Le Désastreux Noël de la famille Praline, écrit par Carène Ponte et publié en octobre 2024, est une comédie familiale centrée sur une réunion de famille mouvementée qui vire rapidement au chaos. Ce livre, publié par les éditions Pocket Jeunesse, plonge les lecteurs dans une période festive où l’amour et les tensions familiales se côtoient dans un équilibre instable. Connue pour son ton léger et son style fluide, Carène Ponte vous invite une fois de plus à explorer les complexités des relations familiales, mais cette fois-ci, dans un contexte de Noël où tout semble se désintégrer autour d’un sapin pourtant censé rassembler.
Le livre commence avec une réunion familiale qui s’annonce déjà tendue. Mamie Chouquette, figure centrale et matriarche de la famille Praline, prend une décision radicale pour forcer ses filles, Barbara et Nathaline, à résoudre leurs problèmes : elle disparaît tout simplement. Face à cette absence, les membres de la famille doivent, malgré les rancœurs et les différends accumulés au fil des ans, tenter de se rapprocher pour retrouver Mamie Chouquette avant Noël.
L’un des aspects les plus intéressants du roman est la façon dont Carène Ponte dépeint les tensions profondes qui déchirent la famille Praline. Les deux cousines, Nina Lou et Brune, sont les protagonistes principaux de ce drame familial. Leurs mères sont en conflit permanent, chaque décision ou geste étant interprété comme une attaque personnelle. Barbara, l’aînée, est plus stricte et autoritaire, tandis que Nathaline est plus insouciante et désorganisée, créant un choc de personnalités qui ne manque jamais de s’exprimer, surtout durant cette période déjà chargée en émotions.
Le point culminant de cette tension est la disparition de Mamie Chouquette, une décision extrême qui symbolise sa volonté de ne plus subir les conflits de ses filles et la distance entre ses petites-filles. En se retirant ainsi de la scène, elle force Barbara et Nathaline à faire face à leurs problèmes non résolus, tout en essayant de préserver l’unité familiale autour de Noël. Cette fuite délibérée sert de catalyseur pour l’intrigue, poussant chaque personnage à remettre en question son rôle dans la famille.
Dans ce chaos, les deux filles de Barbara et Nathaline, Nina Lou et Brune, sont également prises au milieu de cette crise. Elles représentent la nouvelle génération, moins touchée par les conflits du passé mais néanmoins impactée par les conséquences des disputes entre leurs mères. Le livre propose ainsi un double regard, entre la complexité des relations entre sœurs adultes et les difficultés des jeunes générations à évoluer dans un environnement où les conflits familiaux sont omniprésents.
Bien que le livre aborde des thématiques sérieuses comme les querelles familiales, la rancœur, et la nécessité de pardon, il le fait avec beaucoup d’humour. Carène Ponte sait manier le ton léger pour désamorcer les moments les plus tendus. À plusieurs reprises, les échanges acerbes entre les membres de la famille Praline sont ponctués de situations cocasses qui font sourire. Par exemple, les quiproquos autour de la disparition de Mamie Chouquette sont particulièrement drôles. Chaque membre de la famille interprète différemment son absence, ce qui génère des scènes de tension comique où chacun essaie de trouver des excuses pour ses propres comportements.
De plus, l’humour de Ponte se retrouve dans les dialogues. Les répliques mordantes entre les deux sœurs, ou les interventions décalées de Mamie Chouquette, ajoutent une touche de légèreté à un contexte pourtant chargé en émotions. Loin de faire de cette querelle familiale un drame pesant, l’autrice parvient à maintenir un équilibre entre le rire et les moments de sincérité.
Au-delà de l’humour, Le Désastreux Noël de la famille Praline est une histoire sur la réconciliation et le pardon. L’absence de Mamie Chouquette n’est qu’un prétexte pour faire ressurgir les conflits enfouis, mais elle permet surtout aux personnages de comprendre que, malgré leurs différends, la famille reste un lien indéfectible. C’est à travers l’évolution de Nina Lou et Brune que l’on voit le véritable cœur du livre : ces deux cousines, qui semblaient si éloignées, finissent par comprendre que leurs conflits reposent sur des malentendus et des non-dits non résolus.
La narration de Ponte est d’ailleurs marquée par cette progression. Si au début du livre, les personnages semblent piégés dans leurs rancunes respectives, peu à peu, des brèches apparaissent, laissant entrevoir la possibilité d’une réconciliation. Le temps passé ensemble, les épreuves traversées et, bien sûr, l’absence de Mamie Chouquette, poussent chacun à repenser sa place au sein de la famille. Le roman se termine donc sur une note positive, mais sans pour autant tomber dans le piège des résolutions faciles. La réconciliation se fait dans la douleur et nécessite des efforts de part et d’autre.
