Sorti le 4 septembre 2024 sur Nintendo Switch, Billy’s Game Show, développé par CH757 et édité par MyDearest, plonge les joueurs dans un cauchemar télévisuel où survie et discrétion sont les maîtres mots.
Avec son concept de jeu de rôle d’horreur en mode stealth, et sa mécanique de gameplay centrée sur l’évasion d’une IA omniprésente nommée Billy, ce titre aurait pu marquer un tournant dans le genre. Mais, après plusieurs heures d’immersion, parvient-il à allier frissons et innovation sans se perdre dans la répétition ? C’est ce que nous allons explorer.
Concours mortel et règles impitoyables
Billy’s Game Show place le joueur dans un rôle de victime, pris au piège dans un jeu télévisé où la règle est simple : survivre. Vous incarnez un concurrent anonyme, pris au piège dans un studio de télévision géant, surveillé par Billy, une IA sadique qui se nourrit de vos peurs et de vos erreurs. L’objectif ? Trouver trois têtes cachées dans un labyrinthe d’espaces confinés tout en maintenant en marche trois générateurs pour éviter de rendre Billy encore plus dangereux.
L’histoire, bien que simple, se prête parfaitement à une immersion rapide, offrant une atmosphère tendue qui se renforce à mesure que la situation se détériore. Cependant, l’absence de véritable développement narratif ou de personnages profonds limite la portée émotionnelle de l’expérience. Vous n’êtes qu’un pion dans ce jeu cruel, et l’absence de véritable personnage ou d’histoire à proprement parler empêche le joueur de s’attacher à lui. Le seul lien émotionnel qui pourrait exister est celui de la peur constante, amplifiée par la traque implacable de Billy, mais celui-ci n’évolue pas vraiment au fil du jeu.
L’absence de dialogue ou d’interactions profondes avec d’autres personnages, combinée à un manque de contexte derrière cette expérience télévisée macabre, fait que le joueur se retrouve rapidement face à un univers froid et impersonnel. Ce qui aurait pu être un terrain fertile pour développer des intrigues secondaires ou des révélations percutantes, se réduit à une simple chasse à l’évasion où l’adrénaline l’emporte sur toute autre considération narrative.
Discrétion forcée et évasion incomplète
Le gameplay de Billy’s Game Show repose sur un concept de stealth pur et dur où l’objectif principal est de survivre en restant hors de vue de Billy, l’IA omniprésente qui scrute chaque recoin du studio à l’aide de caméras. Vous devez naviguer entre les différentes pièces tout en accomplissant des tâches critiques, comme maintenir les générateurs en fonctionnement et trouver les têtes cachées. Tout cela sous la pression constante d’un environnement qui se modifie en fonction de vos actions, rendant chaque moment d’inattention potentiellement fatal.
Les contrôles sont simples : se déplacer silencieusement, interagir avec les objets et activer les générateurs. Cependant, le système de gameplay manque de profondeur et de variabilité. Les énigmes, bien qu’agréables au début, deviennent rapidement répétitives. Vous devrez souvent répéter les mêmes actions dans des pièces similaires, ce qui réduit l’intensité de l’expérience sur le long terme. L’absence de mécaniques supplémentaires, comme des pouvoirs ou des capacités spéciales à débloquer, rend l’évolution du gameplay assez linéaire.
Le niveau de difficulté, plutôt élevé au départ, est exacerbé par la conception du jeu, où chaque erreur entraîne la perte de précieux progrès, et parfois la mort immédiate. Le manque d’une véritable progression narrative ou d’éléments pour personnaliser l’expérience ne permet pas de compenser cette sensation de répétitivité, surtout dans un jeu où la survie dépend uniquement de votre capacité à rester discret.
Le level design, bien qu’efficace dans l’atmosphère qu’il crée, manque de variété. Le studio télévisé, bien que bien conçu pour un environnement confiné, devient vite un terrain de jeu trop étroit. Les zones sont souvent trop similaires, avec peu de changements significatifs d’une pièce à l’autre. Les pièges, bien que bien intégrés, ne varient pas assez pour éviter la sensation de déjà-vu.
