Mortal Kombat 1 est présenté comme le reboot de la plus célèbre licence de jeux de kombat de l’histoire du médium. Sorti le 14 septembre 2023 sur l’ensemble de supports et toujours développé par NetherRealm Studio ; cet opus promet de partir sur de nouvelles bases, plus éloigné de la dernière trilogie de la série. Un véritable retour aux sources pétris de bonne intention et indubitablement jouissif dans sa forme, peut-être un poil moins dans son fond.
Editeur(s)
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Warner Bros. Games |
Sortie France
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19 septembre 2023
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PEGI
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+18 ans
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Liens | Site Officiel |
Support de test | Xbox Series |
Kano. Liu Kang. Raiden. Johnny Cage. Scorpion. Sub-Zero. Sonya…
Si, après avoir lu les noms de ces personnages, la chanson Techno Syndrome de The Immortals s’est mise à tourner en boucle dans votre esprit; alors vous êtes indubitablement autant fan de la licence que moi.
Après avoir littéralement traversé l’intégralité des générations de consoles et touché un nombre considérable de joueurs ; Mortal Kombat semble avoir trouvé une formule parfaitement adaptée à son style tout en justifiant ses heures les plus sombres et autres errances passées.
Car n’importe quel fan ayant tenté d’établir une chronologie ou une quelconque logique dans les événements narrés dans les divers opus en est indubitablement venu à une conclusion simple : c’est n’importe quoi.
Par chance, en 2011 NetherRealm décide d’établir un premier reboot intégral de la série avec une nouvelle trilogie dont le premier opus s’intitulait sobrement « Mortal Kombat », suivi en 2015 de « Mortal Kombat X » puis enfin de « Mortal Kombat 11 ». Et si cette nouvelle formule a été saluée tant par les joueurs que par la critique, force est de constater que demeurait encore quelques points de détails de l’intrigue qui ne collaient pas.
Rassurez-vous, les plans du studio semblent désormais plus clairs et valident totalement les théories les plus folles. Car, contrairement à ce que l’on pourrait croire de prime abord, Mortal Kombat 1 n’est en rien un reboot de la série. Au pire peut-on parler de « soft-reboot », bien que dans les faits il s’agit plus d’un nouveau volet de l’histoire, une suite assumée reprenant là où les événements du dernier se sont arrêtés.
Vous retrouvez donc un Raiden devenu mortel vivant une jeunesse insouciante avec son meilleur ami Kung-Lao ; jusqu’à ce que les ninjas (de Chine) du clan Lin-Kuei (incarnés par Sub-Zéro, Scorpion et Smoke) viennent leur chercher querelle.
Bien entendu, tout ceci n’était qu’une mise en scène de la part de Liu Kang, devenu à la fin de l’opus précédent le nouveau Protecteur du Royaume Terre (et accessoirement le dieu du Feu et de la Foudre), afin de les tester dans le but de les enrôler.
Vous l’aurez compris : Mortal Kombat 1 suit une histoire alternative dans une Terre parallèle à celle des événements de la trilogie précédente. Ce pan de l’histoire est d’ailleurs corroboré par Liu Kang lui-même, lorsque ce dernier dit aux deux comparses que « la Terre que vous connaissez n’est qu’une partie du Royaume Terre ». Mais cessons de digresser, et passons à la suite sans plus de spoil.
Cherchant à écrire une nouvelle version de l’histoire emblématique de la série, ce Mortal Kombat 1 pose des bases scénaristiques très intéressantes et diablement efficaces. L’introduction canonisée des univers parallèles permet en effet d’avaliser totalement l’intégralité des opus précédents, tout en apportant un vent de fraîcheur à la série.
Principal point positif de cette nouvelle intrigue : vous découvrez des personnages plus jeunes et, surtout, bien plus typés. La majorité des combattants disposent enfin de traits physiques proches de leurs origines ethniques et ne ressemblent plus à des caricatures hollywoodiennes.
Déjà débuté dans les précédents volets, ce virage est ici encore plus marqué et s’accompagne de graphismes d’une qualité remarquable. C’est bien simple : Mortal Kombat 1 compte tout simplement parmi les plus beaux jeux de kombats existants.
Malgré tout, on pourra lui reprocher quelques animations parfois encore un peu rigides, notamment concernant les personnages secondaires ; ou quelques textures un peu moins qualitatives. C’est la problématique avec ce genre de productions haut de gamme : le moindre grain de sel dans ce rouage si bien huilé saute immédiatement aux yeux.
Structurellement, vous retrouvez ce qui a fait le succès de la trilogie précédente ; à savoir une mise en scène cinématographique particulièrement détaillée entrecoupée de kombats.
Malheureusement, à l’instar des opus déjà sortis, cette composition ne rend clairement pas hommage au titre. Les cinématiques, bien que particulièrement impressionnantes, sont nombreuses et longues. Bien plus que les phases de gameplay. Il en résulte toujours cet étrange sentiment d’être devant une œuvre hybride, entre le film et le jeu-vidéo, qui ne sait pas exactement comment se positionner.
Pis encore, ici vous êtes bel et bien face à une nouvelle intrigue reprenant majoritairement des personnages et des grandes lignes bien connues. La surprise est donc, durant une large partie du mode histoire, pratiquement absente. Outre les différences significatives liées à cette histoire de monde parallèle que seuls les fans apprécieront à sa juste valeur, les habitués pourraient y trouver une redondance guère optimale.
