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Sorti en mars 2021, Balan Wonderworld est l’œuvre conjointe de deux légendes de l’industrie du jeu vidéo : Yuji Naka et Naoto Ohshima, les créateurs de Sonic. Développé par Balan Company et édité par Square Enix, ce jeu de plateforme 3D se présente comme une expérience magique et théâtrale, promettant d’immerger les joueurs dans un univers où chaque monde est une scène et chaque costume une performance. Malheureusement, derrière cette promesse scintillante se cache une exécution décevante, particulièrement sur la version Nintendo Switch, où les défauts techniques et les choix de conception limités nuisent gravement à l’expérience.

Un scénario confus

L’histoire de Balan Wonderworld débute avec Leo Craig et Emma Cole, deux enfants qui, confrontés à des problèmes personnels, sont transportés dans le monde onirique de Wonderworld par le mystérieux maître de cérémonie, Balan. Le jeu se compose de douze chapitres, chacun représentant un monde inspiré par les préoccupations ou les regrets d’un personnage rencontré en chemin. L’objectif est de parcourir ces mondes, de collecter des statues de Balan, et de résoudre les conflits intérieurs des personnages, tout en combattant des ennemis et en surmontant des obstacles.

Malheureusement, malgré une prémisse intrigante, l’histoire se révèle être une collection de scénarios mal expliqués, à la narration confuse, et de personnages sous-développés. Les motivations des personnages secondaires ne sont que vaguement esquissées, et le lien entre leurs histoires et les niveaux que vous explorez est souvent flou. Par exemple, dans le premier chapitre, vous aidez un fermier hanté par un cyclone, mais la transition entre son problème et le monde que vous explorez reste inexplicable, laissant le joueur perplexe quant à l’objectif réel du jeu​. Quant à la conclusion, tout aussi incompréhensible, voit simplement le fermier, votre héros et toutes les créatures de ce niveau… se mettre à danser sans aucune raison ni logique.

Un système de costumes qui entrave le gameplay

Au cœur du gameplay de Balan Wonderworld se trouve son système de costumes. Chacun confère une capacité unique, comme un saut supplémentaire, la possibilité de marcher sur certaines surfaces ou d’effectuer des attaques spécifiques. En théorie, cela devrait ajouter de la profondeur et de la diversité au gameplay en vous obligeant à changer de costumes pour surmonter les défis de chaque niveau. Mais en pratique, ce système se révèle être l’une des plus grandes sources de frustration.

Premièrement, chaque costume n’accorde qu’une seule capacité, ce qui signifie que pour effectuer différentes actions (sauter, attaquer, etc.), vous devez constamment changer de costumes. Le problème est exacerbé par le fait que vous ne pouvez transporter que trois costumes à la fois, et en perdre un (en subissant des dégâts) vous oblige souvent à revenir en arrière pour le récupérer, ou pire, à rejouer entièrement des niveaux pour retrouver le costume nécessaire à la progression​.

Prenons un exemple concret : dans un niveau, vous obtenez un costume qui vous permet de flotter légèrement après un saut. Mais l’idée brillante de ce jeu, c’est qu’il est tout simplement impossible d’attaquer avec ce-dit costume (puisque la capacité qu’il vous donne est de flotter). Donc, si vous devez combattre un ennemi, vous devez changer de costume, perdant ainsi la capacité de flotter ! Si vous êtes touché pendant le changement de costume, vous perdez celui-ci et devez soit revenir en arrière, soit recommencer tout le processus de récupération, ce qui casse complètement le rythme du jeu et transforme ce qui devrait être un moment de découverte en une tâche fastidieuse.

Des performances techniques catastrophiques

Sur Switch, Balan Wonderworld souffre de graves lacunes techniques qui affectent directement l’expérience de jeu. Le jeu peine à maintenir un framerate stable, souvent en dessous de 15 FPS, rendant l’action saccadée et difficile à suivre. Chaque fois que des ennemis apparaissent ou que la caméra est déplacée rapidement, le framerate plonge, créant des ralentissements importants qui nuisent à la jouabilité​.

De plus, les graphismes, bien que colorés et artistiquement intéressants, sont mal optimisés pour la console de Nintendo. Les textures sont crénelées, les modèles manquent de détails, et l’absence d’antialiasing accentue encore la mauvaise qualité visuelle. Ces problèmes techniques sont particulièrement frustrants dans un jeu de plateforme, où la précision des sauts et des mouvements est cruciale pour une expérience agréable. Il arrive même que le jeu freeze brièvement lorsque des ennemis apparaissent ou lorsque vous changez de costume, ce qui peut entraîner une perte de contrôle de votre personnage et des morts injustes.

Des niveaux qui manquent de substance

Si l’esthétique de Balan Wonderworld peut parfois charmer par son côté onirique, les niveaux eux-mêmes manquent cruellement de variété et de challenge. Les mondes sont certes visuellement distincts, mais le gameplay se résume souvent à des allers-retours fastidieux pour collecter des statues de Balan, débloquer des costumes ou compléter des mini-jeux sans réel intérêt. Le design des niveaux est linéaire, avec peu d’incitations à l’exploration, et les obstacles ne sont pas suffisamment variés pour maintenir l’intérêt du joueur au-delà des premières heures​.

Les ennemis que vous rencontrez tout au long du jeu sont également décevants. La plupart peuvent être vaincus en un seul coup, soit par un saut sur la tête, soit par une attaque spéciale, et n’offrent que peu de résistance (si vous disposez des bons costumes, bien entendu). Les combats manquent de dynamisme et de satisfaction, d’autant plus que les ennemis réapparaissent souvent lorsque vous revenez en arrière dans un niveau, rendant le tout répétitif et fastidieux. Les boss, bien que plus intéressants que les ennemis de base, se résument souvent à des schémas d’attaque simples et répétitifs qui ne tirent pas pleinement parti des costumes ou des capacités du joueur​.

Une autre tentative de diversité dans Balan Wonderworld est l’introduction de mini-jeux appelés « Balan’s Bout ». Ces séquences de jeu se déclenchent lorsque vous trouvez un chapeau spécial dans un niveau et consistent en des jeux de rythme simples où vous devez appuyer sur un bouton au bon moment. Si ces mini-jeux peuvent être amusants les premières fois, ils deviennent rapidement répétitifs car les séquences se répètent inlassablement tout au long du jeu. Pire encore, leur récompense, qui consiste à doubler les gemmes collectées, ne justifie pas vraiment le temps investi, rendant ces mini-jeux plus ennuyeux qu’autre chose​

J’aime

J’aime moins

L

Une direction artistique colorée et imaginative

L

Une bande-son agréable et bien produite

K

Un système de costumes frustrant et limitatif

K

Des performances techniques catastrophiques

K

Un gameplay répétitif et peu engageant

K

Des mini-jeux ennuyeux et sans réelle récompense

K

Sans doute le dernier jeu de Yuji Naka