Le studio indépendant Rekt Games, venu tout droit de Suède, signe avec Stilt une proposition aussi singulière que joyeusement cinétique. Disponible depuis le 8 mars 2024 sur Meta Quest 2, Meta Quest 3, PlayStation VR2 et PC VR, ce jeu de plateforme en réalité virtuelle place le joueur dans la peau d’une boule de poils intergalactique montée sur échasses, lancée dans une course effervescente à travers des mondes chamarrés pour récupérer des colis égarés. Loin des codes traditionnels du genre, Stilt mise tout sur l’agilité sensorielle, l’expérimentation motrice et l’ivresse du rebond contrôlé.
À l’heure où la réalité virtuelle explore de multiples voies, entre shooters immersifs et simulateurs contemplatifs, Stilt choisit celle du platformer réinventé par l’équilibre, de l’action tout en hauteur et du rythme syncopé. Chaque saut devient une projection, chaque glissade une danse, chaque parcours une invitation à repenser le mouvement dans l’espace. Sous ses airs de jouet exubérant, le titre cache une structure solide, un level design rigoureux et un sens du jeu immédiat.
Avec sa direction artistique éclatante, son gameplay innovant et sa promesse de défis aériens portés par la physique des échasses, Stilt s’élance dans une arène encore rare : celle des jeux de plateforme conçus nativement pour la VR. La question n’est plus de savoir s’il parvient à se démarquer, mais comment il redessine les contours du genre.
La conquête poilue de l’espace perdu
Stilt vous propulse dans le pelage dense d’un livreur cosmique, petite créature bondissante dont la mission prend une tournure inattendue lorsqu’un poulpe géant s’empare de son vaisseau et disperse ses précieux colis à travers une série de paysages étrangement colorés. Cette amorce narrative, aussi minimaliste qu’efficace, suffit à lancer une quête rythmée, verticale et dynamique, qui privilégie l’action immédiate à la construction dramatique complexe.
L’univers repose entièrement sur le regard, sur les réactions instinctives du joueur et sur l’intelligence visuelle des environnements. Votre avatar ne parle pas, mais s’exprime par ses gestes, ses rebonds, ses interactions avec le décor et les créatures croisées en chemin. Quelques figures secondaires peuplent les parcours, apportant des touches d’humour et d’étrangeté, comme autant de balises affectives dans une odyssée sans texte pesant.
La narration reste en filigrane, portée par l’évolution des situations et des défis, plutôt que par des dialogues ou des cinématiques. Le monde se raconte par la verticalité de ses niveaux, par les défis qui s’accumulent, par les objets à récupérer et les obstacles à surmonter. Cette forme de narration environnementale donne à l’expérience un caractère ludique assumé, où le plaisir de jouer prime sur l’attente d’un récit linéaire.
Les échos humoristiques qui ponctuent certains échanges ou éléments de décor renforcent cette approche légère, sans jamais diluer le sentiment de progression. Chaque zone franchie, chaque paquet retrouvé, chaque gadget activé constitue une micro-récompense narrative, une manière de faire avancer l’histoire par le mouvement plutôt que par les mots. L’ensemble forme ainsi un conte interactif aérien, où l’échasse devient plume, et le bond un langage.
L’élan maîtrisé du chaos bondissant
Le cœur de Stilt bat au rythme d’une idée limpide et audacieuse : transformer vos bras en échasses. Ce choix de game design, profondément ancré dans les capacités de la réalité virtuelle, donne naissance à une mécanique organique, sensorielle et joyeusement physique. Le joueur ne contrôle pas un personnage, il devient la créature. Chaque mouvement, chaque saut, chaque déséquilibre est une extension naturelle du corps, et l’apprentissage passe par l’expérimentation directe, sans interface intrusive ni filtres abstraits.
Les niveaux, bâtis autour de cette locomotion atypique, adoptent une logique de verticalité, de précision et d’amplitude. Le design s’enrichit au fil de la progression, introduisant des trampolines, des plateformes mobiles, des zones à friction réduite, et toute une galerie de pièges qui convoquent réflexes et coordination. Chaque niveau devient une piste de danse suspendue, un espace où le joueur compose avec la gravité et l’élan.
Les améliorations de gameplay viennent agrémenter cette base avec justesse : tir de projectiles, vol plané, rebond renforcé… autant de variations qui élargissent le champ d’action sans jamais brouiller la lecture du jeu. Ces ajouts, bien intégrés dans la montée en difficulté, permettent une approche stratégique souple, en fonction des situations rencontrées et des styles de jeu adoptés.
Le titre propose également des défis compétitifs en JcJ, où les échasses deviennent armes autant qu’outils d’évasion. Ces affrontements, dynamiques et imprévisibles, reposent sur les mêmes mécaniques que le mode solo, garantissant une continuité d’apprentissage sans fracture d’ergonomie. Le terrain devient arène, et l’agilité une condition de survie.
Le tout est porté par des contrôles intuitifs, parfaitement calibrés pour le Meta Quest 3 et les autres casques VR compatibles. Les actions s’exécutent avec une réactivité exemplaire, renforcée par un feedback visuel et sonore constant. L’interface, dépouillée et lisible, s’efface au profit d’une immersion continue, où seul le décor guide vos choix.
