Flowerheart est un roman de Catherine Bakewell, paru le 3 Juillet 2024 aux éditions Bigbang. Il se compose de 352 pages.
Dans ce monde, seuls quelques élus pratiquent la Magie. Le Conseil sert d’autorité et châtie les Mages qui outrepassent leurs lois. Ces derniers voient leurs pouvoirs bridés, ou encore totalement retirés.
Clara Lucas est une puissante Sorcière qui détient une Magie sauvage, imprévisible, et par conséquent, dangereuse. Elle a suivi l’enseignement de plusieurs professeurs, dont celui de Mme Ben Ammar, sans succès. En dépit de sa patience, la professeure n’a pas réussi à canaliser le pouvoir de son élève.
L’histoire commence lorsque Clara, par mégarde, enclenche une malédiction sur son père. Des azalées poussent alors dans le corps de ce dernier, empoisonnant son sang. Bien que Mme Ben Ammar et son aide, Robin, essaient de guérir son père, la situation périclite.
Le Conseil l’estime trop dangereuse et prévoit de la brider en conséquence. Seulement, cette malédiction chamboule tout ; Clara devient finalement l’apprentie de Xavier Morwin, son ancien ami d’enfance, qui a bien grandi. En retournant dans sa demeure, ses souvenirs affluent et avec eux, ses sentiments…
Joliment écrit, Flowerheart nous présente un monde fantaisiste dans lequel les problèmes de l’âme ne doivent surtout pas être traités. Il s’agit là du cœur du scénario : la fabrication et la vente illégale de la potion Euphoria, qui plonge la victime dans une douce utopie. Rien ne peut l’en sortir, elle peut toujours manger et boire, mais la fièvre surgit, ainsi que la folie. Le patient se retrouve recouvert de pissenlits et rit comme un dément.
Même si on comprend de suite les tenants et aboutissants du scénario, il reste plaisant à suivre. Un bémol toutefois concernant le personnage de Clara : elle essaie sans cesse de forcer les choses. À peine arrivée chez Xavier, elle essaie de lui extorquer ses plus intimes secrets et s’offusque de son silence quand il refuse toujours, au bout d’une semaine. Je n’ai pas apprécié le fait que lorsqu’il se déclare, elle le repousse parce qu’il refuse de lui révéler la vérité. Clara prétend ne pas pouvoir lui faire confiance en conséquence et le rejette. Une semaine, c’est tellement court… Parfois, les gens se confient au bout de quelques mois, quelques années, ou jamais. Il faut respecter leur silence, leurs besoins. Clara dit qu’on ne peut pas forcer les gens à changer, mais la page précédente évoque le contraire.
Je n’ai pas senti de bienveillance chez cette jeune fille. Elle crache sur sa mère, partie en tournant le dos au Conseil, sans même chercher à la comprendre. Et quand elle la revoit, elle demeure campée sur ses préjugés sans essayer de mener un dialogue mature. Tout le monde diabolise cette femme pour l’unique raison qu’elle s’est rebellée contre le système. Pourtant, chacun sait qu’il s’agit d’une soigneuse d’exception.
Concernant la fin : que Clara puisse intégrer le Conseil après avoir provoqué tant de catastrophes dans un laps de temps si court me semble incohérent. Réaliser une bénédiction ne suffit pas à prouver que sa Magie est stable. En bref, je n’ai pas aimé Clara, tandis que Xavier, même s’il s’est emporté en fabriquant son remède, a des raisons légitimes qui l’excusent aisément.
Ce roman se veut inclusif, Mme Ben Ammar est transgenre, ainsi que Robin. Si Mme Ben Ammar est de genre féminin, celui de Robin n’est pas défini, d’où l’appellation d’aide, son prénom répété de nombreuses fois, etc. Je m’en suis doutée tout de suite et je salue le respect de la langue française qui n’a imposé aucun iel ni écriture inclusive. (J’ai déjà explicité ce point dans ma chronique Éclore).
Je relève un détail confus : quand un Mage souhaite se téléporter, son interlocuteur lui décrit l’endroit. Cela me semble impossible, car peu importe le descriptif fourni, chaque personne va l’imaginer à sa manière. Exemple : je pense à une chaise turquoise. OK et après ? Peut-être qu’elle aura de jolis guillochis. Peut-être que les arabesques tendront vers une forme de fleur, tandis que vous imaginerez du lierre. Peut-être que vous avez oublié, comme moi, que Fitz de l’Assassin Royal de Robin Hobb a la peau hâlée et non blanche ; parce qu’au fil des tomes (et surtout des années), les couvertures l’ont dépeint de la sorte. Ainsi, la majorité a complètement oublié cette information pour dresser un portrait personnel, très influencé par les illustrations présentes sur les couvertures.
Tout cela pour prouver que l’imagination est propre à chacun et qu’il suffirait au Mage de partager l’image dans l’esprit de son interlocuteur pour se téléporter, tout simplement.
Malgré ses problèmes de rythme au niveau de la narration, ainsi que son héroïne irrévérencieuse qui ne respecte pas les secrets des autres ; le roman se lit facilement. Une jolie plume, beaucoup de détails implémentés pour une bonne visualisation des lieux. Et bien sûr, une romance entre meilleurs amis, mentor/apprentie.