Pokémon Let’s Go est un jeu de capture de monstres issu de la franchise la plus lucrative de l’univers. Sorti le 16 novembre 2018 en deux versions (Évoli et Pikachu), il vous promet de revivre la toute première aventure sous un regard totalement neuf. Car cette fois-ci, le joueur n’incarne ni Red, ni Blue, ni Green (qui sont les couleurs du drapeau de l’Azerbaïdjan, au passage) ; mais bien un tout nouveau protagoniste dans une aventure plus accessible et destinée aux enfants autant qu’aux néophytes.
Editeur(s)
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Nintendo |
Sortie France
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16 Nov. 2018
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PEGI
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+7 ans
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Liens | Site Officiel |
Support de test | Nintendo Switch |
Un jour je serai le meilleur dresseur !
Premier jeu de la licence à sortir sur Switch, Pokémon Let’s GO se présente plus ou moins comme un remake non assumé de la version « Jaune », sortie en 1997 sur Gameboy pour surfer sur le succès du dessin animé. Contrairement aux autres épisodes de la série, cet opus ne vous laisse pas le choix de votre Starter (votre premier monstre de poche). Pas de panique cependant : toutes les créatures sont bien entendu trouvables à l’intérieur du titre… ou presque.
La première chose que le joueur note, c’est que son Pokémon de départ est… spécial. Dans d’autres circonstances, d’aucuns pourraient même le dire « cheaté ». Bien plus fort que l’intégralité des autres représentants de son espèce (ainsi que de tous les Pokémon présents dans ces versions, d’ailleurs) et incapable d’évoluer ; il jouit de plus du luxe de pouvoir apprendre des attaques inédites.
Il est d’ailleurs amusant de constater que ces dernières ne sont pas non plus disponibles dans les itérations plus récentes de la licence, même en transférant ce Pokémon dans les nouvelles versions. Dans les faits, il est tout à fait possible de venir à bout de l’intégralité des dresseurs adverses, champions et Conseil des Quatre inclus, sans jamais avoir recours à une autre créature.
Un tel degré de facilité, jamais vu auparavant dans une licence qui pourtant a la mauvaise réputation d’être de moins en moins exigeante ; frise tout simplement le ridicule. Le joueur avisé cherchant un peu de plaisir dans son aventure aura tôt fait de remiser son compagnon dans une boîte, ou en dernière place de son équipe, afin de retrouver ne serait-ce que l’ombre du challenge d’antan.
Malgré cette aide exceptionnelle offerte dès le début de l’aventure ; c’est bien l’ensemble du titre qui se veut encore plus simple. Que ce soit au niveau des captures, du gain d’expérience et de niveaux, ou même de l’intelligence artificielle.
Et que nous nous comprenions bien : je ne parle pas ici de problème de codes, mais de choix volontaires de l’équipe de développement. L’I.A. n’a que peu évolué au gré des générations, mais elle est maîtrisée. Ici, elle fait simplement le choix de ne pas vouloir gagner les différentes batailles. À cela s’ajoute la présence d’un multi-exp activé dès le début, des dresseurs aux Pokémon d’un niveau moindre et moins revêches, l’accès à ses boîtes depuis n’importe où ; vous permettant de comprendre que pour GameFreak, « accessibilité » rime avec « facilité ».
Un point de facto négatif et surtout incompréhensible. À l’époque déjà, les premières versions de Pokémon se destinaient aux enfants ; sans pour autant proposer une aventure aussi simple. C’en serait presque insultant pour les jeunes joueurs. Même pour un enfant de 6 ou 7 ans, à qui ce titre semble s’adresser (bien que je ne saurais que trop vous conseiller d’attendre qu’il soit en âge de maîtriser plus que correctement la lecture tant il y a de textes), ce Pokémon Let’s GO ne serait proposer un défi amusant. Fi de toute réflexion ou stratégie, il est possible désormais de gagner en utilisant en boucle encore et toujours les mêmes compétences.
Retour à Kanto…
Pour tout trentenaire qui se respecte, le passage par la case « Pokémon » est pratiquement une obligation. Car à l’époque de la sortie du premier opus, nous étions pile le public cible et la « pokémania » prenait de court le monde entier. Pokémon Let’s Go est le deuxième remake de cette fameuse première génération (sans compter les portages) en 22 ans.
