
Le Printemps suivant – Édition intégrale est un roman graphique de Margaux Motin qui paraîtra le 06 Novembre 2024 aux Éditions Casterman. Il réunit le Tome 1 et 2 dans une édition limitée qui se compose de 288 pages. Cet ouvrage bénéficie d’une planche de stickers exclusive.
Margaux a enfin acheté la maison de ses rêves pour s’y installer avec Pacco et leurs enfants respectifs. Margaux est la Maman de Lou et Pacco est le Papa de Maé. Cette famille recomposée parvient à maintenir une bonne entente. Lou et Maé passent du temps à lire ensemble et participent joyeusement aux activités de Pacco. Elles appellent Margaux pour les rejoindre, mais bien souvent, elle est déjà occupée à autre chose.
Margaux est une artiste qui impose ses idées, elle n’accepte pas le confort au profit de la beauté, ce qui génère une dispute avec Pacco qui n’aime pas ses oreillers rêches. En déménageant dans cette belle maison, Margaux souhaite se rapprocher davantage de Pacco ; seulement, leurs caractères opposés provoquent de sacrées disputes. Ils n’aiment pas les mêmes choses et se jettent des reproches à la figure.
Margaux préfère jardiner plutôt que de rester enfermée à la maison. À un moment, elle interrompt la partie de sa petite famille sur Switch pour lui proposer de peindre sur des cailloux. Pacco dit qu’il a passé l’âge pour ce genre de conneries. Les filles s’appliquent, mais le résultat ne convient pas à Margaux, elle le qualifie carrément de moche, elle ne pourra pas exposer ces cailloux dans la maison. Évidemment, les filles le prennent mal et repartent.
Pacco, de son côté, est très dirigiste ; les autres doivent se conformer à ses décisions et quand Margaux fait une crise d’asthme, son spray de Ventoline vide, il la laisse carrément à son sort en disant que c’est psychosomatique. Il faut savoir que les crises d’asthme sévères provoquent une insuffisance respiratoire aiguë qui nécessite une hospitalisation d’urgence, sans quoi, la personne asthmatique peut mourir. Donc, non, ce n’est pas dans la tête de Margaux contrairement à ce que Pacco prétend.
Si Margaux empiète sur l’espace des autres, se montre exubérante et impatiente ; Pacco manque clairement de sollicitude et s’impose d’office en étouffant les envies de sa conjointe. Il ne tolère pas l’apiphobie de Margaux, n’accepte pas ses dépenses et a tendance à s’énerver facilement.
C’est dans ce climat conflictuel que le couple s’aperçoit que chacun est très différent de l’autre, qu’ils n’ont plus grand-chose en commun. Margaux veut planter des fleurs, Pacco lui fixe un budget sur une liste et l’interdiction d’acheter autre chose que les légumes qu’il a choisis. Et Margaux… s’y conforme. Que ne ferait-on pas pour faire plaisir à l’autre ? Mais jusqu’où ? Margaux enchaîne les concessions, jusqu’à ce que l’apparition de son moi plus jeune réapparaisse et s’indigne.
Ce moi fantomatique a pris forme lorsque le père de Margaux est parti alors qu’elle était petite, la laissant seule avec sa mère et sa sœur. Cette parcelle d’elle-même l’incite à ne surtout pas affronter ses peurs et conclut que c’est sûrement sa faute si Margaux est comme ça aujourd’hui. Mais être comme ça, c’est quoi ? Au-delà de l’apiphobie ; l’exubérance et la pétulance font partie d’elle. Vouloir effacer sa personnalité pour se conformer aux envies de son conjoint a un coût.
Margaux choisit de marcher en pleine nature pour surmonter ce qui ne va pas. Et effectivement, cette expérience la transforme…
Si l’idée de la quête intérieure est toujours excellente, les motivations de Margaux tournent autour des desideratas de Pacco. Aurait-elle cheminé par elle-même sans cette situation de crise ? Surmonter son apiphobie est une démarche importante, mais ici, c’est brutal. Margaux ne fait pas le choix de se perdre en pleine nature pour se transcender, mais de s’y rendre pour que les disputes cessent dans son couple. Changer pour Pacco et non pour elle-même.
L’humour est bien présent, les situations parleront forcément à beaucoup d’entre nous dans le quotidien dépeint. Les dessins sont sobres et jolis, fourmillent de plein de petits détails ; les couleurs sont douces, la mise en page dynamique.
C’est un livre de très bonne qualité qui ravira tous les fans de Margaux Motin.