Sorti sur consoles le 15 juin 2023 dans un déchaînement médiatique assez critique, Crime Boss: Rockay City est le tout premier jeu du studio tchèque InGame, nouveau studio d’environ 70 employés.
Vendu comme un Double A++ mettant en scène un casting impressionnant de stars de films d’action des années 90 et avec des ambitions hollywoodiennes ; le jeu a visiblement claqué un pognon de dingue pour mettre en tête d’affiche des figures bien connues des gamins de la génération Club Do’.
Est-ce que cela suffit à en faire un bon jeu ou est-ce un braquage monumental ? C’est ce que je vous propose de voir immédiatement.
Editeur(s)
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505 Games |
Sortie France
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28 mars 2023
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PEGI
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+18 ans
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Liens | Site Officiel |
Support de test | Xbox Series |
La Ville du Crime
Dans Crime Boss: Rockay City, vous incarnez Baker, un opportuniste prêt à tout pour créer son empire du crime organisé. Arrivant à Rockay City avec la ferme intention d’en prendre les rênes, il va devoir se battre afin de conquérir chaque quartier de la ville, tout en fréquentant les truands locaux ; mais aussi défier le terrible Shérif Norris, qui n’apprécie pas vraiment qu’on vienne déclencher une guerre sur son territoire.
Comme vous le verrez tout au long de ce test, Crime Boss: Rockay City met tout en œuvre pour vous plonger dans les films d’action débridés des années 90. Et le scénario est justement là pour vous le rappeler.
Très clairement, vous êtes ici pour botter des culs et mâcher du chewing-gum. Mais vous n’avez plus de chewing-gum (par pitié, dites-moi que vous avez la ref…)
Bien que le titre soit un Roguelite, l’histoire principale demeure indubitablement la même. À savoir : conquérir quartier après quartier tout en vous mesurant aux parrains locaux ainsi qu’aux forces de l’ordre, dans une construction qui n’est pas sans rappeler celle d’Empire of Sin.
Si la narration est excellente pour tout amateur de vieux films d’action, nul doute cependant qu’elle laissera de marbre tant les moins jeunes que ceux à la recherche de quelque chose de plus profond.
Car oui, qu’on se le dise tout de suite : Crime Boss: Rockay City est un bon gros nanar des familles, cochant toutes les cases possibles et imaginables de ce qui n’est plus permis de faire aujourd’hui.
Véritable capsule temporelle renvoyant à une époque où l’idéal était une virilité excessive et des catchphrases incroyablement kitsches ; le jeu d’InGame parvient parfaitement à toucher sa cible en demeurant avant tout une lettre d’amour perdue par la poste lors d’une époque révolue.
Un casting trois étoiles… il y a 30 ans.
InGame a misé une bonne partie de la communication du jeu (et visiblement du budget) sur les stars hollywoodiennes qui viennent gonfler le casting. Et autant dire que les têtes d’affiche sont bel et bien là.
Vous aurez donc le plaisir d’incarner ce bon vieux et viril Michael Madsen luttant aux côtés de Michael Rooker (dans le rôle de Touchdown) contre nul autre que l’illustre Danny Trejo, le tueur de Predator Danny Glover, le rappeur Vanilla Ice et, bien entendu, l’imbattable Chuck Norris.
Mais derrière chaque grand homme se dissimule une femme. Et cette éminence grise n’est autre que… Kim Basinger.
Pour les plus jeunes, ce sont les Expendables du pauvre, la team « seconds couteaux » ; mais dont les visages sont à jamais gravés dans l’imaginaire des enfants des années 90.
Et très clairement, on ne pouvait pas rêver meilleur casting. Vu le nombre de productions mettant en avant des artistes comme Schwarzy, Stallone ou Jet Li ; avoir enfin ces figures emblématiques du cinéma réunies dans un seul et même jeu pourrait justifier à lui seul son achat.
Bien entendu, cela ne fait pas tout… Mais le studio InGame semble avoir cramé l’intégralité du budget en royalties avant même de débuter le développement.
Un Roguelite ? Vraiment ?
Outre son casting et ses ambitions cinématographiques, qu’est réellement Crime Boss: Rockay City ?
Présenté comme un jeu hybride entre FPS coop et Roguelite, le titre d’InGame ment allègrement sur ce qu’il est réellement.
