Sorti le 6 mars 2024 sur Nintendo Switch, Hex Gambit: Respawned est signé One Man Left, un studio indépendant dont le nom dit déjà tout : ici, une vision solitaire tente de refaire surface, en redonnant vie à l’un des tout premiers projets du développeur sous une forme repensée et augmentée. Distribué par Blowfish Studios, ce nouveau chapitre n’est donc pas tout à fait inédit, mais plutôt un retour aux sources, un rework assumé, enrichi d’une campagne solo et d’un enrobage modernisé.
Dans ce petit monde aux couleurs acidulées, vous êtes convié à participer au Hex Royale, un sport futuriste où s’affrontent des champions hauts en couleur à travers une mécanique de stratégie au tour par tour. Des arènes réduites, des unités déployables, un objectif clair : faire grimper votre score avant que votre pilier ne tombe.
Mais derrière cette façade alléchante, le contenu est-il à la hauteur de l’esthétique ? Le studio est-il parvenu à transformer son prototype originel en une proposition complète et engageante, ou reste-t-on face à un concept charmant mais creux ?
Un sport galactique sans véritable légende
Dans Hex Gambit: Respawned, l’univers narratif s’efface derrière la mécanique. Le scénario tient en quelques lignes, juste assez pour poser un cadre fonctionnel : un tournoi intergalactique baptisé Hex Royale, des champions aussi flamboyants que mystérieux, un commentateur exubérant qui orchestre le tout — et c’est à peu près tout. La structure narrative assume pleinement sa fonction secondaire : elle est un prétexte à l’enchaînement de défis, rien de plus.
Pourtant, derrière cette économie de mots, quelques fulgurances affleurent. Le maître de cérémonie, voix omniprésente et mordante, donne vie à cette simulation compétitive avec une verve savoureuse. La localisation française, soignée et fluide, permet d’en savourer les traits d’humour et les piques sarcastiques. C’est lui, plus que le contexte global, qui insuffle de l’identité au jeu.
Les champions, quant à eux, ne bénéficient que d’un vernis de personnalité, mais leur design accrocheur et leur palette de compétences spécifiques les rendent immédiatement reconnaissables. Ce sont des archétypes plus que des personnages : ils incarnent des styles de jeu, des postures stratégiques, des avatars mécaniques avant d’être des figures dramatiques. Pourtant, l’univers visuel qu’ils suggèrent — entre sport futuriste et société dystopique à la Starship Troopers — semble receler un potentiel narratif inexploité.
La campagne solo, divisée en 21 défis, se contente d’effleurer ce décor. Pas de lore développé, pas d’embranchements, pas d’arcs scénaristiques : uniquement une succession de matchs, entrecoupés de commentaires du présentateur. L’illusion d’un monde cohérent reste donc fragile, et le jeu échoue à transformer sa façade colorée en récit consistant.
Hex Gambit: Respawned propose donc un univers visuel fort, mais une trame narrative faible. L’histoire n’est jamais désagréable, mais elle ne cherche pas à s’épanouir. À l’image du gameplay, tout est affaire de surface contrôlée, de mouvement restreint — sans vertige ni élan dramatique.
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