Planetarium Ghost Travel est un manga de Sakana Sakatsuki, paru aux Éditions Le Renard Doré le 13 Novembre 2024. Il se compose de 252 pages.
L’Agent 303 est un voyageur stellaire dévoué à la préservation culturelle de la PGT (Planetarium Ghost Travel). Il voyage dans l’espace afin de récolter des informations précieuses qu’il répertorie dans ce but.
Les gens sombrent dans un étrange sommeil qui les transforme en Arbres de Tobias. Leurs souvenirs se cristallisent sous la forme de <Baies Rouges>. Ces dernières sont toxiques, quiconque les mange devient à son tour un arbre ; excepté l’agent 303 qui est immunisé, son corps ne fabrique pas de T-ADT. À cause de cette étrange maladie, de nombreuses planètes sont classées comme étant endormies, car la majorité de leurs habitants se sont transformés en arbre. L’agent 303 s’y rend donc pour recueillir les souvenirs les plus précieux.
<Baies Rouges>
À bord de son Passel, un monocycle futuriste, l’Agent 303 explore l’espace et enregistre des connaissances extrêmement variées. Il peut faire de longs détours pour profiter du panorama, même s’il tient son métier à cœur, comme inscrire la Bibliothèque de la Voûte Étoilée au patrimoine culturel. Nul ne connaît son vrai nom, il se prénommait déjà Agent 303 en arrivant à la PGT. Beaucoup de mystère l’entoure et le fait qu’il puisse manger les <Baies Rouges> intrigue beaucoup ceux qui croisent sa route.
L’Agent 303 a une jambe mécanique qui ne semble pas l’incommoder. Il ne se sépare jamais de son écharpe, qui couvre quelque chose de précieux pour lui juste en dessous. Toujours souriant, il représente une énigme pour l’agent 505 qui nourrit des sentiments très forts à son égard.
L’Agent 303 dévore les souvenirs des gens endormis. Ces fameuses <Baies Rouges> et semble plus intéressé par les gens en phase de <Germination> que les vivants. Une réelle réflexion se pose autour de cette maladie. Est-ce que les gens doivent la rejeter, l’accepter ? La réponse est très personnelle, ces derniers doivent se confronter à leur passé pour appréhender cette fatalité.
Ce volume 1 conduit l’Agent 303 dans une boutique sur le point de fermer ses portes. Il fait ses emplettes et découvre un stylo Memento : ce qu’il écrit se délite en sable lorsqu’il secoue le papier. La vendeuse explique que l’on peut récupérer ce sable et le ranger dans un flacon, comme pour un amour impossible qui ne sera jamais livré à son destinataire, mais exprimé sous cette forme. Il y a une certaine poésie dans les réflexions abordées, comme celle-ci.
L’agent 303 découvre ensuite des cigarettes de nectar, fabriquées à partir de plantes. Le vendeur a succédé à son frère, mais ne parvient pas à trouver la recette exacte qu’il utilisait pour les confectionner. Au contact de l’Agent 303, il ne se sent plus seul, voire même protégé durant son sommeil.
Puis, l’Agent 303 se rend dans la Bibliothèque de la Voûte Étoilée qui contient de nombreux livres. Ce lieu onirique est parcouru d’un canal dans lequel se reflète les étoiles. Une gondole dérive à sa surface, c’est de toute beauté.
Enfin, l’Agent 303 retourne à l’Hôtel du Sommeil qui le ramène en ville. Il y passe souvent et prend le temps de discuter avec les gens en phase de <Germination> qui n’ont plus que 10 jours avant de se transformer en Arbre de Tobias. Il discute avec eux, se renseigne sur leur livre préféré, qu’il lit pour échanger sur ce sujet ; leur plat préféré, etc…
Toutes ces rencontres abordent un aspect philosophique. Ceux qui partent, ceux qui restent ; comment appréhender ce sommeil qui fauche les gens ? Existe-t-il un moyen de les réveiller ?
La poésie est très présente, tant sur les réflexions que les décors qui valorisent l’espace et sa majesté, tout en introduisant des personnages au graphisme mignon. L’immensité est omniprésente, mais ne laisse pas un sentiment de solitude intérieure ; ce n’est pas vraiment un univers post-apocalyptique. Bien qu’on sache que la planète bleue relève désormais du mythe, l’ambiance reste extrêmement douce-amère avec cette maladie dont on ignore tout, aux allures de malédiction de conte de fées.
La narration est poétique, mélancolique même. C’est un voyage futuriste au sein duquel notre Terre n’existe plus, léguant quelques livres qui sont tombés dans l’oubli, car la langue s’est perdue, les pages se sont arrachées.
Planetarium Ghost Travel m’a fait penser à Kino no Tabi : Kino voyage sur sa moto prénommée Hermes, de monde en monde. Ils ne restent pas plus de 3 jours au même endroit et croisent toutes sortes de bizarreries. J’ai vu cet anime de 2003 il y a fort longtemps, il a eu droit à un remake en 2017. Fort heureusement, je suis convaincue que Planetarium Ghost Travel conservera cette atmosphère contemplative sans jamais introduire de contenu trop sombre ; c’est ce qui fait sa force ! Le Renard Doré s’applique à publier des œuvres de qualité dotées d’onirisme, de poésie et de graphismes kawaii.
Ici, le trait est mignon, les décors fourmillent de créativité. Beaucoup d’objets s’invitent dans ce quotidien futuriste qui suscite la rêverie. Planetarium Ghost Travel compte 4 volumes en tout ; initialement, il s’agissait d’un artbook qui a inspiré ce manga. Nul doute que chaque volume apportera son lot de voyage et de contemplation.