Sorti le 24 septembre 2024 sur Nintendo Switch, Beyond Galaxyland, développé par Sam Enright, s’inscrit dans cette veine de RPG indépendants où la nostalgie pixelisée rencontre l’ambition spatiale. Entre combats stratégiques, explorations planétaires et esthétique rétro, le titre tente de conjuguer héritage des années 90 et modernité de conception.
Mais dans un genre saturé de prétendants galactiques, Beyond Galaxyland parvient-il à tracer sa propre orbite, ou se perd-il dans l’immensité froide des rêves inachevés ?
Adolescents perdus et galaxies brisées
Dans Beyond Galaxyland, vous suivez Doug, un lycéen propulsé malgré lui dans un univers intergalactique en ruines, contraint d’endosser un rôle de héros pour empêcher une catastrophe cosmique. Le récit, bien qu’attachant par moments, s’inscrit dans une structure classique où l’élu inattendu sauve des mondes qu’il découvre à peine. Chaque planète traversée introduit son lot de figures secondaires colorées, entre compagnons excentriques et menaces tapies sous des décors fascinants.
Si l’intrigue peine à surprendre, enchaînant rebondissements prévisibles et figures imposées du genre, elle séduit par la dynamique sincère de ses personnages. Doug, loin d’être un héros infaillible, se construit à travers ses doutes, ses erreurs, et ses liens tissés avec son équipe improbable. Boom Boom, hamster robotique déjanté, et Robort, automate sarcastique, apportent humour et rythme à une aventure qui sans eux aurait sombré dans une gravité monotone.
Les dialogues, bien écrits et souvent teintés d’ironie douce-amère, réussissent à donner vie à ces compagnons de route, même si l’absence de doublage vocal vient hélas ternir l’impact émotionnel des scènes-clés. Les moments de tension dramatique ou d’euphorie collective souffrent d’une certaine froideur, là où quelques éclats de voix auraient pu renforcer l’immersion.
En définitive, Beyond Galaxyland propose une fresque narrative plaisante, mais qui manque de l’audace nécessaire pour échapper totalement aux archétypes de l’aventure galactique. Un voyage sincère, parfois touchant, mais rarement mémorable.
Combats étouffés et galaxies sous cloche
Beyond Galaxyland déploie un système de combat au tour par tour qui, malgré quelques idées rafraîchissantes, s’enlise rapidement dans des contraintes frustrantes. La mécanique centrale, fondée sur la gestion collective des points d’aptitude (AP), impose une stratégie de groupe permanente, mais au prix d’une fluidité sacrifiée. Chaque compétence spéciale, chaque soin, chaque manœuvre coûteuse puise dans la même réserve, forçant sans cesse à des choix par défaut plutôt qu’à des initiatives tactiques inspirées.
L’idée d’une synergie entre les membres du groupe aurait pu enrichir les affrontements, mais l’exécution génère trop souvent de la frustration : attaques qui ratent malgré des statistiques élevées, perte injuste d’AP, et rythme haché empêchent d’atteindre l’intensité tactique espérée. L’expérience se transforme alors en une série d’ajustements défensifs laborieux, où le plaisir de la planification cède face au ressenti d’une mécanique punitive.
En contrepoint, le système de capture de monstres apporte une bouffée d’air frais bienvenue. L’intégration d’ennemis capturés, capables d’assister en combat par des attaques spéciales ou des soins, introduit une dynamique de collection et de progression qui renforce subtilement l’intérêt stratégique. Même limitée par la consommation d’AP, cette fonctionnalité ajoute un relief bienvenu aux affrontements contre les boss et dans les situations critiques.
L’exploration, quant à elle, trahit les ambitions galactiques initiales par sa linéarité omniprésente. Les niveaux en 2.5D, riches visuellement mais cloisonnés, limitent la sensation de liberté promise. Les chemins prédéterminés, les collectes d’objets secondaires sans réelle valeur de gameplay, et la lisibilité parfois défaillante des environnements renforcent cette impression d’univers figé, où l’immersion peine à prendre pleinement racine.
