Rien, c’est quelque chose ? Questions d’enfants et réponses zen est un livre de Thich Nhat Hanh illustré par Charlotte des Ligneris. Paru aux éditions Pocket Junior le 22 Août 2024, il se compose de 32 pages.
L’illustre Thich Nhat Hanh a réuni des questions que les enfants lui ont posées un jour. Il essaie de répondre avec sagesse, en qualité de moine bouddhiste ; cet homme est presque aussi réputé que le dalaï-lama en France, notamment grâce au Village des Pruniers. En 1967, Martin Luther King a soutenu sa candidature pour le prix Nobel de la paix. Ce monsieur est né en 1926 et décédé en 2022 à l’âge de 95 ans au Vietnam, qui l’a vu naître. Son livre « Enseignements sur l’Amour » est une référence encore aujourd’hui.
Voici la liste des 30 questions (la 30ème en inclut d’autres, adressées directement à Thich Nhat Hanh, surnommé Thây) :
Pourquoi est-ce que le monde existe ? Rien, c’est quelque chose ? Dieu, il ressemble à quoi ? Combien de temps je vais vivre ? Pourquoi est-ce que le soleil est si chaud ? La pleine conscience, c’est quoi ? Pourquoi y a-t-il des jours où tout va bien et des jours où rien ne va ? À quoi ça sert de recycler les choses ? On ne peut pas juste les jeter ? Pourquoi les gens se font-ils la guerre ? J’aime mon grand-père mais il est mort… Comment faire pour qu’il soit encore près de moi ? Comment rester calme, alors que je vois tant de vilaines choses dans le monde ? Comment apprendre à aimer quelqu’un qui aime d’autres choses que moi ? Pourquoi est-ce que je me sens parfois si seul, comme si personne ne m’aimait ? Comment faire avec mes émotions ? Tu fais quoi quand tu as peur ? Comment faire pour arrêter de m’inquiéter tout le temps ? Qu’est-ce que je peux faire quand je me sens triste ? Comment réconforter quelqu’un qui va mal ? Comment l’aider à se sentir mieux ? Pourquoi est-ce que les enfants regardent la télévision ? Quand mes parents ont divorcé, ils se sont beaucoup disputés. Pourquoi est-ce qu’ils ne peuvent pas vivre ensemble ? Pourquoi mon frère est-il toujours si méchant avec moi ? Comment reconnaître un véritable ami ? J’ai un problème avec quelqu’un mais je suis bien trop timide pour oser lui parler. Qu’est-ce que je peux faire ? Pourquoi ai-je parfois l’impression que tout le monde est contre moi ? Je viens de changer d’école. Comment faire pour avoir de nouveaux amis. La méditation, c’est quoi au juste ? Et pourquoi les gens méditent-ils ? Pourquoi est-ce que certaines personnes écoutent le son d’une cloche pour méditer ? Pourquoi est-ce que les moines et les moniales ne mangent pas de viande ? C’était qui, Bouddha ?
Qui est Thich Nhat Hanh ? Thây, tu viens d’où ? Tu as quel âge ? Comment vas-tu ? Tu habites où et qu’est-ce que tu fais ? C’est comment au Village des Pruniers ? Thây, est-ce que tu fais du sport ? Comment fais-tu pour parler devant tant de gens sans être stressé ? Je me demandais si tu aimais ton travail… Pourquoi as-tu voulu être moine ? Pourquoi est-ce que les moines et les moniales se rasent la tête ? Pourquoi est-ce que tu salues devant ton assiette, à table ? Tu te souviens de certaines de tes anciennes vies ? Tu as déjà fait exprès du mal à quelqu’un ? Tu as commencé quand à pratiquer la paix ?
La respiration consciente. La marche en pleine conscience.
L’auteur s’ancre dans la pleine conscience et introduit la respiration comme clé essentielle pour soigner la colère, l’anxiété ; les maux de l’âme. Il use de recul pour essayer d’apporter des réponses aux enfants avec son expérience, riche d’un long parcours jalonné de méditations.