Les nouveaux, eux, risquent au contraire d’être particulièrement perdus par cette abondance de scénario d’une large vacuité. La narration se perd régulièrement en sous-intrigues tout sauf passionnantes, étirant chaque scène bien trop en longueur pour en devenir réellement immersive.
Prenons pour exemple cette fameuse introduction mettant en scène Kung-Lao et Raiden contre le clan du Lin Kuei. Si le joueur est surpris de découvrir un Dieu de la Foudre mortel et ami avec le moine, si la nouvelle relation qui unit désormais Sub-Zero, Scorpion et Smoke est également étonnante ; toute cette très longue scène d’un peu moins d’une heure n’est entrecoupée que de quatre malheureux kombats.
Quid de l’intrigue ? On pourrait la résumer ainsi : Raiden et Kung-Lao travaillent aux champs. Après une dure journée de labeur, ils décident d’aller manger dans un restaurant. Pour savoir qui va payer l’addition, ils se battent. Le repas se déroule, jusqu’à l’arrivée du clan Lin Kuei. Smoke et ses sbires tentent de voler la gérante, nos deux héros s’interposent, et un kombat contre Smoke débute. Sub Zero et Scorpion arrivent pour un nouvel affrontement entrecoupé de petites blagues très « Marvel » dans l’esprit ; puis Liu Kang interrompt le pugilat pour révéler les ficelles du scénario aux deux protagonistes.
Dans une production cinématographique traditionnelle, ce passage aurait durer moins d’un quart d’heure. Il s’étire ici, bien trop pour en être agréable, sur une heure entière.
Ce grief est d’autant plus important qu’il perdure tout au long du titre, jusqu’à la toute fin. Et si l’intrigue est bonne, ces longueurs nuisent à son appréciation… ainsi qu’aux phases de gameplay, qui semblent totalement dissonantes avec le reste de la production.
Et bien entendu, une fois n’est pas coutume, ce mode histoire n’a pour autre but que d’introduire l’intégralité du casting, de vous présenter l’ensemble des protagonistes et leur prise en main, avant de vous lancer dans le « vrai » jeu. De nouveau, lors de la précédente trilogie cette marouflerie passait encore, bien qu’elle s’étiolait sur le dernier opus. Dans ce Mortal Kombat 1, vous avez seulement le sentiment qu’aucun effort n’a été fait pour réellement renouveler la licence, comme si NetherRealm se contentait de réutiliser une formule gagnante sans prendre le moindre risque.
Choose your destiny
Outre ce fameux mode histoire, présent pour poser les nouvelles bases de la licence, Mortal Kombat 1 dispose de pléthore d’autres manières de s’amuser. Pensé pour tenir plusieurs années, le titre regorge de contenus de qualité.
Vous retrouvez tout d’abord les fameuses Tours, héritières du mode arcade des précédents opus. Il vous faut monter au sommet, tout en battant l’intégralité des kombattants qui se dressent sur votre route. En somme, une option classique mais toujours aussi efficace ; d’autant qu’elle a le mérite d’ignorer les longueurs de l’intrigue pour vous plonger directement dans le cœur de l’action.
Signe de la velléité claire du studio de supporter le jeu sur la durée, le mode « invasion » propose un scénario original différent à chaque nouvelle saison. Cette idée est excellente, bien que le premier contenu disponible soit assez anecdotique. Reste à voir si sur la durée les futurs histoires seront de meilleure qualité. Chose inattendue cependant, ce mode n’est pas disponible en VF contrairement au reste du titre. Il faut vous contenter d’une V.O. sous-titrée… à condition de ne pas oublier d’activer les sous-titres avant de vous lancer.
Viennent ensuite les modes Versus : en local, en ligne ou en tournois (uniquement sur la même console).
Le menu personnalisation vous permet de modifier différents éléments cosmétiques de vos personnages ou des Kaméos (j’y reviendrai ultérieurement) à l’aide d’items débloqués en jouant. Enfin, vous pouvez librement dépenser les pièces durement gagnées lors de vos affrontements dans le sanctuaire afin de débloquer des récompenses aléatoires.
Test your might
Qui dit jeu de kombats dit bien entendu… kombats. Et sur ce point précis, Mortal Kombat 1 tente un virage complet pour mieux sublimer sa formule.
La gestion des jauges a été grandement simplifiée. Fini les multiples barres, ici une seule et unique gère l’intégralité des coups spéciaux. Plus simple à comprendre pour les néophytes sans rien sacrifier à la complexité de son système, cette nouvelle fonctionnalité pourtant simple apporte son petit vent de fraîcheur à la série.
La volonté de simplification ne s’arrête pas là, puisque d’autres mécaniques ont également disparu. Cependant, de nouvelles font leur apparition pour renouveler l’intérêt de la licence, comme un système de combos aériens dévastateurs particulièrement jouissif une fois maîtrisé.
Terminons en beauté sur les Kaméos. Principale nouveauté du titre et particulièrement bienvenue, cette mécanique vous permet de sélectionner librement le kombattant qui vous assiste lors de vos affrontements. Ce second personnage n’est pas pour autant « jouable », mais apporte une série de mouvements qui lui sont propre. Une excellente idée qui permet à chacun de trouver un style unique en se focalisant sur certains types de coups ou, au contraire, en étoffant sa palette et en comblant ses lacunes.