Batora: Lost Haven, dernier jeu du studio Stormind Games, connu pour les deux opus de la série Remothered (Tormented Fathers et Broken Porcelain), est disponible depuis le 6 avril 2023 sur consoles, après une sortie passée relativement inaperçue sur PC.
Malgré la valeur reconnue des deux titres précédents, il est indéniable que l’arrivée de leur nouveau jeu sur d’autres plateformes s’est également amorcée dans un silence médiatique total… et c’est scandaleux.
Editeur(s)
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Team17 |
Sortie France
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20 oct. 2022
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PEGI
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+12 ans
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Liens | Site Officiel |
Support de test | Nintendo Switch |
Thanos présente…
Dans Batora: Lost Haven, vous incarnez Avril, une jeune fille vivant dans un futur où la moitié de la population a été décimée par un étrange cataclysme. Tentant de survivre comme elle le peut à Londres au sein d’une communauté, elle se met à rêver que deux Dieux ancestraux lui demandent de les rejoindre.
N’écoutant que son courage,elle décide de braver les interdits et de les retrouver
au cours d’un prologue qui vous plonge facilement dans cette intrigue captivante. Et je vais faire une pause ici pour parler de la narration.
Batora: Lost Haven est un exemple du genre. Sa structure est terriblement banale, voire minimaliste, mais c’est précisément cette simplicité dans l’art de raconter une histoire qui fait sa force.
Tout commence par une cinématique, suivie d’une session de jeu dénuée d’ennemis qui permet de visiter la ville, de découvrir ses décors et quelques descriptions ; le tout expliqué de manière immersive à travers les dialogues des personnages. Voilà.
C’est simple, sobre et incroyablement efficace. En quelques minutes seulement, toutes les bases nécessaires à une bonne histoire sont posées : l’intrigue, la mise en contexte et les événements ayant conduit à ce point précis. Nul besoin de mises en abyme, de flashbacks ou de mises en scène complexes. Batora: Lost Haven ne prend pas son joueur pour un idiot et n’essaie jamais de compliquer volontairement son propos. Tout est clair.
Avril rencontre donc les fameux Dieux : Soleil et Lune, qui lui octroient leurs pouvoirs respectifs et la guident dans une quête aux confins de l’univers, afin que cette jeune Élue puisse sauver les planètes ayant succombé au même mal que la Terre.
Et encore une fois, des félicitations s’imposent, car au lieu de vous perdre avec un gameplay inutilement complexe, Batora: Lost Haven démarque de nouveau son propos lors d’une phase de tutoriel libre et sans conséquences.
Les deux Dieux vont ainsi vous donner toutes les clés pour une bonne compréhension, tout en vous laissant prendre en main les subtilités du
gameplay avec des vagues d’ennemis dans une simulation de combat.
Vient alors l’exploration de la première planète, qui permet, une fois n’est pas coutume, de vous proposer plus de détails concernant l’intrigue tout en servant de didacticiel.
Vous apprendrez ainsi à vous battre selon deux formes distinctes, tout en découvrant le principe de résistance et de faiblesse des ennemis, la manière d’améliorer vos équipements et votre niveau… En bref, tout ce qu’il vous faut pour maîtriser à la perfection le jeu, via une courbe évolutive simple et parfaitement compréhensible.
Il est rare de tomber sur une production vidéoludique réussissant l’exploit de ne pas se perdre dans les circonvolutions de ses explications, de se mettre à la place d’un joueur n’ayant peu ou prou aucune connaissance de l’univers qu’elle tente de lui faire apprécier. Je ne peux qu’être admiratif.
Mais qu’est donc Batora: Lost Haven ?
Si, de prime abord, le titre présente la majorité des caractéristiques inhérentes aux hack’n’slash, vous comprenez rapidement qu’il n’en est rien. Certes, la caméra isométrique et la prise en main donnent cet arrière-goût de Diablo-like ; mais ce sont bien les seuls points communs que vous pouvez trouver avec la célèbre franchise de Blizzard.
Dans le jeu, vous prenez le contrôle d’Avril. Cette dernière peut, à tout moment, via une simple pression sur le bouton A, adopter l’une des deux formes à sa disposition. Soleil la transforme en guerrière disposant d’une énorme épée enflammée, Lune en magicienne ténébreuse capable d’inonder ses adversaires à distance sous des torrents de projectiles.
