Sur Nintendo Switch, Astérix et Obélix : Baffez-les tous! 2 remet le couvert avec la formule déjà rodée du premier volet : un Beat’em All 2D, pur, classique, généreux, développé par les artisans français de Mr Nutz Studio. Après avoir ravi les amateurs de la BD culte grâce à un premier épisode aussi fun que fidèle, Microids et son équipe semblent cette fois avoir opté pour la voie du confort, en reprenant presque à l’identique la recette gagnante.
Toujours drapée dans l’esthétique d’Uderzo, l’aventure vous promet une virée rythmée entre Lutèce et Rome, entre mandales et envolées de sandales, portée par des dialogues en français et des doublages officiels, pour mieux enivrer les nostalgiques.
Mais à force de rejouer les mêmes partitions, la potion magique de l’enthousiasme commence-t-elle à s’évaporer ?
Quand l’enquête se noie sous une pluie de mandales
Astérix et Obélix : Baffez-les tous! 2 vous propulse dans une histoire originale, taillée sur mesure pour rester dans l’esprit authentique de la bande dessinée d’Uderzo. Cette fois, c’est Goudurix qui vient troubler la quiétude du village : son père, Océanonix, est accusé à tort du vol de l’Aquila de Lutetia, et risque une sentence des plus funestes.
Bien entendu, Astérix et Obélix reprennent la route, déterminés à laver l’honneur de leur ami… et à distribuer quelques centaines de baffes en chemin, comme le veut la tradition. Le ton est léger, la structure narrative fluide, et même si l’enquête en elle-même reste un prétexte, le voyage qu’elle impulse fonctionne à merveille.
Le jeu file à toute vitesse : environ trois heures suffisent pour plier l’aventure, sans artifice, sans remplissage. Aucun contenu secondaire à débloquer, aucune récompense cachée au détour d’une ruelle : l’essentiel est ailleurs. Le plaisir immédiat, celui de jouer en coopération locale, de rire ensemble, de savourer un enchaînement de coups dans un univers respecté et magnifiquement animé.
Tout au long des vingt niveaux, entre lieux emblématiques de la série et environnements créés pour l’occasion, l’esprit d’Astérix reste intact, porté par une écriture respectueuse, une animation précise, et un rythme qui ne faiblit jamais, même lorsque l’écho du premier volet se fait lourdement sentir.
Quand la baston régale, mais que le déjà-vu finit par lasser
Manette en main, Astérix et Obélix : Baffez-les tous! 2 déploie un plaisir immédiat, viscéral, brut. Chaque coup, chaque projection, chaque roulade de Romains semble calibré pour retrouver la jubilation simple du Beat’em All d’antan, magnifiée par des animations aussi fidèles qu’expressives.
Pourtant, dès les premières minutes, un parfum de déjà-vu saisit le joueur. Le moteur est strictement identique à celui du premier opus, l’ouverture du jeu rejoue presque plan pour plan l’attaque du village, et les nouveautés se comptent sur les doigts d’une main.
Quelques nouveaux ennemis, quelques améliorations discrètes du gameplay, et l’ajout d’une attaque ultime propre à chaque héros viennent enrichir la formule sans jamais la bouleverser. Certes, les attaques spéciales sont visuellement spectaculaires, mais en termes de dynamisme ou de stratégie, leur impact reste anecdotique.
L’absence totale de contenu à débloquer, la redondance rapide des affrontements, et l’extrême linéarité de la progression rappellent que Baffez-les tous! 2 reste un jeu d’arcade pur, pensé pour être dégusté d’une traite plutôt que pour être méthodiquement exploré.
Malgré tout, le mode multijoueur sauve l’ensemble de l’ennui : en coopératif local, la légèreté du gameplay devient un atout, une invitation permanente à rire, à échanger des baffes, à se chamailler pour une potion magique, comme dans la plus pure tradition gauloise.
Quand la BD prend vie sans jamais perdre une goutte d’encre
Visuellement, Astérix et Obélix : Baffez-les tous! 2 est un pur ravissement. Chaque plan, chaque animation, chaque arrêt sur image respire la bande dessinée d’Uderzo, avec une telle fidélité qu’il suffit d’un simple screenshot pour obtenir un tableau digne d’un album officiel.
Les scènes narratives sont animées avec soin, les dialogues bondissent dans des vignettes pleines de couleurs, et la patte graphique ne souffre d’aucune trahison : tout ici est respect, amour du détail et passion pour l’œuvre originale. Même en plein chaos, lorsque les Romains valsent par dizaines, les sandales retombant en pluie légère, l’ensemble conserve une lisibilité exemplaire et une énergie communicative.
Le jeu est entièrement doublé en français, avec les voix officielles de Jean-Claude Donda et Guillaume Briat, dont l’implication sincère renforce encore l’attachement immédiat au duo de héros. Les dialogues sont pleins de malice, et même si l’histoire reste simple, l’interprétation lui donne un ton chaleureux, fidèle aux racines humoristiques de la série.
Techniquement, Baffez-les tous! 2 tourne sans aucun accroc sur Nintendo Switch. Pas de ralentissements, pas de lags, une fluidité constante même au cœur des mêlées les plus denses : un exploit pour un titre qui mise autant sur l’exubérance visuelle et la multiplication des animations à l’écran.
Dans ses meilleurs moments, Astérix et Obélix : Baffez-les tous! 2 donne l’impression de feuilleter un album vivant, éclatant de couleurs et d’insouciance.
Quand la potion magique manque d’un ingrédient essentiel
Si Astérix et Obélix : Baffez-les tous! 2 parvient à capturer l’essence visuelle et sonore de la bande dessinée avec brio, il trébuche sur des écueils structurels qui viennent ternir l’expérience globale.
La durée de vie, terriblement courte, peine à masquer son extrême brièveté par la seule magie du fun immédiat. Trois petites heures suffisent pour voir défiler l’ensemble des vingt niveaux, et une fois l’aventure bouclée, aucune rejouabilité n’est proposée, si ce n’est l’envie de refaire quelques parties en multijoueur pour le plaisir de la castagne.
Le titre souffre aussi de son manque flagrant de nouveautés. Si l’ajout des attaques ultimes offre un instant de bravoure graphique, leur faible impact stratégique ne suffit pas à renouveler profondément la dynamique des combats. Quant à la variété des ennemis, elle reste très limitée, renforçant ce sentiment de déjà-vu constant qui accompagne toute la progression.
Enfin, malgré sa stabilité technique exemplaire, Baffez-les tous! 2 n’échappe pas à quelques bugs frustrants, certes rares, mais d’autant plus visibles dans un jeu aussi court. Voir un ennemi se coincer dans un décor, forçant à recommencer tout un niveau, laisse un goût amer, difficilement excusable même si ces incidents restent sporadiques.
À trop vouloir rejouer la carte du premier succès sans oser bouleverser ses fondations, Astérix et Obélix : Baffez-les tous! 2 offre une aventure délicieuse mais éphémère, comme un banquet joyeux dont on sortirait un peu trop vite.
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