A paraitre ce 27 septembre 2024, Reynatis, développé par FuRyu et Natsume Atari, propose un univers où la magie coexiste avec la réalité moderne dans un Shibuya contemporain. Ce RPG d’action, disponible sur Nintendo Switch, PlayStation 4, PlayStation 5 et PC, plonge les joueurs dans une intrigue captivante où les forces de l’ordre et les utilisateurs de magie s’affrontent pour déterminer le futur de la ville. Mais est-ce que Reynatis parvient vraiment à briller dans un genre très concurrentiel ?
L’intrigue de Reynatis est centrée sur le conflit entre deux personnages principaux : Marin Kirizumi, un sorcier en quête de liberté absolue à travers le pouvoir magique, et Sari Nishijima, une agente de la Magical Enforcement Agency (MEA). Cette dernière tente de contrôler et de réguler l’utilisation de la magie dans une ville où ses abus peuvent entraîner le chaos. L’histoire se déroule dans une version moderne de Shibuya, une ville où certains citoyens, autrefois morts, reviennent à la vie sous forme de sorciers.
Ce cadre pose la question de la régulation du pouvoir : jusqu’où peut-on aller pour maintenir l’ordre sans nuire aux libertés individuelles ? Le joueur alterne entre ces deux perspectives, passant d’un personnage à l’autre, chacun ayant ses propres motivations et idéaux. Marin cherche à libérer la magie de toute contrainte pour réaliser son plein potentiel, tandis que Sari croit fermement en la nécessité de réglementer ce pouvoir pour protéger les citoyens.
Cette lutte entre liberté et sécurité est au cœur du récit, et elle est bien représentée à travers les dialogues et les choix que le joueur doit faire. Certains moments du jeu soulèvent des questions éthiques intéressantes : le pouvoir peut-il être librement exercé sans conséquences pour autrui ? L’intrigue de Reynatis, bien qu’ambitieuse, souffre cependant d’un rythme inégal et d’une structure parfois confuse. Les événements se déroulent sur une seule nuit, rendant le scénario difficile à suivre en raison de la densité des informations et des nombreux termes magiques complexes utilisé. Pour ne rien arranger, le titre n’est disponible qu’en anglais. L’absence de localisation est clairement un frein, tant à la compréhension de cet univers dense qu’à l’appréciation de l’intrigue.
L’un des points forts de Reynatis réside dans son système de combat dynamique, qui demande une gestion intelligente de la magie. Vous devez jongler entre deux modes de combat : Suppression et Libération. En mode Suppression, les personnages se concentrent sur l’esquive et la régénération de leur mana, leur permettant de se préparer à des attaques plus puissantes. En revanche, en mode Libération, ils déploient toute leur puissance magique pour lancer des attaques destructrices, mais au prix d’une consommation rapide de leur mana.
Cette mécanique de gestion des ressources ajoute une dimension stratégique aux combats, vous obligeant à faire preuve de prudence et de réflexion. Les combats ne se résument pas à de simples affrontements frénétiques : il faut planifier les moments où l’on attaque et ceux où l’on se retire pour recharger ses ressources. Cette alternance entre attaque et défense rend chaque combat unique, surtout lors des affrontements contre des boss où chaque erreur peut coûter cher.
Le système d’esquive, clé de voûte du gameplay, permet non seulement de régénérer le mana mais aussi de contrer les attaques ennemies. Il ajoute une dimension tactique aux combats, mais sa gestion imprécise dégrade l’expérience, d’autant que la fenêtre d’action est particulièrement courte. Cela est particulièrement vrai lors des affrontements avec des boss, qui mettent souvent à l’épreuve votre capacité à gérer efficacement vos ressources tout en anticipant les attaques de vos ennemis.
En dépit de ces quelques imperfections, le système de combat reste l’un des points forts de Reynatis. La variété des personnages, chacun ayant ses propres compétences et styles de combat, offre une véritable richesse dans les affrontements. Combiner leurs forces pour élaborer des stratégies efficaces est essentiel pour progresser, surtout face aux ennemis les plus coriaces.
Si l’idée de se déplacer dans un Shibuya magique est alléchante, l’exploration dans Reynatis reste malheureusement limitée. Le jeu propose une série de petites zones urbaines reliées par des temps de chargement particulièrement longs sur Nintendo Switch, ce qui donne l’impression d’un monde morcelé plutôt qu’un grand espace ouvert à parcourir. Contrairement à des jeux comme The World Ends With You, où chaque coin de rue regorge d’activités et de découvertes, Reynatis se contente de proposer des environnements assez vides, où peu d’interactions significatives ont lieu.
Les quêtes secondaires, bien qu’elles apportent quelques éléments supplémentaires de lore, se répètent souvent et manquent de variété. Elles se résument principalement à combattre des ennemis ou collecter des objets dans les mêmes quelques zones restreintes. Il est rare d’être surpris ou véritablement investi dans ces missions annexes, qui semblent davantage être là pour prolonger artificiellement la durée de vie du jeu plutôt que pour enrichir l’expérience de manière significative.
Cependant, l’introduction de portails magiques qui mènent à des donjons labyrinthiques offre une certaine diversité. Ces derniers permettent de varier un peu les environnements, et les combats qui s’y déroulent sont plus exigeants que dans les zones extérieures. Le joueur doit explorer ces labyrinthes, résoudre des puzzles et affronter des vagues d’ennemis pour progresser, mais le manque de diversité visuelle et la répétitivité des textures (notamment dans les zones de forêts ou de canyons) peuvent rapidement devenir lassants.
Visuellement, Reynatis ne parvient pas à impressionner. Les graphismes rappellent ceux d’une époque révolue, avec des modélisations de personnages simplistes et des textures qui semblent avoir été étirées depuis des plateformes plus anciennes comme la PlayStation 2 ou la PS Vita. Les environnements, bien que conceptuellement intéressants, manquent de détails et de vie, ce qui est dommage pour un jeu qui se déroule dans une ville aussi dynamique que Shibuya.
Les animations, en particulier lors des cinématiques, manquent de dynamisme et sont rigides. Les personnages manquent d’expressions faciales convaincantes, et les cutscenes sont souvent statiques, ne parvenant pas à capturer l’intensité émotionnelle que certaines scènes tentent de transmettre. Même si ces limitations graphiques n’affectent pas directement le gameplay, elles réduisent l’impact visuel et narratif du jeu.
L’un des aspects les plus remarquables de Reynatis est sans conteste sa bande-son, composée par Yoko Shimomura. Shimomura, célèbre pour son travail sur des titres emblématiques comme Kingdom Hearts et Final Fantasy XV, parvient une fois de plus à créer une ambiance sonore en parfaite adéquation avec l’univers du jeu. Chaque morceau de musique est soigneusement ajusté pour correspondre aux différents moments de l’aventure, qu’il s’agisse de combats épiques ou de moments plus contemplatifs.
Les compositions de Shimomura varient entre des thèmes héroïques et épiques pour les phases de combat, et des mélodies plus subtiles et introspectives pour les moments d’exploration ou les scènes narratives. Cette diversité musicale contribue à renforcer l’immersion dans le monde de Reynatis, offrant au joueur une expérience sensorielle complète qui compense, en partie, les faiblesses techniques du jeu. La musique joue un rôle central dans la création d’une atmosphère unique et envoûtante, soulignant à la fois les enjeux dramatiques du récit et la beauté mélancolique de Shibuya.