Amazon Games est un studio qui a suscité bien des attentes lors de ses débuts dans le domaine du jeu vidéo, notamment avec le lancement initial de New World en 2021 sur PC. Ce MMO ambitieux avait, à l’époque, divisé la communauté en raison de ses problèmes techniques et de sa direction parfois incertaine.
Trois ans plus tard, en octobre 2024, le studio tente un retour en force avec New World: Aeternum, une version remaniée et considérablement améliorée du jeu d’origine, désormais disponible sur consoles. Si le nom reste le même, cette édition introduit une pléthore de nouveautés et corrige de nombreux défauts, espérant une résurrection digne de Final Fantasy XIV.
Mais est-ce suffisant pour racheter les erreurs passées et offrir une véritable renaissance à l’île d’Aeternum ?
Le scénario de New World: Aeternum reste centré autour de l’exploration de l’île mystérieuse d’Aeternum, une terre où la magie et l’immortalité dominent. Le joueur incarne un naufragé qui découvre les secrets de ce monde dangereux, aux côtés de factions rivales et de créatures surnaturelles. Ce cadre se heurte cependant à une intrigue principale qui, dans la version 2021, manquait de profondeur et de moments véritablement marquants.
Dans cette version remaniée d’octobre 2024, Amazon Games a fait des efforts considérables pour enrichir cette trame narrative. L’un des changements notables est l’introduction de personnages non-joueurs entièrement doublés en français, ce qui donne plus de consistance aux dialogues et aux interactions avec les personnages. Cela ajoute un sentiment d’immersion plus fort et rend l’exploration du monde plus agréable. Le joueur peut désormais ressentir plus d’attachement aux personnages qu’il rencontre, renforçant ainsi son investissement émotionnel tout au long d’une histoire riche et puissante.
La structure narrative s’articule toujours autour des trois factions principales : les Maraudeurs, le Syndicat et l’Alliance. Chacune d’elles propose une vision unique du contrôle d’Aeternum, et l’intrigue principale évolue selon la faction que vous choisissez. Bien que cette composante narrative soit restée relativement intacte, des quêtes scénarisées supplémentaires ont été ajoutées pour étoffer le lore et l’histoire de certaines régions spécifiques, apportant ainsi une meilleure compréhension des origines d’Aeternum et de ses mystères.
Malgré ces améliorations, les quêtes secondaires souffrent encore d’un manque cruel de variété. Elles se basent souvent sur des mécaniques de gameplay classiques, telles que la récupération d’objets ou l’élimination de créatures, sans apporter de moments particulièrement mémorables, et multiplient les allers-retours particulièrement longs. Cela constitue un problème persistant, surtout dans le deuxième tiers de l’aventure, qui, comme à l’époque, souffre d’une progression très lente et peu engageante.
Cependant, l’ajout de donjons et de quêtes spéciales dans cette version Aeternum donne une meilleure structure au récit et permet d’offrir des moments plus marquants lors des combats contre des boss ou des moments clés de l’intrigue. Un bon point qui amenuise un peu l’ennui des quêtes secondaires et des moments plus calmes.
L’un des points forts de cette version Aeternum est sans doute la richesse accrue du lore. Les joueurs ont désormais accès à davantage d’informations sur les origines de l’île et les secrets qui entourent cette terre maudite. De nouvelles quêtes narratives permettent de mieux comprendre les forces mystérieuses en jeu sur l’île, notamment le rôle des puissances immortelles qui façonnent la destinée des habitants et des factions d’Aeternum. Cela offre aux joueurs plus curieux la possibilité de s’immerger dans l’histoire du jeu avec plus de détails.
Le monde d’Aeternum, cette mystérieuse île baignée de magie et peuplée de créatures surnaturelles, conserve tout son charme visuel, mais bénéficie désormais de plusieurs améliorations graphiques et d’une attention accrue aux détails environnementaux. Alors que la version 2021 se contentait de proposer des paysages parfois trop homogènes, New World: Aeternum introduit de nouveaux biomes, allant des déserts arides aux montagnes enneigées. Ces ajouts visent à rendre l’exploration plus dynamique et variée, un élément essentiel pour les joueurs cherchant à s’immerger dans un monde vaste et diversifié.
La transition vers les consoles nouvelle génération, notamment la Xbox Series, permet au jeu de profiter pleinement de sa puissance pour afficher des graphismes en haute résolution avec des textures plus fines et des effets de lumière spectaculaires. Le mode 4K, bien que visuellement impressionnant, peut toutefois occasionner des baisses de framerate, un compromis que certains joueurs jugeront acceptable pour profiter d’une expérience visuelle plus nette. De plus, les trois options de paramétrage graphique (Performance, Qualité et 4K) permettent une personnalisation en fonction des préférences de chaque joueur.
