décors) qui jalonnent votre progression.
Et pourtant… je suis pris d’une douce tendresse pour le titre. Fort d’un scénario plus que sympathique, graphiquement très inspiré, à l’ambiance forte et au gameplay nerveux, Miasma Chronicles est une aventure qui marque, qui dispose de ce trop rare goût de « reviens-y ».
Car si chacun des points que j’ai pu soulever est important dans l’objectivité de ce test, il est temps de leur apporter une opposition farouche.
Oui, le jeu est facile. Mais, si de prime abord, le joueur aguerri verra poindre une once de déception, rapidement il comprendra la réalité recherchée derrière ce niveau de difficulté : la progression, que ce soit dans l’intrigue principale ou dans l’exploration, est diablement efficace, jamais interrompue. Les combats, plus courts, sont malgré tout intenses et s’enchaînent avec un plaisir déconcertant.
Le sentiment de puissance inhérent est plaisant, au point où vous mettrez en place des stratégies plus évoluées pour le seul plaisir de pouvoir vous défaire de vos adversaires sans prendre le moindre petit dégât.
Certes, l’inspiration de Mutant: Year Zero est forte. Mais contrairement à leur précédente production, les développeurs ont pu peaufiner un univers qui leur appartient et, de fait, gommer les écueils du précédent. Il n’est plus ici question de comparaison avec le matériau de base, de chercher à tout prix à intégrer une mécanique ou un point de lore pour satisfaire quelques fans désabusés.
Il en résulte une histoire originale vraiment bien écrite, disposant de protagonistes impactants et charismatiques.
Au final, les points réellement négatifs que l’on peut mettre en avant sont les bugs, des textes diablement trop petits écrits en blanc sur fond noir, ainsi que des temps de chargement visiblement issus d’un autre âge. Ce dernier point est particulièrement gênant, surtout à une époque où l’on nous promet grâce aux dernières technologies de ne plus jamais avoir à attendre avant de jouer. Ici, il faut compter une à deux longues minutes entre chaque carte.