Malgré ses promesses d’infini, Beyond Galaxyland reste ainsi un voyage soigneusement balisé, où chaque planète impressionne davantage par son apparence que par son invitation à l’aventure libre.
Pixel infini et mélodies lointaines
Visuellement, Beyond Galaxyland puise dans l’esthétique rétro des RPG des années 90, et son rendu pixelisé parvient à allier charme vintage et sophistication moderne. Les planètes sont dessinées avec soin, chacune arborant une palette unique de couleurs et de textures qui les rendent distinctes et mémorables. La fluidité de l’animation permet aux environnements de se déployer avec aisance, même lorsque le joueur navigue à travers des zones bondées de détails.
Cependant, malgré la beauté des mondes, quelques imperfections visuelles persistent : les zones sombres ou surchargées de détails nuisent parfois à la lisibilité, rendant difficile la détection des ennemis ou des objets interactifs. L’absence de HDR, notamment dans certaines zones éclairées artificiellement, accentue cette confusion, brisant l’harmonie visuelle lorsque la scène perd en clarté.
L’aspect sonore, bien que solide, reste en deçà des standards modernes. La bande-son électronique et orchestrale, bien que variée, a tendance à devenir répétitive après quelques heures de jeu, particulièrement lors des explorations ou dans les zones urbaines. Certains morceaux, certes adaptés à l’ambiance de l’aventure, manquent de diversité et finissent par envahir l’espace auditif sans jamais offrir de réelles surprises.
Les bruitages, fonctionnels mais sans grande originalité, ponctuent l’action sans jamais marquer durablement. Les effets sonores des combats, des captures de monstres, et des interactions avec l’environnement restent efficaces, mais jamais sublimes. Là où Beyond Galaxyland aurait pu vraiment s’imposer, c’est dans l’exploitation de son ambiance cosmique pour renforcer l’immersion sonore. Malheureusement, cette ambition reste en suspens, offrant une expérience correcte sans parvenir à transcender la barre du jeu moyen.
Explorations linéaires et promesses non tenues
Beyond Galaxyland tente d’établir une connexion entre ses mécaniques de gameplay et l’univers visuel impressionnant qu’il propose, mais peine à vraiment faire converger ses ambitions. L’absence de carte, d’indicateurs clairs ou d’un système de navigation efficace dans ses mondes interconnectés aggrave l’impression d’enfermement. L’exploration, bien qu’agréable sur le papier, se transforme vite en un enchaînement de corridors étroits où l’on cherche plus souvent sa route qu’à découvrir le monde.
Les éléments de progression, principalement centrés sur la collecte d’objets et la capture de créatures, sont intéressants sur le principe mais souvent mal exploités. Les matériaux de crafting, bien qu’abondants, perdent leur intérêt au fil du jeu, puisqu’ils deviennent soit trop communs, soit trop facilement accessibles via les boutiques. Ce manque d’incitation réelle à l’exploration ou à la collecte fait vaciller l’expérience, l’empêchant d’offrir la profondeur attendue d’un RPG galactique.
Un autre aspect frustrant réside dans la conception des combats : la mécanique de points d’aptitude (AP), bien que novatrice, se heurte rapidement aux limites de son propre équilibre. La gestion de ces points devient vite contraignante, notamment lors des affrontements contre des boss où la nécessité de conserver des ressources pour les actions de soins ou de défense réduit considérablement la marge de manœuvre tactique. Cela brise le rythme du jeu, rendant les combats plus frustrants que gratifiants, particulièrement lorsqu’une attaque ratée peut déstabiliser une stratégie élaborée.
En résumé, Beyond Galaxyland propose un concept séduisant mais inabouti, souffrant de plusieurs problèmes structurels qui nuisent à son potentiel. L’expérience se veut un hommage à l’âge d’or des RPG spatiaux, mais se heurte à des choix de conception qui l’empêchent de pleinement s’épanouir.
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