Si de prime abord l’amateur peut sembler surpris de (re)voir cet opus mis en avant au détriment des autres, il faut saluer le fait qu’il ne s’agisse QUE du troisième remake. Mais est-il toujours aussi plaisant de parcourir Kanto aux côtés des cent cinquante-et-une créatures de base ? Nonobstant le niveau de difficulté sur lequel j’ai suffisamment devisé, il peut être intéressant de regarder du côté des changements véritables.
Mais avant cela, il faut comprendre une petite (mais importante) subtilité dans les termes employés : vous êtes bel et bien ici en présence d’un remake. Et non d’un remake DU remake. Comprenez par là que Pokémon Let’s Go ignore tout simplement l’intégralité des nouveautés apportées par les versions Rouge Feu et Vert Feuille. Fini donc les nouvelles zones, le Endgame, les Pokémon issus de la seconde génération, les mini-jeux, le MemoryDex ou encore le Cherche VS.
L’intérêt s’en trouve donc largement amoindri, puisque certains de ces ajouts augmentaient drastiquement la durée de vie du titre. Dans cette version, une fois l’aventure achevée, le joueur aura tôt fait de ranger sa cartouche.
Côté scénario, vous retrouvez à l’identique ce qui vous était proposé dans la version Jaune, soit en incluant l’arc narratif propre à la Team Rocket. Aucune réelle surprise pour les connaisseurs, donc, qui ne pourront apprécier que de subtiles différences. Les nouveaux, en revanche, seront conquis, puisque le titre raccroche facilement les wagons avec la série animée en incluant directement des personnages bien connus.
… Mais en plus beau
Bien entendu, cette nouvelle version de Kanto apporte son lot d’améliorations non négligeables. Et le premier vient sans nul doute de son aspect visuel. Disons-le tout de suite : Pokémon Let’s Go est sans nul doute le plus beau jeu Pokémon paru à ce jour. Plus encore qu’Épée et Bouclier ou Écarlate et Violet. Tout dans cette version est mis en exergue pour chatouiller agréablement la rétine.
Que ce soit le côté glossy et chatoyant de l’image, le design général des personnages, des créatures et des lieux, ou encore les animations parfaitement fluides. Redécouvrir Kanto sous son plus beau jour est un réel plaisir et ne laisse pas indifférent, surtout au regard des épisodes qui ont suivi. Il est d’ailleurs parfaitement incompréhensible que l’équipe de développement n’ait pas tout simplement conservé le moteur graphique de cet opus pour les suivants.
Parfaitement adapté à la console, le jeu ne souffre jamais du moindre bug d’affichage ni de ralentissement. Pour tout amateur de la série télévisuelle, l’aventure est plaisante (que ce soit en mode portable ou TV). Jamais jeu Pokémon ne vous a fait autant voyager en assumant pleinement une direction artistique mignonne et soignée.
Enfin, il faut ajouter que les interactions avec vos chères créatures ont rarement été aussi prenantes, vivantes, impactantes. La possibilité vous est offerte de chevaucher plusieurs d’entre eux (d’Arcanin à Onyx en passant par Roucarnage ou encore Dracaufeu), de leur permettre de vous suivre et même de jouer avec.
Bien entendu, le gros du travail a été fait sur votre starter qui, à l’instar du Pikachu de Sacha dans la série animée, refuse de rester dans sa Pokéball. Il se balade donc soit sur votre épaule soit sur votre tête, se lançant dans les batailles via de fort belles animations. Vous pouvez également jouer avec, le coiffer, l’habiller… sa queue fait même office de Cherch’Objets, frétillant lorsque vous approchez d’une Pokéball dissimulée !
Pourtant, tout n’est pas tout rose non plus dans l’univers de Pokémon Let’s Go. Il est impossible d’omettre les lacunes techniques de cet opus, même en prenant en compte sa direction artistique particulièrement satisfaisante. Une fois de plus, le titre de GameFreak est très en retard. L’aliasing est omniprésent, les animations faciales réduites à leur strict minimum, les doublages tout simplement inexistants.
Et il est tout de même regrettable de constater qu’encore une fois le studio fournit le minimum d’effort ; tout en «proposant» deux versions de son titre culte. Si sur Gameboy cette décision était logique, du aux limitations de la machine ; nous sommes ici littéralement en présence du même jeu, vieux de plus de 20 ans, vendu 90€ pour les deux versions.