Stilt se distingue aussi par une structure modulaire qui encourage la rejouabilité : niveaux à secrets multiples, power-ups cachés, temps à battre, défis à relever… autant d’objectifs secondaires qui densifient l’expérience sans jamais rompre sa cohérence. L’ensemble forme une mécanique circulaire d’apprentissage, de dépassement et de découverte, pensée pour exploiter toutes les richesses d’un gameplay en VR natif.
La chromatique bondissante d’un monde suspendu
Stilt déroule une fresque ludique et effervescente, portée par une direction artistique immédiatement reconnaissable. Chaque environnement semble avoir été découpé dans un rêve de dessinateur : collines ondoyantes, temples suspendus, cratères multicolores, jungles flottantes, le tout baigné d’un éclairage éclatant et d’un spectre de couleurs saturées. La réalité virtuelle donne à ces décors une profondeur palpable, où chaque plateforme devient relief, chaque ciel devient théâtre.
Le style visuel, oscillant entre le cartoon stylisé et le pop-up interactif, évoque l’univers des jouets animés. Les formes sont simples, mais jamais simplistes. Les animations du personnage, monté sur ses longues échasses mécaniques, traduisent avec élégance chaque poussée, chaque déséquilibre, chaque reprise d’élan. Le tout est fluide, dynamique, cohérent, et toujours parfaitement lisible, même en pleine action.
Les effets visuels viennent appuyer le rythme du jeu : étincelles aux points d’impact, traînées de lumière dans les sauts prolongés, ondes colorées lors des bonus récupérés. Tout respire l’énergie cinétique et l’enthousiasme du mouvement. Cette générosité visuelle n’entrave jamais la clarté des situations, chaque élément de décor ou de gameplay étant distinctement identifiable, sans surcharge ni flou.
Côté son, Stilt propose une bande-son entraînante et malicieuse, portée par des compositions légères, dynamiques et accrocheuses. Chaque monde possède sa propre identité musicale, oscillant entre les sonorités électroniques bondissantes, les percussions légères et les envolées mélodiques. La musique s’adapte au tempo du joueur, accompagnant ses montées, ses vols et ses atterrissages avec un sens du rythme affirmé.
Les effets sonores apportent un ancrage sensoriel subtil à chaque action : les chocs, les glissements, les rebonds, les bonus, tout sonne juste. Le mixage sonore assure une hiérarchie claire entre bruitages, ambiance et musique, offrant une lecture immédiate et instinctive de chaque situation. Cette précision renforce le sentiment d’incarnation dans un corps bondissant, et la satisfaction d’un gameplay où le son devient allié du geste.
L’ensemble dessine un monde sonore et visuel cohérent, qui célèbre la légèreté, l’expérimentation et le plaisir du mouvement. Stilt invite à l’exploration non seulement par ses mécaniques, mais aussi par la beauté tactile de ses environnements, où chaque bond est aussi une promesse visuelle.
Les leviers invisibles d’une expérience aérienne
Au-delà de sa structure purement ludique, Stilt déploie une architecture technique solide, pensée spécifiquement pour les casques de réalité virtuelle les plus récents. Sur Meta Quest 3, l’optimisation est immédiate : les temps de chargement sont brefs, les mouvements du joueur captés avec une réactivité parfaite, et la latence minimale garantit une expérience fluide même dans les phases les plus exigeantes. La physique des échasses, véritable colonne vertébrale du gameplay, repose sur une modélisation stable et réaliste, ce qui permet une appropriation progressive sans rupture de rythme.
Le jeu propose un mode multijoueur JcJ en ligne, accessible depuis le menu principal. Ce dernier permet de participer à des courses, des défis ou des affrontements plus ludiques, dans des arènes spécifiquement conçues pour la compétition. Les mécaniques de base restent identiques au solo, ce qui crée une continuité naturelle entre les différents types d’expérience. Les affrontements se veulent rapides, chaotiques, mais toujours lisibles, et le matchmaking s’effectue avec fluidité. L’expérience communautaire s’enrichit de classements et de récompenses cosmétiques, qui viennent stimuler la rejouabilité tout en conservant un esprit bon enfant.
L’interface utilisateur, pensée pour la VR, privilégie la lisibilité et l’immédiateté. Les menus flottants, les choix contextuels et les options d’aide sont intégrés de manière transparente à l’environnement, sans jamais rompre l’immersion. Les tutoriels s’activent au fil du parcours et introduisent chaque nouveauté de gameplay au bon moment, avec clarté et concision. Les retours haptiques, en particulier sur Meta Quest 3, accentuent encore le sentiment d’impact et d’équilibre, rendant chaque perte ou reprise de stabilité parfaitement sensible.
Côté accessibilité, Stilt propose des paramètres de confort modulables selon les besoins de chacun : vignettage optionnel, ajustement de la vitesse, recentrage automatique, système de calibration de la hauteur… Ces options permettent à une large gamme de joueurs, y compris ceux moins familiers avec la VR, de profiter du jeu dans des conditions optimales.
Enfin, la durée de vie est solidement soutenue par la densité des niveaux, les secrets à collecter, les améliorations à débloquer et les performances à optimiser. La progression ne se limite pas à l’achèvement des niveaux, mais s’étend aux classements en ligne, aux défis de vitesse et à l’exploration minutieuse des décors. Cette approche par strates garantit un retour constant de la motivation, au service d’un gameplay aussi accessible qu’exigeant.
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