I*Chu: Chibi Edition , développé par OperaHouse et publié par PQube, est la version revisitée d’un classique des mobiles, un jeu à la croisée des genres : otome et jeu de rythme. Vous incarnez un producteur responsable de la montée en puissance de 32 idols, répartis dans neuf groupes distincts, chacun ayant sa propre identité musicale. Pourtant, sous son apparente fraîcheur, le jeu trahit rapidement ses origines mobiles, et ses défauts deviennent trop évidents pour être ignorés.
Dès les premières notes, la musique de I*Chu: Chibi Edition capte l’attention. Et pour cause, l’un des points forts indiscutables du jeu réside dans son énorme bibliothèque de morceaux J-Pop. Avec plus de 80 titres originaux interprétés par des doubleurs japonais renommés, le jeu offre une variété impressionnante. On se prend au jeu de collectionner les morceaux, chacun ayant ses propres défis, et c’est ici que le titre révèle toute sa force : les phases de jeu de rythme sont addictives. La difficulté varie, offrant aux joueurs débutants et aux vétérans des jeux de rythme une expérience à la fois accessible et stimulante. Le mode « Nightmare » en particulier saura mettre à l’épreuve vos réflexes, rappelant les heures passées sur des titres tels que Dance Dance Revolution ou Project Diva.
Cependant, la conversion depuis le mobile n’est pas sans heurts. Si l’utilisation de l’écran tactile est intuitive et plaisante sur Switch, jouer avec les Joy-Cons se révèle vite frustrant. Le tactile reste le moyen le plus fluide pour s’immerger dans ces performances musicales effrénées, mais l’on ressent vite que le jeu a été pensé pour un autre support.
Là où I*Chu: Chibi Edition déçoit vraiment, c’est dans son histoire. Dans la grande tradition des otome games, on s’attendait à des personnages attachants, des rebondissements narratifs, et une bonne dose de drame. Malheureusement, le jeu échoue sur presque tous ces points. Chaque personnage semble être une caricature ambulante des stéréotypes d’anime : le garçon timide au grand cœur, le ténébreux avec une histoire douloureuse, ou encore le joyeux Américain exubérant. Tous ces clichés sont poussés à l’extrême, et la narration n’arrive jamais à dépasser cette superficialité.
Les dialogues sont souvent plats, et la traduction anglaise (pas de VF disponible) n’aide en rien à améliorer la situation. Elle manque de naturel, ce qui brise l’immersion. À plusieurs reprises, on se surprend à accélérer les dialogues pour passer plus rapidement aux performances musicales, ce qui est révélateur du manque d’intérêt pour l’intrigue. La répétition des thèmes et des interactions laisse une impression de monotonie, là où on attendait des arcs narratifs engageants et bien construits.
Le système de gacha, présent pour débloquer de nouveaux personnages et objets, est certes exempt de microtransactions, mais il n’en est pas moins frustrant. Le principe de collecter des personnages à partir de la monnaie virtuelle gagnée en jouant reste intéressant, mais l’interface et l’optimisation laissent à désirer. Certaines images apparaissent pixelisées, et la rareté des objets ou personnages que vous obtenez ne parvient pas toujours à justifier le temps investi. Ce système, qui aurait pu ajouter de la profondeur et du plaisir à la collection, devient vite une corvée.
Sur le plan visuel,I*Chu: Chibi Edition mise sur une esthétique chibi charmante, avec des personnages super-déformés adorables. Les animations des performances musicales sont dynamiques et plaisantes, avec des effets visuels colorés qui apportent une touche d’énergie aux chansons. Cependant, cette apparente fraîcheur visuelle est contrebalancée par le manque de profondeur des personnages. Comme évoqué plus haut, chaque protagoniste semble une pâle copie de ce que l’on a déjà vu mille fois dans d’autres visual novels ou animes.
On ne peut cependant pas nier l’effort fourni sur les costumes et les performances scéniques. Les développeurs ont clairement voulu offrir une expérience visuellement attrayante pour les fans de J-Pop et de la culture des idols, et sur ce plan, le jeu remplit parfaitement sa mission. Mais au-delà de l’apparence, l’absence de développement narratif solide fait cruellement défaut.