Compile Heart revient avec Mary Skelter 2, un Dungeon Crawler où l’horreur grotesque rencontre les contes de fées, une fois de plus. Si le premier opus avait surpris par son mélange détonant de macabre et de fanservice, cette suite parvient-elle à corriger les défauts du premier volet tout en offrant une expérience plus aboutie et engageante ?
Un cauchemar revisité
Dans Mary Skelter 2, vous incarnez Otsuu, une nouvelle Blood Maiden accompagnée de Little Mermaid dans une quête pour sauver Jack, transformé en une créature monstrueuse appelée Nightmare. Le jeu reprend les éléments de gameplay du premier opus, mais avec une couche supplémentaire de complexité grâce à de nouvelles mécaniques. Comme dans le premier jeu, vous explorez les couloirs vivants de la prison, ou « Jail », un environnement qui semble tout droit sorti des cauchemars les plus tordus. Les murs palpitent, des yeux clignotent, des bouches murmurent, créant une atmosphère oppressante et glauque. Cette ambiance visuelle très travaillée, mêlant horreur corporelle et art inspiré des contes de fées, continue de donner à la série son identité unique.
L’histoire de Mary Skelter 2 est profondément enracinée dans le désespoir et la tragédie, explorant des thèmes sombres comme la perte, la culpabilité, et le sacrifice. Le scénario se concentre sur la lutte d’Otsuu pour sauver ses amis, tout en se battant contre sa propre nature en tant que Nightmare. Le jeu offre plusieurs fins, dont certaines sont particulièrement tragiques, illustrant bien la nature impitoyable de l’univers du jeu.
Des labyrinthes sans fin et des mécaniques complexes
L’exploration est, comme dans tout bon Dungeon Crawler, au cœur du jeu. Les donjons sont vastes, labyrinthiques et remplis de secrets à découvrir. Ce n’est pas seulement une question de survivre, mais aussi de comprendre le fonctionnement de cette prison vivante. Chaque quartier de Jail propose un décor unique, où le grotesque se mêle au quotidien dans des environnements inspirés des contes de fées. Par exemple, un donjon peut ressembler à un aquarium en ruine, avec des créatures marines déformées qui y résident. Les Nightmares, ces créatures invincibles qui vous traquent sans relâche, sont de retour et ajoutent une tension palpable à chaque exploration. Ils ne peuvent être vaincus qu’une fois le cœur du donjon détruit, ce qui implique souvent des confrontations périlleuses où la fuite est votre seule option. Cette mécanique crée une sensation constante de menace, où chaque pas peut vous amener à croiser un de ces monstres implacables.
Le système de combat reste fidèle au genre, avec des affrontements au tour par tour qui reposent sur une gestion stratégique des ressources et des compétences de chaque personnage. L’une des principales innovations de Mary Skelter 2 réside dans la gestion de la « corruption ». À chaque combat, le sang des ennemis éclabousse vos personnages, remplissant une jauge qui, une fois pleine, les transforme en véritables machines de guerre. Mais attention, si la corruption est trop élevée, ils peuvent basculer en mode « Blood Skelter », un état de folie où ils deviennent incontrôlables, attaquant alliés et ennemis sans distinction. La gestion de cette corruption est cruciale, car une erreur peut conduire à un game over rapide. Cette mécanique ajoute une couche supplémentaire de stratégie, vous forçant à équilibrer entre la puissance de vos personnages et leur stabilité mentale.
Une progression inégale et des choix discutables
Là où Mary Skelter 2 se distingue vraiment, c’est dans la richesse de ses systèmes de jeu. Entre les changements de jobs qui modifient les compétences et l’apparence des personnages, et le « Jail Meter » qui influence le comportement du donjon en fonction de vos actions, les possibilités de personnalisation sont nombreuses et profondes. Chaque personnage peut adopter différents rôles, ce qui permet une grande flexibilité dans la composition de votre équipe. Par exemple, Little Mermaid, initialement spécialisée dans la magie et la guérison, peut changer de rôle pour se concentrer sur des attaques magiques plus offensives, ou sur des buffs et debuffs pour soutenir son équipe.
Cependant, cette richesse a un coût : les premières heures du jeu peuvent sembler laborieuses, le rythme étant ralenti par la nécessité de comprendre et maîtriser toutes ces mécaniques. Il faut du temps pour s’acclimater à la complexité du système, et les joueurs moins patients pourraient être découragés avant même d’atteindre les parties les plus intéressantes du jeu.
Malgré ses efforts pour améliorer l’expérience de jeu, Mary Skelter 2 retombe dans les mêmes travers que son prédécesseur. Le contenu érotique, notamment via le mini-jeu de purification tactile, revient en force et peut vite devenir dérangeant, voire repoussant. Ce mini-jeu, qui consiste à « purifier » les Blood Maidens en frottant leur corps dans des positions suggestives, est non seulement malvenu, mais il n’apporte rien de significatif au gameplay, si ce n’est une dose de malaise. De plus, bien que le scénario se veuille plus mature et complexe, il souffre encore de dialogues souvent répétitifs et d’une narration parfois trop alambiquée pour captiver véritablement.
Un monde constrasté
Visuellement, Mary Skelter 2 continue d’impressionner avec son style artistique distinctif. Les environnements, bien que glauques et parfois carrément grotesques, sont magnifiquement réalisés, avec une esthétique qui mélange le gothique et le conte de fées. Les personnages, dessinés dans un style anime prononcé, sont détaillés et expressifs, rendant les moments de visual novel particulièrement agréables à suivre, même si ces scènes peuvent être longues et verbeuses. La musique, quant à elle, est un autre point fort du jeu, avec des morceaux qui varient entre le rock gothique et des thèmes plus doux, offrant un contraste intéressant avec l’ambiance sombre du jeu.
Cependant, tout n’est pas parfait sur le plan de la présentation. La traduction anglaise du jeu laisse à désirer, avec des phrases maladroites et une adaptation parfois trop littérale qui nuit à l’immersion. Certains passages souffrent de confusions de mots ou d’expressions qui n’ont tout simplement pas de sens en anglais, ce qui peut rendre certains dialogues encore plus laborieux à suivre, surtout pour un public qui n’est pas parfaitement bilingue.