La fille de la Déesse de la Lune est le premier tome de la saga Le Royaume Céleste. Écrit par Sue-Lynn Tan, il est sorti le 03 Mai 2024 aux Éditions Hugo Poche dans la collection Stardust. Il se compose de 672 pages.

Poésie chinoise

Chang’e est la Déesse de la Lune. Pour avoir dérobé l’Élixir d’Immortalité de son amant afin de permettre à sa fille, Xingyin, de survivre ; le Royaume Céleste l’a condamnée à vivre recluse sur la Lune pour l’éternité. Chang’e a donné naissance à Xingyin dans le plus grand secret sur l’astre luminescent. Et elle l’a protégée et muselant ses pouvoirs autant que possible afin de ne pas éveiller les soupçons.

Mais, Xingyin grandit. Elle capte des énergies inconnues qui l’attirent irrémédiablement, et, en faisant osciller ce parfait équilibre, le Royaume Céleste fait irruption dans ce monde d’osmanthes, de lanternes et de bois de cannelle. L’Impératrice Céleste rappelle à Chang’e sa punition, qui se justifie en prétextant que les perturbations perçues sont dues à un phénomène astronomique. Une excuse qui ne semble pas très crédible, mais suffisante pour qu’ils repartent.

Dans une atmosphère paniquée, Xingyin fait ses adieux à sa mère en compagnie de la seule autre personne qui vit sur la Lune : Ping’er. La jeune fille s’enfuit, mais tout ne se passe pas aussi bien que prévu, et elle atterrit… au Royaume Céleste. Par un concours de circonstances, elle devient la dame de compagnie du Prince Liwei. Tous deux passent énormément de temps ensemble et s’attirent inexorablement. Ensemble, ils étudient les plantes, l’astronomie, l’art de la guerre… Bientôt, Xingyin se découvre une habileté prodigieuse à l’arc et apprend à accueillir sa Magie.

L’Impératrice Céleste ne peut tolérer l’histoire d’amour entre Xingyin et son fils, et ce, sans même connaître la réelle identité de la jeune fille. Acariâtre, elle manifeste le plus vif mépris envers tous ceux qui l’entourent, excepté sa propre famille. Ainsi, elle s’oppose à leur liaison par tous les moyens. Précipiter un mariage lui semble une bonne opportunité pour se débarrasser de Xingyin. Liwei est amoureux d’elle, toutefois, son titre l’incite à obéir aux desiderata de ses parents. Cette situation sème la confusion, par ailleurs, le Capitaine Wenzhi ne semble pas indifférent au charme de Xingyin…

 Ce pavé de 672 pages se lit facilement. La plume est belle, très poétique dans cette Chine fantaisiste, peuplée de Phénix et de Dragons. Toutes les descriptions sont riches d’odeurs, de couleurs, de textures, de puissance ; de brocart, de jade, de fleurs délicates, de thés savoureux, de nuages vaporeux… On retrouve toute la poésie chinoise dans ce chef-d’œuvre qui sera certainement en première place de mon Top 5 2024. Il a su combiner romance et epic fantasy pour un résultat enivrant. Les combats sont très bien décrits, agrémentés d’une foule de détails très esthétiques qui m’ont remémoré la bonne époque de Tigre et Dragon et Le Secret des Poignards Volants ; plus récemment White Snake et sa suite, Green Snake.

Pour libérer sa mère, Xingyin accomplit des quêtes périlleuses afin de récupérer le talisman du Lion Pourpre. L’obtenir permet de recevoir n’importe quelle faveur de l’Empereur Céleste. Elle espère lever la sentence qui pèse sur Chang’e de cette façon, quitte à courroucer Leurs Altesses en dévoilant sa véritable identité… À cette fin, Xingyin va affronter Xiangliu et d’autres périls, tout en espérant récupérer les Perles des Dragons…

La narration à la première personne privilégie les émotions de Xingyin. Elle est téméraire, outrepasse bien souvent la bienséance, quitte à en pâtir. L’archère sait qu’elle doit le respect à ses supérieurs, mais parle franchement en dépit des convenances.

Le roman se découpe en 3 parties, amenant des rebondissements, notamment à la fin.

En été 2003 et été 2004, j’ai lu deux énormes pavés intitulés Contes et Légendes de Chine et Contes et Légendes du Japon ; deux maxis formats agrémentés de ravissantes estampes. Ils m’ont profondément marquée et invitée à voyager dans ce monde onirique. La fille de la Déesse de la Lune dégage la même ambiance familière, un vrai délice.

Conclusion : L’Archère au Royaume Céleste
La fille de la Déesse de la Lune est un roman chinois d’une poésie et d’une délicatesse rare. Une fantasy très proche du conte, qui nous convie dans des Royaumes aériens, occupés par des Immortels aux demeures splendides. La quête de Xingyin induit des passages épiques qui pimentent la romance. Un des meilleurs romans de 2024.