L’une des critiques majeures faites à la version originale de New World concernait ses nombreux problèmes techniques : bugs, déconnexions fréquentes et une optimisation insuffisante qui grevait l’expérience de jeu. Sans parler des cheaters et autres exploitations de glitchs qui ont rapidement ruiné l’expérience. Avec la sortie de Aeternum, Amazon Games a visiblement pris à cœur ces retours et a effectué un travail d’optimisation qui se ressent. Les performances graphiques sont sensiblement améliorées avec un framerate stable, même dans les zones fortement peuplées ou lors des batailles PvP à grande échelle.
Les temps de chargement, autrefois jugés excessifs, ont été réduits de façon significative, grâce à l’utilisation du SSD des consoles nouvelle génération. Cependant, certains problèmes techniques subsistent encore. Des ralentissements, notamment, peuvent encore survenir lors des affrontements massifs impliquant de nombreuses entités en jeu, ou dans des environnements particulièrement denses en détails graphiques. De plus, la persistance de bugs mineurs dans les menus ou encore des soucis d’interface peu ergonomique qui, bien qu’adaptée à la manette, peut encore sembler trop rigide par moments.
Par ailleurs, la stabilité des serveurs est un domaine où Amazon Games a indéniablement progressé. Là où la version 2021 souffrait de files d’attente interminables et de déconnexions fréquentes, Aeternum bénéficie de serveurs beaucoup plus fiables. Il n’est plus question de perdre du temps à attendre pour se connecter, et les guerres de factions massives sont désormais jouables sans les interruptions qui étaient fréquentes par le passé. Il est également à noter que la plupart des serveurs sont désormais multi-plateformes, permettant ainsi aux joueurs de se retrouver indépendamment de leur plateforme.
L’un des changements les plus attendus dans cette version console était sans doute l’introduction des archétypes, ou classes de personnages. Là où la version originale de 2021 permettait aux joueurs de façonner leur personnage librement dès le départ, Aeternum propose désormais une sélection de classes prédéfinies, chacune offrant un style de jeu distinct. Cette structure donne plus de clarté dès les premières heures de jeu et permet aux nouveaux joueurs de s’orienter plus facilement dans les mécaniques du jeu.
Chaque classe débute avec deux armes spécifiques, que vous pouvez améliorer ou changer au fil du temps. Ce système d’armes modulables offre une grande flexibilité, puisqu’en changer permet de modifier de rôle ou de classe sans avoir à recréer un personnage de zéro. Autrement dit, Amazon Games est parvenue à l’exploit de trouver le juste milieu entre archétype et liberté. Les compétences sont liées aux différents types d’armes, et il n’y a aucune restriction de classe. Libre à vous, si vous le souhaitez, de débuter avec une classe de lanceur de sorts pour ensuite vous orienter vers un gameplay au corps à corps.
Cette mécanique très libre permet aux joueurs désirant être guidés de rester sur la voie de leur archétype, tandis que les autres peuvent expérimenter diverses branches et combinaisons jusqu’à trouver celle qui leur correspond le mieux. Au final, New World: Aeternum offre tout simplement l’un des meilleurs systèmes à ce jour, totalement personnalisable.
Ce changement s’accompagne aussi d’une révision des mécaniques de combat, qui intègrent davantage d’éléments issus des jeux action-RPG. Contrairement aux combats traditionnels de MMO basés sur la gestion de compétences et de sorts via des barres de raccourcis, New World: Aeternum met l’accent sur des combats plus dynamiques, où chaque coup doit être calculé avec soin. Plus le joueur progresse, plus ce système s’avère complexe et exigeant.
Le PvP reste l’un des piliers de New World, et cette version Aeternum continue d’amplifier cette dimension compétitive. Les Guerres de Factions, où des groupes de joueurs s’affrontent pour le contrôle de l’île, sont toujours au cœur du jeu, avec des batailles massives qui peuvent réunir des dizaines de participants. L’une des nouveautés les plus intéressantes est l’ajout de machines de siège, qui apportent une dimension plus stratégique aux combats de territoire. Ces outils permettent d’attaquer et de défendre des forteresses avec une plus grande variété d’options tactiques. Il est également à noter le travail d’ampleur effectué pour réduire les bugs et autres glitchs qui, à l’époque, avaient conduit le jeu à sa perte. Il est désormais impossible d’exploiter les failles de ce dernier, et les batailles se déroulent correctement.
Cependant, les batailles PvP à grande échelle souffrent encore de problèmes techniques. Des ralentissements surviennent lors des combats les plus intenses, même si la stabilité générale du jeu s’est améliorée par rapport à la version PC de 2021. Les développeurs ont réussi à limiter les déconnexions intempestives et à fluidifier l’expérience, mais certains ajustements restent nécessaires pour garantir une expérience PvP pleinement satisfaisante.
Comme dans tout MMO, la communauté de joueurs constitue un pilier central de l’expérience de New World: Aeternum. Le jeu a toujours cherché à trouver un équilibre entre des mécaniques PvP (joueur contre joueur) et PvE (joueur contre environnement), mais cette version 2024 continue de montrer une légère préférence pour les activités compétitives. Les Guerres de Factions, où les joueurs s’affrontent pour le contrôle de territoires, restent l’un des éléments phares de New World, et les nouvelles mécaniques de siège introduites dans cette version ne font que renforcer cet aspect.
