La princesse d’Hazelwood est un roman graphique d’Arianna Calabretta qui paraîtra le 08 Janvier 2025 aux Éditions Aventuriers d’Ailleurs. Il se compose de 128 pages.

Un Conte en Irlande

Erinn et Val sont deux petites filles avides d’histoires. Chaque soir, leur père leur lit un conte avant qu’elles s’endorment. Mais Erinn peut en faire des cauchemars… Suite à un accident qui a changé leur vie à tous les trois, elle garde une profonde blessure enfouie dans son cœur.

Cette fois, leur père leur raconte l’histoire d’une princesse capable de guérir les blessures à l’aide de sa voix. Le frère de cette dernière, défiguré, plongera le Royaume dans l’obscurité d’après une prophétie ; alors il finit enchaîné. La jalousie et la rancœur ne cessent de croître en lui, jusqu’au jour où il parvient à se libérer de ses chaînes. Il envoie sa sœur dans un endroit reculé, retire ses pouvoirs et flétrit sa beauté. La Princesse scelle alors une partie d’elle-même dans un objet capable de briser la malédiction.

 Le lendemain matin, Erinn et Val préparent l’anniversaire de leur père. Il n’y a plus de framboises, alors elles se rendent dans la forêt pour en cueillir. Là-bas, elles rencontrent une renarde blessée. Val suggère à Erinn de la soigner. Comme dans le conte lu par son père, Erinn a la faculté de guérir les blessures grâce à sa voix. Elle chante et la ramène ensuite à la maison avec Val. La petite renarde prénommée Joséphine comprend le langage des hommes et, même si elle ne parle pas, communique à l’aide de pancartes.

Le père des filles est ravi en voyant son gâteau d’anniversaire, toutefois sa joie est de courte durée. Il voit Joséphine, qui reste un animal sauvage pour lui ; de surcroît, il apprend qu’Erinn l’a soignée, il se fâche en rappelant que son don ne sert à rien.

La jeune fille s’enfuit au bord du lac et pleure abondamment. C’est alors qu’un caillou se met à chanter sa chanson miraculeuse au fond de l’eau. Erinn plonge pour aller le chercher, ses yeux deviennent bleus, comme envoûtés par un sortilège. Lorsqu’elle le touche, une mystérieuse connexion s’établit entre elle et l’âme qui y réside…

Val et Joséphine partent à la recherche d’Erinn. Elles croisent un loup en chemin et s’enfuient en traversant le lac à la nage.

Pendant ce temps, la pierre guide Erinn jusqu’à la demeure d’une vieille femme qui ressemble à la Cailleach qui hante ses cauchemars. Cette dernière affirme qu’elle n’est pas une sorcière et veut savoir ce qu’Erinn fait au fin fond de la forêt. La jeune fille lui dresse un rapide résumé des derniers événements, mais lorsqu’elle évoque la pierre qui chante, la vieille dame exige de l’avoir tout de suite. Erinn refuse ; alors son interlocutrice lui révèle qu’il s’agit de la clé pour ouvrir la Grotte des Pleurs.

Val et Joséphine la renarde ne tardent pas à débouler dans la maison. La vieille dame leur explique alors ses réelles intentions : elle souhaite retrouver la mémoire. Finalement, elles se dirigent toutes ensemble vers la Grotte des Pleurs. Le père de Val et Erinn, très inquiet, par à leur recherche, fusil en main. L’aventure ne fait que commencer…

Douces influences

Arianna Calabretta est une passionnée d’animation et d’art. C’est son œuvre « Memento » qui l’a véritablement propulsée dans le milieu de l’édition italienne. Différences influences marquent son art. Elle a beaucoup aimé Cardcaptor Sakura (qui figure dans mon Top 10 dans la section Animes, indubitablement), Doremi ; Cartoon Saloon et Tim Burton.

Pour ma part, j’ai retrouvé l’ambiance du Château dans le Ciel au niveau des ruines près du temple. Le style graphique est un éloge à celui du studio Cartoon Saloon, très connu pour son magnifique film : « Brendan et le Secret de Kells », qui a sorti plus récemment « Le Peuple Loup » que j’ai chroniqué précédemment. On découvre donc ici une patte graphique atypique, chamarrée, propice aux contes. Ici, l’histoire se déroule également en Irlande, dans la Forêt d’Hazelwood. Les couleurs sont vives, attirent l’œil instantanément. Les plans fourmillent de détails, les cases se découpent dans un effet vaporeux qui rappelle les nuages. Le papier sent très bon, de bonne qualité et résistant. La couverture sublime nous invite dans son monde au premier regard.

En somme, il s’agit d’une belle histoire qui explore le folklore irlandais. La Princesse et son frère s’inspirent de la Déesse Cerridwen et de Morbran. Ce récit traite la culpabilité de manière nuancée ; les reproches du père d’Erinn ont fini par la persuader qu’elle est responsable de la tragédie qui s’est déroulée. Le deuil demeure néanmoins en arrière-plan ; l’auteure a intégré dans cette aventure l’importance de s’accepter soi-même et les autres, la compréhension et l’amour inconditionnel.

Au niveau du scénario, il est juste dommage que certains éléments restent flous. Pourquoi la Princesse n’a pas aidé son frère autrefois ? Quel rapport entre elle et Alannah ? Ce conte aurait mérité plus de précisions pour bonifier sa cohérence, mais demeure un joli voyage en Irlande.