PTSD Radio est un manga de Masaaki Nakayama paru le 16 Octobre 2024 aux Éditions Mangetsu. Il se compose de 320 pages.

L’horreur s’emmêle

PTSD Radio est un univers singulier. À l’instar de La Mélancolie de Haruhi Suzumiya et de Kara no Kyoukai, l’histoire est racontée dans le désordre. Cet agencement nous propose des chapitres très courts (excepté à la fin), qui se superposent d’une époque à une autre.

Les chapitres sont paginés sous forme de fréquences radio. L’effet est des plus troublants lors de certains passages qui les exaltent ; mais c’est réellement la scission entre chaque chapitre qui suscite l’angoisse. Une image qui évolue d’une histoire à l’autre, amenant une figure cauchemardesque. À mesure que le lecteur progresse dans sa lecture, cette tête défie l’interprétation. Est-ce que le visage est à l’endroit ou à l’envers ? Si on le retourne, on distingue un sourire plutôt qu’un rictus à l’endroit. Et le fait que cette silhouette « bouge » d’un chapitre à l’autre instille une certaine venette, d’autant que la lecture commence juste à côté et donne l’impression d’être réellement observé.

Chevelure occulte

Le thème de ce Tome 1 se concentre sur les cheveux. Ils sont tirés par des forces invisibles, donnent naissance à des entités infâmes… Et tout cela est lié à la divinité Ogushi, censée accompagner l’âme des morts. Mais la statue de cette divinité s’est fait corrompre par un soldat qui a menti aux parents de son défunt ami. En revenant du front, il a décidé d’aller trouver un coiffeur et d’assembler une mèche de cheveux pour consoler les parents en prétendant qu’il s’agissait de celle de leur fils décédé, loin de se douter que cela attirerait le malheur… Un violent coup sur la tête d’Ogushi, des années plus tard, a brisé ses cornes ; achevant de répandre les ténèbres contenues en ces lieux…

C’est une histoire qui se superpose à d’autres ; Sato demeurant le personnage principal que l’on suit de son enfance, lorsque sa grand-mère lui coupe les cheveux pour éloigner l’entité qui la traque, à sa vie de jeune femme, hantée par les cauchemars…

Angoisse temporelle

L’horreur dépeinte ici s’apparente surtout à l’angoisse. Bien sûr, il y a des passages graphiquement morbides, mais on en retient surtout une sensation dérangeante. Au début du manga, Sato se voit elle-même dans la vitre du train, sans cheveux ni dents, avec une expression grotesque ; la boucle est bouclée dans cette fameuse vitre, qui ressemble à une fréquence radio, induisant le futur de Sato.

Les fréquences radio ne sont pas explicitées, bien qu’elles figurent dans le titre de l’œuvre. Les lecteurs restent dans le flou à ce sujet dans ce premier tome. Peut-être que le suivant apportera des éclaircissements ?

Si ce découpage temporel est intéressant pour perdre le lecteur et instiller l’épouvante en l’étalant de manière sporadique ; j’aurais aimé pouvoir tout comprendre à la première lecture. Les subtilités exigent de connaître tous les éléments qui sont fournis ultérieurement.

Pour autant, est-ce que PTSD Radio se rapproche de l’univers de Junji Ito ? Certains plans, oui, notamment lorsque Sato se voit dans la vitre. Les silhouettes humaines, dénaturées par l’horreur. Les entités effroyables ; le découpage, parfaitement maîtrisé, qui introduit la vision d’épouvante sur la page suivante après l’avoir anticipé intelligemment.

Si on ne comprend pas tout à la première lecture, PTSD Radio laisse une empreinte particulière, on y pense encore après, on imbrique les éléments ensemble pour que l’histoire apparaisse sous son jour entier.