Malgré tout, l’IA de Billy est le principal moteur de l’expérience. Son comportement, bien que simple dans sa conception, est efficace pour générer une tension constante. Cependant, une fois le rythme du jeu compris, sa capacité à surprendre diminue, et l’expérience devient plus frustrante qu’excitante.
Ombres oppressantes et sons étouffés
Visuellement, Billy’s Game Show opte pour une esthétique sombre et oppressante, parfaitement en adéquation avec son ambiance horrifique. Le studio télévisé, où le joueur se retrouve piégé, est conçu pour maximiser la tension : des couloirs étroits, des pièces plongées dans l’obscurité, des écrans et des caméras omniprésentes. L’ambiance visuelle est renforcée par un jeu habile d’ombres et de lumières, qui accentue le caractère sinistre de chaque coin du studio.
Cependant, la répétitivité de ces environnements devient vite un problème. Bien que l’atmosphère soit globalement réussie, les graphismes manquent de diversité. Le manque de variation dans les décors, même après plusieurs heures de jeu, peut nuire à l’immersion. Les objets interactifs et les ennemis sont parfois noyés dans un trop grand nombre de détails visuels, ce qui rend la détection de certains éléments cruciaux assez compliquée. La direction artistique, bien qu’efficace dans l’instant, finit par manquer d’originalité, surtout pour un jeu qui se veut un « cauchemar télévisuel ».
Côté sonore, Billy’s Game Show réussit à installer une ambiance angoissante grâce à des bruitages simples mais percutants. Le bourdonnement des générateurs, le son des pas résonnant dans les couloirs vides, et le chuchotement sinistre de l’IA Billy viennent renforcer la tension qui monte à chaque seconde. Les moments de silence sont d’ailleurs utilisés avec brio, permettant à un bruit soudain ou à une alerte de venir briser le calme et de provoquer des sursauts nerveux.
Cependant, la bande-son reste relativement minimale. Si elle joue son rôle d’accompagnement avec efficacité, elle ne se distingue pas par des morceaux mémorables ou percutants. Le manque de variété musicale, notamment dans les phases d’exploration plus longues, finit par nuire à l’immersion. L’absence de doublage vocal, bien qu’ayant sa logique dans la simplicité du jeu, aurait pu renforcer l’impact émotionnel dans les moments de tension ou de confrontation.
Échos de solitude et failles du gameplay
Billy’s Game Show souffre de plusieurs défauts qui, bien qu’intrinsèques à son concept, viennent parfois saboter l’expérience. Si le jeu réussit à installer une tension constante avec son ambiance et son gameplay basé sur le stealth, il est freiné par la répétitivité des environnements et des tâches à accomplir. Le manque de variété dans les objectifs et les pièges rend les missions assez monotones, ce qui diminue le plaisir sur le long terme.
Le plus grand problème réside toutefois dans l’absence de progression narrative ou de développement de personnage. Contrairement à d’autres jeux d’horreur où le joueur est récompensé par des éléments de scénario ou des révélations, ici le manque de contexte et d’explication sur les événements du jeu laisse un sentiment de vide. L’intrigue est limitée à un objectif de survie immédiate, sans réelle profondeur ou enjeu émotionnel.
L’absence de traduction française représente également un obstacle non négligeable. Les joueurs non anglophones risquent de passer à côté de certains éléments clés du gameplay ou de la narration. Cette barrière linguistique peut frustrier les joueurs qui, dans un jeu d’horreur où chaque détail compte, risquent de perdre des informations cruciales pour leur progression. Une localisation aurait grandement contribué à renforcer l’accessibilité et l’immersion dans ce monde oppressant.
Enfin, l’IA partenaire, bien qu’utile dans certains cas, ne parvient pas à compenser la faiblesse de la conception solo. L’IA manque de réactivité et de flexibilité dans des situations complexes, ce qui rend les missions plus pénibles que tendues. Le jeu semble donc mieux conçu pour le multijoueur, où la coopération entre joueurs devient essentielle pour surmonter les obstacles.
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