Retour à la librairie Morisaki est la suite du roman La Librairie Morisaki de Satoshi Yagisawa. Paru le 04 Septembre 2024 aux Éditions Hauteville, il se compose de 192 pages.
Takako a surmonté sa mélancolie. Désormais, elle ne vit plus au premier étage de la librairie Morisaki que gère son oncle Satoru, mais y passe régulièrement. Ce dernier, occasionnellement secondé par son épouse, Momoko, qui est revenue vivre avec lui ; accueille des clients très variés dans leur vieille boutique.
Takako travaille dans un bureau et dès qu’elle a un peu de temps libre, elle se rend dans la librairie Morisaki. Elle conserve de bons souvenirs de cet endroit et la lecture est devenue une amie inestimable.
Satoru est un homme pleurnichard et bourru. Il gère la boutique tout comme les générations précédentes l’ont fait avant lui. Il adore sa nièce, même s’il la taquine beaucoup. Momoko, sa femme, est enjouée, pleine d’entrain et occupe un poste de serveuse dans le restaurant voisin, même s’il lui arrive de passer à la boutique pour l’épauler et préparer du thé.
Cette librairie d’occasion est un lieu chaleureux et accueillant en dépit de l’odeur de moisissure qui émane des très vieux livres ; un espace hors du temps qui relie les passionnés à Jinbôchô. Les habitués aiment s’y retrouver et ce sont les fétichistes de livres rares qui leur permettent de tenir ce lieu à flots, sans quoi il fermerait.
Au fil des semaines qui s’écoulent, Takako apprend que Tomo, sa meilleure amie, cherche « Le Rêve doré » un livre qui n’est recensé nulle part. Takano, qui est amoureux de Tomo, épluche tous les bouquinistes à la recherche de ce livre mystérieux… Takako commence elle aussi à l’aider, mais la boutique de son oncle de le vend pas et il n’en a jamais entendu parler. Leur quête se prolonge, jusqu’à ce qu’ils en discutent directement avec l’intéressée…
Si la première partie du livre se focalise sur l’aspect slice of life (tranche de vie), on bascule dans les thèmes de la maladie et du deuil par la suite. Rédigé avec émotion et authenticité, cette seconde partie est beaucoup plus prenante et happe le lecteur au cœur du drame.
Toutefois, la narration au passé composé utilisée pour les ¾ du livre, mélangeant imparfait et présent dans une même séquence ; déstabilise. D’ordinaire, un roman s’écrit soit intégralement au présent, soit à l’imparfait, ce deuxième cas de figure intégrant le passé simple lors des actions. Le passé composé est employé pour décrire un acte achevé ; ici il est utilisé pour remplacer le présent qui aurait dû être introduit intégralement pour une lecture fluide et plus appropriée. Ce choix, donc, choque l’œil et le cerveau à chaque ouverture du livre. Néanmoins, ce livre parvient à se lire facilement après les premières minutes d’étonnement quotidien.
Pour en revenir à la thématique du deuil, un des protagonistes de l’histoire décline au fil des saisons, ils savent qu’il va mourir même si physiquement, il n’y a aucun signe extérieur. Ils doivent profiter de chaque instant et parvenir à surmonter ce moment en acceptant l’aide des autres. Ne pas rester enfermés dans la tristesse, réussir à dépasser ce chagrin pour connaître d’autres moments de joie, c’est ce que souhaiterait le protagoniste qui s’éteint à la fin de ce livre.
Adorant le Japon, j’ai très vite trouvé mes marques et j’ai apprécié ce moment en compagnie de Takako et de ses proches. Ce petit roman est sensible, alcyonien, entier.