
Développé par Fossil Games et édité par Hound Picked Games, Camp Sunshine est un jeu indépendant sorti initialement en 2016 sur PC avant de débarquer sur Nintendo Switch le 9 octobre 2024. Le studio, déjà connu pour ses œuvres nostalgiques et horrifiques, continue de s’appuyer sur une esthétique rétro en pixel art. Camp Sunshine est un hommage clair aux classiques du cinéma slasher des années 80, avec une ambiance lourde, un gameplay simpliste mais addictif, et un tueur masqué implacable. Ce titre promet de faire revivre les frissons de cette époque avec une direction artistique 16-bit qui rappelle les premiers jeux de consoles comme la SNES ou la Mega Drive. Mais que vaut vraiment cette adaptation sur la Nintendo Switch, et ce retour aux sources du slasher est-il réussi ?
Camp Sunshine plonge le joueur dans l’ambiance glaçante des slashers, en particulier ceux des années 80. L’intrigue se déroule dans un camp d’été isolé, où le jeune protagoniste, Jez, se réveille en pleine nuit pour découvrir que le camp a été transformé en scène de carnage. Les campeurs ont été massacrés, et un tueur masqué rôde toujours. Le but de Jez est simple : survivre, fuir le tueur et découvrir les sombres secrets cachés derrière ces meurtres.
Le choix du pixel art 16-bit pour les graphismes fonctionne parfaitement pour rappeler l’esthétique des jeux d’horreur rétro, mais aussi pour atténuer, tout en accentuant de manière paradoxale, la violence omniprésente dans le jeu. Les cadavres ensanglantés, les scènes d’horreur, et les détails sanglants sont rendus à travers un style qui semble anodin, mais qui ne fait que renforcer l’inconfort du joueur. L’ambiance visuelle de Camp Sunshine tire parti de la nostalgie, tout en ajoutant une touche moderne par ses jeux d’ombres et ses environnements oppressants.
La conception sonore joue un rôle clé dans l’immersion, avec une bande-son minimaliste mais oppressante qui accompagne chaque mouvement du tueur. Les effets sonores tels que les bruits de pas, les portes qui grincent et les cris distants renforcent une tension qui ne relâche jamais la pression. Les moments de silence sont parfois encore plus terrifiants, laissant le joueur anticiper la prochaine apparition du tueur.
En termes de gameplay, Camp Sunshine mise sur une combinaison de survival-horror et de résolution d’énigmes. Le jeu est conçu autour de l’exploration du camp, où chaque bâtiment peut contenir des indices ou des objets clés pour résoudre des énigmes ou déverrouiller de nouvelles zones. Jez doit trouver des piles pour sa lampe torche, son principal outil de survie, tout en évitant le tueur. Si la lampe torche devient inutile faute d’énergie, le joueur se retrouve plongé dans l’obscurité et à la merci du tueur masqué, rendant chaque batterie trouvée une véritable bouée de sauvetage dans cet océan de terreur.
L’aspect survie est amplifié par l’absence de toute arme pour se défendre. Contrairement à d’autres jeux du genre où le protagoniste peut riposter, ici, la fuite est la seule option. Le tueur est omniprésent, et chaque rencontre avec lui peut être fatale. Cela renforce le sentiment d’impuissance, rappelant les héros de films d’horreur, souvent sans défense face à un ennemi supérieur. Le jeu parvient ainsi à maintenir une tension constante, obligeant le joueur à toujours rester sur ses gardes.
L’élément puzzle du jeu, bien qu’assez classique, se marie bien avec le rythme de l’action. Les objets trouvés peuvent être utilisés pour résoudre des énigmes simples, comme trouver une clé pour ouvrir une porte ou réunir des indices sur l’identité du tueur. Cependant, certains puzzles peuvent paraître un peu trop cryptiques, forçant le joueur à errer sans direction claire, ce qui peut entraîner des moments de frustration.
Le jeu tire ses inspirations de films comme Vendredi 13, Halloween ou encore The Burning, où un groupe de jeunes campeurs est traqué par un tueur masqué au sein d’un camp isolé. Le tueur, vêtu d’un costume de mascotte, est à la fois ridicule et effrayant, ajoutant une touche d’absurde tout en restant fidèle aux classiques du genre. Chaque rencontre avec lui se transforme en une course-poursuite intense, où une mauvaise décision peut coûter la vie à Jez.
L’une des réussites majeures de Camp Sunshine réside dans sa capacité à évoquer cette nostalgie des années 80, tout en maintenant une atmosphère pesante et en jouant avec les codes du genre. Le choix des décors, les dialogues, et même certains éléments d’histoire, rappellent sans cesse les films de cette époque. Les objets à collecter, les indices disséminés dans le camp, et l’architecture même des lieux renforcent cette impression de plonger dans un slasher d’antan. Les développeurs ont fait un excellent travail pour capturer l’essence des films de cette époque et la transposer dans un format vidéoludique.
Camp Sunshine est un jeu relativement court, avec une durée de vie entre 4 et 6 heures. Cependant, cette durée est bien adaptée à la nature du jeu, qui maintient une tension constante et ne laisse que peu de moments de répit au joueur. Une campagne trop longue aurait sans doute dilué l’impact horrifique, mais ici, chaque minute compte, chaque rencontre avec le tueur est intense, et chaque énigme résolue rapproche un peu plus Jez de la vérité.
Le jeu propose plusieurs fins alternatives, en fonction des actions du joueur et des décisions prises tout au long de l’histoire. Ces fins ajoutent une rejouabilité bienvenue, car elles permettent de découvrir différents aspects de l’intrigue et d’approfondir les mystères entourant le tueur et les événements tragiques du camp. Certains joueurs pourraient toutefois trouver que la rejouabilité est limitée, car les mécaniques du jeu, bien qu’efficaces, manquent parfois de diversité.
Malgré sa durée relativement courte, Camp Sunshine parvient à proposer une expérience intense et immersive, capturant parfaitement la terreur propre aux films slasher des années 80. Néanmoins, certains aspects du gameplay, comme les puzzles parfois trop flous ou la répétition des environnements, peuvent entamer l’intérêt à long terme, surtout lors de multiples sessions de jeu.