Vos adversaires, quant à eux, disposent également d’un type défini représenté à la fois par leur couleur, mais également par un cercle sous eux. Ce dernier vous permet simplement et rapidement de voir leur sensibilité : s’il est jaune, ils sont sensibles aux dégâts de la forme Soleil, mais s’il est violet, c’est Lune qu’il faut utiliser.
Avril dispose également, quelle que soit sa forme, d’un dash, afin de se positionner ou d’esquiver. Et même ce dernier a été pensé pour correspondre à la forme qu’elle adopte : en guerrière, elle effectue une roulade ; en magicienne, elle se téléporte.
Bien que l’utilité soit strictement la même, le fait que les développeurs aient pensé à offrir des subtilités d’animation à cette simple fonctionnalité est réellement un gros plus que je ne pouvais décemment passer sous silence.
Enfin, sachez qu’en combinant les touches de mouvement et d’attaque, vous pouvez effectuer de nouvelles combinaisons. De même, laisser enfoncer l’attaque principale charge un boost de puissance qui nécessite une activation pour lancer un assaut dévastateur.
Vous l’aurez compris : Batora offre ce qu’il y a de plus simple en termes de prise
en main, sans pour autant céder à la facilité. Car s’il est assez aisé de comprendre le jeu, en maîtriser les arcanes peut s’avérer particulièrement ardu.
En cause, une héroïne très fragile disposant de deux barres de vie distinctes (une par forme). Ainsi, si Lune perd toute sa vie, vous ne pourrez tout simplement plus l’activer… Et de fait, les ennemis spécifiquement sensibles à cette dernière deviennent… immortels.
Par chance, il est possible de changer cette règle via les options. Les différents « modes de difficulté », en effet, se concentrent avant tout sur ce point précis : le plus bas permet de faire des dégâts maximaux quelle que soit la forme adoptée, l’intermédiaire joue subtilement sur les sensibilités (en offrant une résistance aux ennemis de leur type contraire). Enfin, le mode de difficulté maximale est tel que décrit ci-dessus.
Libre à vous, donc, d’adapter ce dernier à votre style ou vos talents. Une grande liberté qui permettra sans nul doute au plus grand nombre de s’essayer au titre.
Une direction artistique de folie
Comment parler de Batora: Lost Haven sans évoquer sa direction artistique ? Que ce soit en termes d’artworks ou simplement de design, le jeu est réellement superbe.
L’ensemble des dessins adopte un style se rapprochant du comics, donnant un cachet unique au titre. De plus, de réelles idées visuelles très originales viennent
parfaire le tout, comme l’aspect des différentes races extraterrestres que vous allez rencontrer tout au long de votre épopée, ou simplement les designs particulièrement réussis de votre héroïne, quelle que soit sa forme.
Côté level design, Batora pèche quelque peu à vouloir en faire trop. Malgré des niveaux assez grands, ces derniers sont malheureusement bien vides (outre quelques très rares coffres et les habituels ennemis). De même, le découpage de ces derniers se fait au prisme d’une exploration fastidieuse et inutile ; le titre étant finalement très dirigiste et n’offrant que très peu de chemins de traverse.
Il est, de fait, assez courant de tourner en rond en cherchant son objectif, sans rien avoir à faire d’autre que revoir les mêmes décors. Très loin d’avoir une action effrénée, le titre perd en rythme, et c’est bien là l’un de ses seuls défauts majeurs.
Techniquement, l’optimisation sur Switch est tout bonnement incroyable. Le jeu ne souffre d’aucun lag, reste beau en toutes circonstances sans jamais sacrifier sa fluidité ni ses graphismes.
Certes, ce n’est pas The Witcher 3 et Batora demande bien moins de ressources… Mais le titre semble avoir été conçu et pensé pour l’hybride de Nintendo. D’autant plus que l’aspect portable de la Switch est parfaitement adapté à ce genre de productions.
Mention spéciale aux effets visuels, notamment de transformation, qui déchaînent un déluge de lumière vraiment impactant.
Intégralement doublé en anglais (et de très bonne manière) et disposant de sous-titres français également bien écrits, Batora est clairement un must-have pour tous les amateurs.