
Shibatarian est un manga de Katsuya Iwamuro paru le 30 Octobre 2024 aux Éditions Panini. Il se compose de 208 pages.
Alors qu’une pluie d’étoiles filantes est sur le point de tomber, Satô découvre un collégien enterré sous un cerisier jusqu’au cou. (Au Japon, le collège dure de 13 à 16 ans.) Satô l’extirpe de sa prison terreuse, convaincu que sans son aide, le malheureux serait certainement mort. Shibata le remercie en expliquant que c’est une bande de lycéens qui s’est amusée à le planter là ; puis il invite Satô à venir regarder un film chez lui. Shibata possède une belle collection de VHS et de DVD. Sa maison est très grande, ses parents ne sont pas là, il se sent seul. Alors il propose à Satô de revenir le voir. Finalement, son nouvel ami revient chaque soir pour visionner un nouveau film avec lui.
L’école organise le festival culturel qui propose des démonstrations individuelles ; en arts plastiques le thème est libre. Shibata propose à Satô de monter un film d’horreur avec Watari, la déléguée de classe. Étrangement, cette dernière ne voit pas Shibata, pas plus que le reste du monde… Satô est le seul à le voir…
Les trois adolescents montent leur film, mais la salle d’audiovisuel préfère diffuser le match de foot ; de fait, personne ne pourra le voir. Satô se fait molester au passage et souhaite la mort de ces abrutis. Il songe que : « Ce serait tellement bien… que tous les habitants de la Terre soient comme toi, Shibata… » Ce vœu a des conséquences ; Shibata disparaît pendant 5 ans, après quoi il refait surface pour remettre un ticket de cinéma à Watari qui le voit pour la première fois. Ce Shibata est conforme à la description que Satô lui en a faite. Watari transmet ledit ticket à son ami, pressé de revoir Shibata.
Satô, très heureux de revoir enfin son ami, se précipite au cinéma. Ils regardent le film ensemble, seulement, Shibata a changé… Lui qui aimait les happy ends les déteste à présent. Dans une atmosphère lugubre, tous les gens présents dans la salle perdent leur visage pour arborer celui de Shibata. Ces Shibata grouillent dans la salle de cinéma tout entière. Satô s’enfuit, s’évanouit ; Watari l’aide du mieux qu’elle peut.
Shibata agit en respectant son script, écrit il y a 5 ans : c’est le méchant de l’histoire, il doit tuer tous les anciens élèves de l’école. Satô et Watari se défendent du mieux qu’ils peuvent, mais il suffit à Shibata d’éternuer pour qu’une de ses dents déploie un nouveau Shibata, à l’infini !
Satô et Watari essaient de survivre ensemble, assistant à des horreurs tout au long de leur fuite. Ils finissent par atterrir dans une piscine municipale qui semble contenir certains secrets liés à Shibata…
Katsuya Iwamuro raconte une anecdote : il a essayé de jouer de l’Electone (orgue électronique) pour se préparer au concert qu’il devait donner en fin d’année avec ses amis. N’ayant pas le talent ni la motivation, il a préféré lire des mangas chez lui plutôt que de pratiquer. Juste avant le concert, son professeur lui a donné un tambourin. Ses amis jouaient de l’Electone sur scène, et lui tapait sur son tambourin de toutes ses forces avec le sourire. Son père lui a dit ensuite que c’était ça le rock’n’roll.
Au bout de 6 années sur l’Electone, Katsuya ne sait jouer qu’un morceau : le thème principal des Gremlins. Il souhaitait créer une histoire dans laquelle il aurait de plus en plus d’amis ; c’est chose faite avec Shibatarian qui nous propose un récit horrifique qui rappelle Tomie, de Junji Ito, dans sa faculté de se multiplier et de semer l’horreur. En revanche, contrairement à elle, Shibata semble régi par le script qu’il a créé avec Satô. Tous deux portent d’ailleurs le même nom de famille : Hajime.
Lors de leur rencontre, Shibata confie qu’il incarne un cerisier, rôle déterminé dans le cadre du festival du collège, puis que des lycéens l’ont planté là. Mais en analysant la situation, planter signifie aussi planter un couteau. J’ai tendance à penser que Shibata est mort, que Satô a pu le voir 20 ans après grâce à cette pluie d’étoiles filantes rare et l’a déterré, libérant quelque chose. Cependant, ça n’explique pas pourquoi Shibata connaît déjà le prénom de Satô. Le massacre qu’il commet ensuite prend en revanche tout son sens : Shibata se venge des étudiants qui l’ont tué à travers le script. Ce ne sont pas les mêmes individus, mais ils vont dans la même école ; par ailleurs, Satô les déteste.
Le rythme est rapide au niveau de la narration et les transitions temporelles assez abruptes. On peut passer d’une case à l’autre sans transition marquée qui pourrait nous renseigner sur le changement de temporalité.
La tension est intronisée de manière plutôt brutale, car on rencontre un Shibata sympathique qui disparaît ensuite pendant 5 ans, laissant le lecteur perplexe en changeant d’époque 5 ans plus tard sans la moindre scission. Que s’est-il passé durant ces 5 années ?
Pour en revenir à la fuite de Satô et Watari, ils n’ont de réel répit qu’un court moment dans l’aquarium, avant que le danger ne se réinstalle. On se demande, en découvrant une pièce bien singulière, le lien qu’a Shibata avec cet endroit et ce que sont ces monstruosités…