Cette dominance du PvP peut parfois aliéner les joueurs qui préfèrent un contenu plus coopératif ou axé sur l’exploration. Si des efforts ont été faits pour enrichir le contenu PvE avec des quêtes scénarisées et des donjons plus complexes, il est clair que l’équilibre n’est pas totalement atteint. Rejoindre une faction ainsi qu’une compagnie de premier ordre est essentiel pour parvenir à pleinement exploiter le potentiel du titre, au détriment des groupes plus petits qui ne font que subir les guildes plus importantes.
C’est particulièrement vrai avec le système de domination, qui permet à une Compagnie de prendre le contrôle d’une région afin de lui permettre de se développer, offrant aux joueurs qui la visitent, par exemple, de meilleurs postes de travail (et de fait la possibilité de fabriquer des objets plus puissants). Les guerres sont fréquentes et passionnantes, bien que les plus petites guildes soient malheureusement laissées de côté.
Malgré cela, la communauté reste active et les interactions sociales sont nombreuses. Les systèmes de guildes et d’alliances permettent aux joueurs de former des groupes solidaires, facilitant la progression dans les quêtes les plus ardues ou dans l’artisanat collectif. Toutefois, la question de la rétention des joueurs à long terme se pose toujours, et il sera crucial pour Amazon Games de continuer à offrir du contenu supplémentaire via des extensions ou des événements saisonniers pour maintenir l’intérêt de la communauté sur le long terme.
L’artisanat a toujours occupé une place centrale dans New World, et la version Aeternum continue d’enrichir cet aspect avec de nouveaux systèmes de progression. Désormais, les métiers tels que le minage, la pêche et la fabrication d’équipements ne se limitent plus à de simples activités secondaires, mais ont un véritable impact sur le déroulement du jeu, notamment dans l’économie interne d’Aeternum. La récolte de ressources rares est plus gratifiante, et certains archétypes offrent même des bonus spécifiques dans certaines compétences d’artisanat, encourageant une spécialisation qui était moins marquée dans la version originale.
L’économie est toujours dirigée par les joueurs, qui peuvent revendre leurs productions autant que leurs créations via une place de marché très simple d’utilisation et didactique. Gagner de l’argent passivement est donc simple, même si certains joueurs particulièrement assidus continuent de tenter de casser le système en proposant des prix excessivement bas, tirant l’économie vers la déflation.
Un autre ajout majeur est le système d’armes légendaires, qui permet aux joueurs de fabriquer des objets puissants dotés de caractéristiques uniques. Cette fonctionnalité, bien que coûteuse en termes de ressources et de temps, donne aux joueurs expérimentés une nouvelle manière de se démarquer. L’aspect collaboratif est également renforcé, car la création de ces armes exige souvent une coopération entre joueurs pour obtenir des matériaux rares ou des schémas spécifiques, un aspect qui encourage encore davantage l’interaction entre les membres des différentes factions.
Malgré ces ajouts, le grind nécessaire pour progresser dans l’artisanat, un mal bien connu dans les MMO, est toujours aussi important. Le système reste très exigeant et demande souvent de longues heures d’efforts pour obtenir des ressources rares ou améliorer des compétences spécifiques. Bien que ce soit une norme dans les jeux de ce genre, la version Aeternum ne semble pas avoir entièrement corrigé ce problème et se contente de copier ce qui se fait ailleurs, sans imaginer d’alternatives viables.
Un modèle économique particulièrement sain ?
New World: Aeternum continue sur la lancée de sa première version. Contrairement à beaucoup de MMO modernes, le titre copie le système économique de Guild Wars, à savoir un prix fixe à l’achat du titre (59 €), mais aucun système d’abonnement. Une boutique cosmétique est présente, ainsi qu’un pass saisonnier permettant de débloquer diverses ressources et récompenses.
Si ce modèle est clairement l’un des plus sains possibles, il pose des questions quant à la pérennité du jeu. Sans abonnement mensuel et avec une boutique cosmétique particulièrement pauvre (et chère), le jeu semble tout droit s’orienter vers un nouvel échec. Les joueurs semblent pour l’instant au rendez-vous, mais la stratégie marketing autour du titre pose également question.
La principale source d’inquiétude vient sans doute de sa période de sortie, soit en même temps que l’extension de Diablo IV mais, surtout, que l’autre MMO-RPG signé Amazon Games : Throne and Liberty. Voir ces deux titres en concurrence directe peut devenir source d’inquiétude, surtout en sachant que ce second titre est free-to-play et a su rassembler un nombre impressionnant de 336 000 joueurs en simultané, contre 54 000 pour New World: Aeternum.
Pourtant, New World: Aeternum a tout pour réussir : une équipe de développement impliquée et à l’écoute de sa communauté, le souci de bien faire et l’envie de proposer un MMO riche, original et impactant. Souhaitons-lui une belle et longue vie.