Une fois les trois premières missions terminées, vous prendrez la tête de votre cartel librement, avec comme fil conducteur l’idée de conquérir chaque quartier et de faire tomber les boss adverses.
De Roguelite, il n’a malheureusement que le nom et quelques mécaniques assez bancales. Si Baker, votre héros, meurt ; la partie se termine et vous contraint à tout recommencer (après les étapes du tutoriel).
Chaque tentative vous fait débuter dans un secteur différent et, de fait, avec des cibles potentiellement nouvelles. C’est une bonne idée, qui permet de renouveler l’expérience à chaque fois… Mais c’est bien là le seul point qui pourrait rapprocher le titre d’un Roguelite.
Aucune autre mécanique n’est mise en place pour agrémenter l’expérience ou éviter la frustration inéluctable engendrée par le fait de tout perdre.
Par chance, il est possible d’effectuer chaque mission en incarnant d’autres protagonistes. Et c’est sans doute là la meilleure idée du titre.
Empire of Sin : le FPS
Crime Boss: Rockay City dispose malgré tout de bien des propositions en plus de celle-ci. Notamment d’un minuscule côté gestion fort appréciable.
Car pour conquérir la ville, vous ne pouvez être seul. Vous avez besoin d’une véritable armée, qui se décompose en deux grandes catégories.
D’abord, vos lieutenants. Recrutables contre de l’argent, ces derniers tiennent place de « personnages jouables ». Chacun dispose d’atouts et de faiblesses, les rendant uniques. Libre à vous donc d’intégrer ceux qui vous semblent les plus efficaces, puis de les utiliser lors de vos missions.
Engager un expert en crochetage peut en effet largement augmenter vos chances de succès lors des braquages.
Mais vous êtes cependant limité dans vos actions quotidiennes, car chacune de vos recrues doit se reposer après la moindre mission (sauf Baker qui, lui, peut en effectuer deux).
Votre progression est donc limitée en fonction du nombre de lieutenants dont vous disposez… Mais ces derniers coûtent, bien entendu, de l’argent et ne sont pas immortels.
Crime Boss: Rockay City inclut en effet un système de permadeath. Vous devrez donc vous montrer particulièrement attentif lors de vos expéditions pour ne pas perdre vos meilleures recrues et rendre le jeu d’autant plus complexe.
Ensuite, vous devrez compter sur vos soldats. Ces sous-mains forment le gros de vos troupes et sont nécessaires pour les missions de conquête, mais aussi pour vous défendre des attaques adverses.
Tout comme pour vos lieutenants, ces derniers coûtent de l’argent et ne peuvent effectuer plus d’une mission par jour.
En elles-mêmes, les missions sont malheureusement assez peu diversifiées et se cantonnent à l’essentiel : braquages, hold-up, expéditions, invasions…
De plus, le titre dénote un manque clair d’ambition (ou de budget sans doute), puisque cesdites missions se situent toutes dans des zones restreintes. Pas d’Open World ni de possibilité d’exploration libre, vous finirez chacune d’entre elles en quelques minutes à peine.
Heureusement, Crime Boss: Rockay City dispose également d’autres propositions solides pour vous tenir en haleine.
Plusieurs modes de jeu sont disponibles en plus de la campagne principale. Les parties rapides offrent un moyen de redoubler l’intérêt du titre, via l’utilisation des personnages iconiques, permettant d’aborder les missions assez différemment.
Enfin, le jeu propose également une grande composante coop. Jouable jusqu’à 4, il permet de retrouver quelques sensations proches d’un PayDay sans jamais pour autant en atteindre la maestria.
Pouah c’est laid !
Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là. Crime Boss: Rockay City manque de finitions… ou, pour être plus précis, n’est pas terminé du tout !
Même sur Series, le jeu est passablement affreux. Techniquement très en retard, il tente vainement de proposer une mise en scène cinématographique qui a, a minima, dix ans de retard.
L’aliasing est omniprésent, les textures sont cubiques, les effets de lumière vraiment immondes.
Et que dire de la Direction Artistique ? Très peu inspirée et commune, elle ne rend jamais vraiment hommage aux films dont le jeu se veut l’héritier, se contentant d’être d’une sobriété totale.