C’est difficilement acceptable, d’autant que les différences entre ces deux versions sont minimes. Outre le starter (les détenteurs du jeu estampillé Évoli débutent leur aventure avec un Évoli, et ceux ayant fait l’acquisition de l’édition Pikachu avec… un Pikachu), une dizaine de Pokémon exclusifs et une tenue inédite ; il n’y a strictement aucune différence entre les deux jeux. Aucune. Qu’il est loin, le temps où les disparités étaient notables. Que ce soit en terme de scénario, de légendaires ou de design de villes ; certains opus ont su par le passé proposer une vraie plus-value (comme les troisième, cinquième et sixième générations), et ce n’est malheureusement pas le cas de cet opus.
Let’s a–GO !
Mais à qui s’adresse ce Pokémon : Let’s GO ? C’est la question légitime que vous êtes en droit de vous poser. La réponse n’est guère aisée, même une fois le titre entre vos mains et ces premiers constats posés. Le plus logique serait bien entendu de penser aux joueurs de Pokémon GO.
Visiblement fait pour surfer sur le succès incontestable du jeu mobile, Pokémon Let’s GO décide d’opérer un virage drastique dans ses mécaniques de gameplay pour vous offrir une expérience se rapprochant plus du titre de Niantic… mais sur console de salon. Ainsi, les captures des différentes créatures qui croisent votre route n’ont plus rien à voir avec ce que vous avez connu.
Fini le fait de les « affaiblir » avant de lancer vos balls. Maintenant, tout se fait avec le Motion Control et un système de cercles concentriques… à l’instar de Pokémon GO. Oui, il s’agit exactement du même gameplay, jusqu’à l’utilisation des baies pour les calmer. Un accessoire (la Pokéball+) est même vendu (à part) pour faire office de manette Switch (compatible Android également). D’ailleurs, vous pouvez jouer avec un seul et unique Joy-Con.
Si ce choix particulier peut rebuter dans les premiers instants ; il devient rapidement plaisant. On enchaîne les captures, on se prête au jeu de la collection ; d’autant qu’attraper un grand nombre de créatures identiques revêt encore plus d’avantages : les chaînes vous octroient la possibilité de rencontrer des spécimens avec de meilleurs IV (pour simplifier, des Pokémon plus puissants), de trouver plus facilement des Chromatiques ; et même des Pokémon rares (comme les starters iconiques de la première génération).
De plus, lorsque vous le désirez, vous pouvez simplement envoyer vos captures inutiles directement au Professeur Chen ; qui se fera un plaisir de vous les « échanger » contre des bonbons permettant de booster votre équipe. Une mécanique sympathique, mais qui aurait gagné à être intégrée dans un jeu proposant un réel challenge.
Bien entendu, les utilisateurs de Pokémon GO pourront retrouver leurs créatures préférées dans le GO Park, remplaçant du fameux Parc Safari à mon plus grand désarroi.
Le vrai point noir du titre concerne justement cette prise en main… et plus précisément l’absence de choix totalement injustifiée. Comme dit plus haut, le Motion Control est de mise par défaut. Mais quid de ceux désirants jouer en mode portable ou des possesseurs de Switch Lite ? Eh bien GameFreak a pensé à tout, puisque pour eux un mode « classique » est disponible.
Vous pouvez ainsi jouer « à l’ancienne », soit avec la croix directionnelle et les boutons. Pourtant, cette prise en main… ne peut tout simplement pas être sélectionnée en mode TV ! Vous êtes en effet contraints d’utiliser le Motion Control si vous souhaitez jouir d’une qualité d’affichage optimale.
Une décision surprenante de la part de GameFreak, n’allant pas du tout dans le sens de l’accessibilité pourtant promise par le titre. Les joueurs ayant des difficultés avec cette prise en main, en incapacité et autres personnes souffrant de troubles de coordination seront contraints de jouer en mode portable.
Pour finir, il faut aborder le multijoueur. Ce dernier, promis dans l’ensemble des trailers et communications autour du titre, est tout simplement un fieffé mensonge. Ici, « jouer à deux » signifie que votre ami se contente de contrôler une copie de votre protagoniste, incapable d’interagir avec son environnement et ne pouvant utiliser que le 2e Pokémon de votre équipe. L’ensemble des combats se feront donc en 2 contre 1, vous donnant encore un nouvel avantage.