Le Donjon de Naheulbeuk – Aventures à Chnafon est un livre-jeu de John Lang et Gabriel Féraud paru le 08 Juin 2023 aux Éditions Le Grimoire. Il se compose de 320 pages comprenant 400 paragraphes.

Mage Marfandor

Vous incarnez Calixte Marfandor, Mage qui peut aussi bien être un garçon qu’une fille. Votre famille souhaite reprendre le pouvoir sur Chnafon, mais pour réussir, vous avez besoin de récupérer le Sceau d’Autorité des Marfandor ainsi que le Sceptre de Chnafon. C’est une véritable quête semée d’embûches qui vous attend.

Vous démarrez l’histoire au moment de décrocher votre diplôme de Magie, décerné par un certain Ombrelune ; toutefois, Tancrède Petitbonheur a provoqué un incendie qui doit être éteint au plus vite. Vous n’êtes pas obligé de vous en occuper, pour ma part, je m’en suis chargée. Avec une réussite critique (1 dans cet univers), le jet d’eau envoie du mobilier par les fenêtres qui va s’écraser en bas. Le 1 est habituellement un échec critique dans la majorité des JdR. Ici, c’est un choix délibéré de l’avoir transformé en réussite critique, engendrant des dégâts collatéraux au passage. Naheulbeuk reste avant tout une parodie d’heroic fantasy avec un humour très décalé !

À l’aventure, compagnons !

Un livre dont vous êtes le héros n’est pas un roman conventionnel. Il s’agit d’un livre-jeu dans lequel vous devez effectuer des choix qui vous amèneront au paragraphe associé. Vous disposez de 3 dés, d’une feuille de personnage, ainsi que 3 marque-pages.

Concernant votre Fiche de Héros qui inclut les Notes d’aventure et le coin des Érudits ; elle se situe au tout début du livre, suivie d’un modèle pour vous montrer comment la remplir. Les règles simplifiées ont été incluses, mais vous pouvez consulter les règles complètes sur le site officiel.

3 dés sont livrés avec ce livre-jeu : 1 dé 20 et 2 dés 6, vous en aurez besoin notamment durant les combats. Votre personnage peut, bien entendu, mourir.

3 marque-pages sont également inclus, je ne peux que vous conseiller de les utiliser, essentiellement au numéro 35 (vous retournez dans votre chambre) et le 50 (en ville).

Réunir le Sceau d’Autorité des Marfandor et le Sceptre de Chnafon requiert de nombreux jours de vadrouille. Vous ne pouvez pas tout accomplir en une journée et revenez chez vous y passer la nuit, récupérer vos PV et PA. Puis les mêmes choix se présentent pour arpenter d’autres embranchements. Cette boucle est assez déstabilisante, vous devez parfois arpenter les mêmes paragraphes pour effectuer un choix différent.

Si l’humour Naheulbeukien est bien présent, avec par exemple Gary Topper, Ron et Berdione, les parodies d’Harry Potter ; je n’apprécie pas les blagues graveleuses. Lorsque vous jouez une femme, ça tourne forcément au vinaigre. Entre le prêtre qui vous propose de ne pas payer l’obole destinée à rentrer dans le temple de Youclidh en lorgnant votre poitrine ; Dagobert, le seul homme à peu près avenant de la taverne qui vous prend immédiatement pour une péripatéticienne même si vous portez la cape de Mage ; le Temple de Slanoush extrêmement suggestif… Le numéro 230 montre la statue d’une Elfe dans une fontaine qui tient un phallus géant en train de jouir. Les tentacules s’enroulent autour de son corps nu, au sourire mutin. Une femme en cuir lèche sa sucette derrière, accompagnée d’un homme baraqué tout aussi peu vêtu.

On vous propose de jouer une femme, mais votre chambre est sale, sent les pieds, votre lit maculé de crottes de rat, avec un magazine érotique ouvert dessus… L’ensemble n’est guère engageant pour s’immerger en tant que joueuse. Peut-être aurait-il fallu imposer d’office le genre masculin ? Après tout, c’est bien le Magicien Calixte sur l’illustration, et non la Magicienne, le doute n’est pas permis.

Je ne partage pas l’humour salace, préférant de loin les Chiantos du Nain. J’ai eu l’impression qu’en jouant une fille, l’histoire place automatiquement Calixte comme un bout de viande.

Autre point : le manque d’interactions possibles ; par exemple, avec le gardien de cimetière. J’ai décidé de m’y rendre en journée et de discuter avec lui, d’insister pour récupérer le Sceau d’Autorité des Marfandor. Aucun jet de persuasion ne m’a été proposé pour amorcer ma réussite. Le gardien refuse, un point c’est tout, et vous devez obligatoirement vous faufiler de nuit et affronter un zombie pour le récupérer.

C’est extrêmement dirigiste et un peu frustrant pour le joueur qui a envie de s’investir différemment ; un Maître de Jeu doit demeurer souple. Toutefois, un livre-jeu est forcément réprimé à cause du format papier, là où une partie sur table permet absolument tout (à condition d’avoir un bon MJ). J’entends toutes sortes d’idées et de plans farfelus parmi mes joueurs et je ne les bride jamais. Chacun a sa propre façon de jouer.

Comme stipulé précédemment, vous devez régulièrement revenir sur vos pas pour rassembler tout ce que l’aventure exige de vous. Sachant que vous dépensez beaucoup, beaucoup d’or durant cette aventure ! Ma bourse serait presque manufacturée par les Nains, tiens…

Les illustrations sont de Guillaume Albin, très dynamiques, parfaites pour coller à l’humour ambiant ; nanties de décors et de protagonistes très détaillés. Il faut souligner la qualité du papier, de bonne facture, suffisamment épais, qui sent très bon. Les dés orange se marient bien avec la Fiche de Héros, de la même couleur.

Lore de Naheulbeuk

J’ai découvert Naheulbeuk avec les aventures MP3 en 2001, c’est ma sœur qui m’a fait découvrir. À l’époque, seuls les rôlistes connaissaient cette saga MP3. Si j’ai mis du temps à accrocher cet humour très particulier, les albums m’ont conquise immédiatement. Le premier « Machins de taverne » est sorti en 2003, il mélange chansons et petites saynètes rigolotes de la compagnie. Durandil est devenu cultissime ! « Les Souliers de Lady Fae » (album de 2005) fait partie de mes titres préférés.

Je conserve de très bons souvenirs liés à Naheulbeuk, comme le moment où j’ai chanté en groupe la chanson de Mon ancêtre Gurdil dans les rues bondées de Cannes, indifférente au regard condescendant de certains bourgeois. On s’est tellement éclatés ! On en a chanté d’autres lors du FIJ bien évidemment, un excellent moment !

Donc oui, je baigne dans Naheulbeuk depuis plus de 20 ans. Si mon petit cerveau ne parvient pas à mémoriser tout le lore, l’humour nanesque me fait toujours rire !