Si je suis entièrement d’accord sur sa démarche de compassion et de méditation, certains points m’interrogent. Inclure la religion ne me pose pas de problème, en revanche : « Combien de temps je vais vivre ? » « J’ai une excellente nouvelle pour toi ! Si tu regardes bien en profondeur chaque chose, tu verras que ta vie est éternelle. Tu ne vas jamais mourir, juste changer de forme. » Je pense sincèrement qu’évoquer la transmigration de l’âme à un enfant minimise l’impact de la mort. On leur enseigne justement la prudence, éviter de se mettre en danger ; prétendre qu’ils ne vont jamais mourir revient à les rendre immortels. Si l’âme l’est, ce n’est pas le cas du corps et le sujet demeure trop subtil pour des enfants qui risquent de déformer cette démarche, initialement bienveillante.
« Rappelle-toi : si tu respires ou si tu marches en pleine conscience, tu te sentiras tellement bien que tout ce qui t’embêtait avant disparaîtra tout seul, comme par magie. » Le fait de marcher et de respirer ne va pas annihiler la souffrance d’un enfant qui vit des événements terribles. L’alléger, pourquoi pas, mais pas la faire disparaître comme par magie.
« Ne cherche pas à ce qu’elle soit comme toi tu la voudrais. » Je suis entièrement d’accord avec cette phrase, sauf que le contraire est stipulé plus loin : « Si nous parvenons à montrer plus de compassion, plus de patience, à offrir plus d’amour et de compréhension, alors nous pourrons aider l’autre à changer plus facilement. » Je pense que le terme s’épanouir aurait été plus approprié pour une meilleure compréhension, car la formulation « aider l’autre à changer » sonne comme une coercition. Car, quand on aime quelqu’un, on ne cherche pas à le changer, on l’accepte tel qu’il est. En revanche, je suis entièrement d’accord sur le fait que répandre le bonheur… cultive le bonheur !
« Pourquoi est-ce que je me sens parfois si seul, comme si personne ne m’aimait ? » « Parfois, les gens sont distraits et ils oublient de dire qu’ils t’aiment. Lorsque tu as l’impression que personne ne t’aime, je te propose de regarder la nature. » La nature, si merveilleuse soit-elle, ne peut substituer l’amour qui relie les parents à leur enfant. C’est un besoin vital, fondamental. C’est aux parents de valoriser et sécuriser leur enfant, de leur montrer qu’ils les aiment ; pas seulement avec des mots, mais aussi des petites attentions au quotidien.
« Pourquoi est-ce que les enfants regardent la télévision ? » « Parfois, quand un adulte n’a pas le temps de s’occuper des enfants, il va se servir de la télévision ou des jeux vidéo comme d’une sorte de baby-sitter. » Si je suis d’accord sur le fait que certains adultes agissent de la sorte, je pense qu’il ne faut pas extrapoler. Les dessins animés rapprochent les enfants d’une même génération qui ne se connaissent pas et développent ce point commun, peu importe leur région. Ça crée des liens instantanément et permet une meilleure intégration sociale en primaire / au collège grâce à ce partage.
Outre cela, il faut souligner la profondeur des propos de Thich Nhat Hanh. « On boit les nuages chaque jour, mais on ne s’en rend pas compte. » Une manière poétique de nous rappeler que nous sommes connectés avec la Terre et l’univers.
J’ai recueilli le message de l’auteur ; je suis dans la même démarche de compassion et d’harmonie entre moi et le monde. Un est tout, tout est un ; un principe que l’on retrouve également en Alchimie.
La respiration, que Thich Nhat Hanh aborde sans cesse, est effectivement cruciale. On la retrouve sous l’appellation de Prâna en Ayurvéda, qui le décrit ainsi : c’est un mot sanskrit qui signifie souffle et énergie vitale. Il anime tous les êtres vivants, comme le Chi. On travaille le souffle avec des techniques appelées Pranayama. Ça améliore la santé physique et mentale afin d’atteindre un état de conscience supérieur. En somme, le Prâna relie le corps physique et l’esprit.
Les illustrations chamarrées de Charlotte des Ligneris collent à merveille avec les thèmes abordés. J’aurais aimé que cet ouvrage soit plus long, mais la démarche demeure claire en dépit de son format très court.
Travailler la pleine conscience est idéale dès le plus jeune âge. Cela donne de bonnes habitudes pour la pratiquer une fois adultes afin de rester connecté à soi-même et ne pas se laisser troubler par l’extérieur.